Sénatoriales 2021 : le feuilleton de l'été ?

Sénatoriales 2021 : le feuilleton de l'été ?

A Gauche, à Droite ou au Centre, tout le microcosme politique des Français établis hors de France se prépare à un été chargé. Pour les nouveaux élus consulaires, les Grands électeurs convoqués pour les Sénatoriales qui se dérouleront à la rentrée, ou pour les candidats aux sièges du Palais du Luxembourg, les semaines estivales seront déterminantes.

elections sénatoriales expatriés

Effervescence chez LREM

Pour le parti présidentiel qui a échoué en 2017 à faire élire un sénateur parmi ceux représentant les Français de l’étranger, l’enjeu est primordial. Avec près de 100 Grands électeurs issus des élections consulaires, LREM doit encore démontrer le succès de son implantation locale hors de France.

Depuis des mois, les rumeurs s’enchainent et se démentent sur la personnalité qui mènera la liste du parti d’Emmanuel Macron. Pierre-Yves Le Borgn’, Anne Genetet, la liste s’allonge.. et se précise ? Ces derniers jours, les téléphones chauffent chez les élus consulaires LREM. En effet, le jeu des chaises musicales, que propose la direction du parti à ses nouveaux cadres, ne passe pas. Pas assez nouveau monde ? En tout cas, c’est leurs avis et ils le font savoir en s’interrogeant en interne sur la non-application des statuts du parti.

Question posée par une élue LREM

la députée Cazebonne au Sénat ?

Samantha Cazebonne
Samantha Cazebonne

Le mois dernier, c’est la députée Anne Genetet qui était pressentie pour mener la liste, début juillet c’est pourtant le nom de sa collègue à l’Assemblée nationale, Samantha Cazebonne, qui a été communiqué aux nouveaux élus LREM. Et ce transfert ne fait pas l’unanimité. Non tant pour la personnalité de la candidate dont tout le monde reconnait l’investissement et le professionnalisme, mais pour la méthode retenue pour choisir le/la candidat(e). En effet, les nouveaux élus, gargarisés par leur succès personnel du 30 mai 2021, ne semblent pas vouloir suivre la voie de leurs ainés et accepter les décisions parisiennes sans avoir droit au chapitre.

Question posée par un élu LREM

D’autres candidats à l’affût !

Si la probable nomination de Samantha Cazebonne à la tête de la liste LREM fait autant de remous, c’est qu’ils sont nombreux à s’estimer légitimes pour mener ce combat.

Sophie Lartilleux Suberville

Parmi les nouveaux élus, des candidatures commençaient à germer. En Europe, Éléonore Caroit, une jeune avocate qui mena, avec succès, la liste En Marche sur la circonscription de Genève – Suisse, espérait être sollicitée pour le haut de la liste. Tandis qu’aux USA, c’est un profil riche et dynamique qui aurait aimé s’investir un peu plus. Sophie Lartilleux Suberville, une brillante Française, est experte depuis des années de la communauté française sur la côte Ouest des USA. Elle fut la dirigeante pendant 8 ans de la French American Cultural Society, tout en s’impliquant bénévolement dans les organes de direction des Alliances françaises de la région de San Francisco et du Lycée Français de « The City by the Bay ». Réélue dans la circonscription, cette fois sous les couleurs LREM, elle se préparait à constituer une liste.

On le voit, les 100 grands électeurs affiliés à LREM sont donc au centre des appétits de nombreux acteurs de la communauté française… mais ils ne sont pas les seuls.

A Gauche, la désunion s’impose !

Au lendemain des élections consulaires, la Gauche était la grande gagnante et la seule force disposant d’une véritable dynamique. Nous l’avions vu, là où elle est unie, comme en Espagne, elle est largement victorieuse, avec plus de 30% des voix. Et pourtant, comme souvent en politique, la victoire annonce le temps des ruptures.

Alors que Ségolène Royal s’avançait comme la figure de proue pouvant réunir toutes les couleurs de la Gauche, EELV comme LFI ont rapidement réagi.

Pour La France Insoumise, une telle alliance parait impossible comme nous l’a indiqué sa responsable Florence Poznanski.

« Personne ne veut de Ségolène à LFI.« 

Florence Poznanski – responsable des Français établis hors de France pour la France Insoumise (LFI).

Pour Europe Ecologie Les Verts, la pilule semble aussi difficile à avaler même si on ne ferme pas totalement la porte à un tel montage.

« Aucun contact n’a été établi avec cette candidate déclarée.« 

Alexandre Château-Ducos – responsable des Français établis hors de France Pour Europe-Ecologie Les Verts (EELV).

La bonne nouvelle, pour l’ancienne candidate à la présidentielle, vient du côté de l’association Français du Monde, Mehdi Benlahcen, le N°2 de la liste de Ségolène Royal ayant été réélu Vice-président vendredi dernier au terme de l’Assemblée générale, malgré sa défaite au Portugal où il se représentait. Cette victoire peut laisser espérer au duo de voir une grande partie des 100 Grands électeurs de Français du Monde rejoindre ceux du PS afin de voter pour leur liste. La direction parisienne, à qui revient désormais la responsabilité de l’investiture suite à un désaccord au niveau de le fédération, devrait logiquement apporter son soutien à la mère des enfants de François Hollande, l’ancien Président de la République (PS).

