Bon ou mauvais, mon pays !

Bon ou mauvais, mon pays !

Alors que la France se remet à peine du camouflet infligé par les Etats-Unis et l’Australie (bien aidés par nos voisins d’outre-Manche) et de la perte d’un contrat signé de plusieurs dizaines de milliards qui visait à fournir des sous-marins à l’Australie, il est temps de jeter un œil aux réseaux sociaux.

La cohorte de spécialistes frappe encore !

Comme il est de coutume désormais, après la génération spontanée de virologues et d’épidémiologistes née avec le Covid, on a bien entendu observé une cohorte de spécialistes en contrat d’armement et en sous-marins qui nous affirmaient que c’était bien fait pour nous, que Macron avait été mauvais, que la France n’était plus respectée etc. etc.

Tous ces gens, qui se sont gaussés de la perte de 50 milliards pour notre pays en versant dans l’antimacronisme de base ont pourtant le même passeport que moi. Ils sont Français.

Alors si l’on peut comprendre que critiquer le gouvernement soit un sport national, que dénigrer le pays soit aussi quelque chose de très français, il y a une chose que nous, Francais de l’étranger, ne devons jamais oublier.

C’est que lorsque la France est attaquée, trahie par ses alliés, peu importe la raison : nous devons être capable de solidarité. Et si l’on n’en est pas capables, le mieux est de s’abstenir de poster sur les réseaux sociaux car au vu de l’état des commentaires émis par nos compatriotes, aucune puissance étrangère n’a intérêt à payer des trolls pour dire du mal de notre pays : nous le faisons gratuitement !

Trahison de nos alliés

Je suis le premier à maudire le gouvernement parfois, mais dans un cas comme cette trahison de nos alliés, j’ai aussi tendance à penser à tous ceux qui sont des acteurs de l’influence française et qui se heurtent à armes inégales aux anglo-saxons.

Je pense aux profs des Alliances Françaises qui jour après jour mettent en avant notre langue face au mastodonte du British Council et à de multiples acteurs anglo-saxons privés.

Je pense aux proviseurs des lycées français AEFE et MLF, en première ligne pour perpétuer un système scolaire original face à la déferlante des acteurs promouvant la langue de Shakespeare.

Je pense à moi, petit directeur de la petite French Arabian Business School, qui tente d’imposer notre excellence française en matière d’enseignement supérieur, et à tous ceux qui d’Abu Dhabi à Shanghai doivent contrer au quotidien les assauts de nos concurrents américains.

Je pense évidemment à tous les représentants économiques de notre petit pays, disséminés partout dans le monde, qui se battent contre l’hégémonie pour montrer le drapeau de temps en temps…

Oui, la France ne se limite pas à l’hexagone et à l’outre-mer. La défense des intérêts français face à une forme d’impérialisme culturel anglo-saxon est l’affaire des milliers de français, partout dans le monde.

Ces Français se sont pris une claque avec l’affaire des sous-marins, et lorsqu’ils consultent les réseaux sociaux, qu’ils lisent cette vague de dénigrement venant de leurs compatriotes, pensez-vous vraiment qu’ils se sentent encouragés ? Pensez-vous que la prof de français à Riyad, qui vient de convaincre une gamine saoudienne d’apprendre le français et de s’imprégner de notre culture est heureuse quand des sachants lui expliquent, confortablement derrière leurs écran, que son action ne sert à rien ? Qu’elle ne sait pas s’y prendre ?

Les anglais ont une expression, que je n’écrirais pas dans leur langue, qui dit « bon ou mauvais : mon pays ». C’est très clair : jamais il ne faut dénigrer son pays à l’étranger, même quand celui-ci se plante manifestement.

Sans aller jusque-là, un minimum de cohésion et de sentiment patriotique devrait tous nous animer quand notre pays se trouve ainsi déshonoré. Pensez aussi à ceux qui travaillent pour la France, partout dans le monde avant de poster n’importe quoi.

Arnaud Lacheret
Arnaud Lacheret

Arnaud Lacheret

Docteur en science politique, Associate Professor à l’Arabian Gulf University de Bahreïn où il dirige la French Arabian Business School, partenaire de l’Essec dans le Golfe. Il est l’auteur de « La femme est l’avenir du Golfe » paru aux éditions Le Bord de l’Eau. Il occupa des postes de conseil auprès des élus en mairie et à l’Assemblée nationale.

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