SNCF : Mise en concurrence, changement de statut, et grèves.. le cocktail (mortel?) de ce début d'année.

La SNCF prise dans les tourments de la réforme des retraites, avec à sa tête un tout nouveau PDG Jean-Pierre Farandou, va devoir affronter les rebroussants de celle votée en 2018 et qui avait déjà donné lieu à une grève.

Transcription dans notre droit de la directive européenne, elle ouvre le réseau ferré européen aux autres compagnies, met fin au statut de fonctionnaire pour les cheminots, etc.

Faire fonctionner la « nouvelle SNCF »

La SNCF devient au 1er janvier 2020 une société anonyme à capitaux publics, qui détient intégralement SNCF Réseau (les infrastructures, avec les gares) et SNCF Mobilités (les trains). Tandis que Guillaume Pepy cumulait la direction du groupe et de Mobilités, Jean-Pierre Farandou a théoriquement moins de pouvoir et doit composer avec les autres dirigeants.

Il doit en outre respecter l’indépendance de SNCF Réseau, pour ne pas désavantager les futurs concurrents de SNCF Mobilités. Un sacré défi, alors que la « nouvelle SNCF » est censée être plus intégrée.

Faire d’importantes économies

Contrepartie de la reprise de 35 milliards d’euros de la dette de SNCF Réseau (sur plus de 50 milliards à la mi-2019), le gouvernement exige de la SNCF qu’elle soit plus efficace et fasse de sérieuses économies pour réduire fortement un écart de compétitivité estimé à près de 30 % par rapport aux principaux concurrents. Le groupe va devoir être bien plus performant, et il n’est pas question qu’il s’endette (trop) à nouveau…

« Il y a quand même un plan d’austérité comme la boîte n’en a jamais connu », résume un haut responsable du groupe. Ça va être très difficile ! »

Préparer l’arrivée de la concurrence

Si le réseau ferré français est officiellement ouvert à la concurrence depuis le 3 décembre, les autres compagnies ne sont pas arrivés pas tout de suite.

L’entreprise publique doit cependant défendre ses positions sur les marchés conventionnés – Intercités et TER – dont les premières lignes vont faire l’objet d’appels d’offres. Compte tenu des procédures, les premiers « trains de la concurrence » ne devraient pas rouler avant 2021 ou 2022.

Quant aux trains non conventionnés – essentiellement les TGV –, ils seront ouverts à la concurrence en décembre 2020. Les compagnies italienne Trenitalia, espagnole Renfe et allemande FlixTrain ont déjà annoncé leur arrivée (sur ligne classique pour FlixTrain).

Poursuivre la rénovation du réseau

La SNCF va devoir poursuivre la rénovation de son réseau, en mettant l’accent sur la sécurité des opérations. Elle a pour ce faire l’appui de l’État, à condition que les financements publics suivent.

La compagnie devra aussi gérer l’épineux dossier des « petites lignes », longtemps délaissées et dont le piètre état exige de lourds investissements pour y maintenir une circulation ferroviaire.

Sauver le fret

Structurellement déficitaire et toujours en déclin, traînant une dette de plus de 4,5 milliards d’euros, l’activité Fret ferroviaire doit être recapitalisée et filialisée, mais une telle opération exige le feu vert de Bruxelles. Et si celui-ci est obtenu, la nouvelle entreprise devra faire des bénéfices, ou mourir.

Savoir parler aux clients

Si Guillaume Pepy part sur de bons résultats commerciaux, son successeur devra s’employer à arrondir les angles avec des clients parfois perdus. Guichets fermés, cartes de réduction à géométrie variable selon les régions, différences de tarification, mauvaises surprises sur le site oui.sncf, suppressions de trains, insuffisance de certaines dessertes, information des voyageurs… Les sujets de récrimination ne manquent pas, notamment de la part d’élus dépités et d’associations d’usagers très actives sur les réseaux sociaux.

La réforme du statut qui soutient le mouvement de grève contre celle des retraites

Alors que la SNCF comptait en 1938 plus d’un demi-million d’agents, elle n’emploie aujourd’hui plus que 142 000 personnes.

En 2015, plus de 90% des effectifs étaient employés au statut de cheminot.  La fin du statut de cheminot marque une révolution pour la SNCF, qui va devoir s’adapter à un environnement fait de concurrence, là où elle a toujours été seule.

Pour assurer sa compétitivité, l’opérateur historique, qui va, donc, devenir une « société anonyme à capitaux publics », doit apprendre à attirer les meilleurs employés, et à les garder.

On vous dévoile le nouveau « package social » qui attendra les futurs embauchés de la SNCF. Différentes pistes sont avancées:

– De plus hautes rémunérations dans les régions où la vie est plus chère(les zones frontalières de la Suisse ou du Luxembourg notamment)

– Une grille de salaires assouplie

– Plus de polyvalence : la SNCF voudrait ramener le nombre de métiers à une centaine, alors qu’il en existe plus de 500 actuellement. A la clé, plus de productivité.

– Un accès à la mutuelle complémentaire pour les cheminots sous statut, et la possibilité pour les contractuels d’accéder aux consultations médicales gratuites de la SNCF.

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