Yan Chantrel, la candidature surprise

Yan Chantrel

Mais les bon résultats des listes Français du Monde, qui devancent celles du Parti socialiste, ont aussi donné des idées aux artisans de ces victoires. Et c’est le cas de Yan Chantrel qui à la tête de la liste « Rassemblement citoyen social, écologiste et solidaire : Défendre nos droits au Québec et dans les Provinces Atlantiques« , à Montréal, a remporté une des plus belles victoires de la Gauche réduisant le score de LREM à peau de chagrin. Il a donc décidé d’aller plus loin et a annoncé sa candidature pour le Sénat ce premier juillet 2021. Nous vous proposerons d’écouter sa vision et son programme dès la semaine prochaine dans un podcast audio.

Et du côté du PS, Laure Pallez, membre du bureau de la fédération, n’a toujours pas renoncé à se présenter. Elle dispose de nombreux soutiens dont Boris Faure, acteur influent de la communauté culturelle des expatriés et ancien président de la fédération socialiste des Français établis hors de France. Il y a donc potentiellement 3 listes issues de la mouvance socialiste.

EELV, une procédure en interne

Ches les écologistes, grands gagnants des élections consulaires, EELV pourrait discuter avec la liste de Ségolène Royal mais il faudra alors composer avec la procédure interne qui a été respectée par les cadres. Après une primaire, une liste a été élue par les militants pour les représenter aux élections sénatoriales. M. Chateau-Ducos a remporté celles-ci pour le collège homme tandis que Mélanie Vogel a remporté celles pour le Collège des femmes. Dans un soucis de rééquilibrage du groupe sénatorial, les écologistes ont décidé de confier la tête de liste à une femme. Mélanie Vogel et M. Chateau-Ducos, mèneront donc la liste EELV, sauf accord de dernière minute avec Ségolène Royal ou pourquoi pas avec une autre tendance de la Gauche des expatriés.

La Droite serre les rangs

Pour Les Républicains, après des rumeurs de dissidences, le sénateur Christophe-André Frassa, encore une fois, a réussi à réimposer son projet à la direction de la rue de Vaugirard. C’est donc avec Jacky Deromedi, élue en 2017, que le chef de la fédération des Français de l’Etranger se présentera aux suffrages des Grands électeurs.

Christophe-André Frassa

Avec moins d’élus qu’en 2014, Les Républicains devraient, cependant, au moins sauver un des sénateurs sortants. Pour une deuxième élue, il faudra s’assurer de la fidélité de tous les LR des conseils consulaires mais aussi convaincre les nombreux indépendants de Droite d’apporter leur confiance aux élus sortants du premier parti d’opposition métropolitain. Une position moins évidente qu’elle ne le parait car des indépendants qui se présentent à ces élections, il y en a et ils essayeront, eux aussi, de les convaincre.

L’Alliance solidaire en embuscade

Le premier de ces indépendants, c’est Jean-Pierre Bansard. A la tête de l’Alliance Solidaire des Français de l’Etranger (ASFE) et de ses élus, il va tenter de nouveau d’obtenir un siège… qu’il avait décroché en 2017 mais qu’il avait dû finalement céder à sa numéro 2 Évelyne Renaud-Garabedian. Son mouvement avait décidé que leur élue siègerait avec les Républicains.

Jean-Pierre Bansard
Jean-Pierre Bansard

Après 5 ans sur les même bancs, l’Alliance solidaire, a démontré l’utilité de faire entendre sa petite voix parmi les pontes Républicains. L’idée d’une présentation sur une liste commune avec Jacky Deromedi n’ayant pas aboutie, si l’élection, qui semble à la portée du businessman Jean-Pierre Bansard, se réalise, il y aurait, alors, peu de chance pour que le parti LR réalise son deuxième siège. Après une victoire surprise en 2017 avec deux sièges, il faudra compter sur lui.

Des indépendants en quête de voix

Dans le catalogue des indépendants, le choix est important. En plus de l’Alliance de Jean-Pierre Bansard, Olivier Cadic (Sénateur sortant UDI) pour la Droite et Marc Villard (Président de l’Assemblée des Français de l’Etranger) pour la Gauche proposent aussi d’autres alternatives aux Grands électeurs.

Olivier Cadic s’appuie sur Londres

olivier Cadic
Olivier Cadic

Le sénateur Cadic, s’il ne peut plus compter sur un vivier de voix UDI, il peut espérer que ses nombreux contacts, entretenus tout au long de son mandant, feront le choix de déposer son nom dans l’urne. A partir du Royaume-Uni, où il fut expatrié de nombreuses années, et en particulier de Londres où Nicolas Hatton a mené, avec succès, une liste qui exprimait clairement son soutien au sénateur « UN MONDE DE PROJETS, liste indépendante conduite par Nicolas HATTON, président de the3million, en soutien à Olivier CADIC, sénateur des Français établis hors de France« , Olivier Cadic va tenter l’exploit, en solo, de réunir les voix nécessaires à sa réélection.

Marc Villard, le centre gauche dans le viseur

Marc Villard
Marc Villard

Le dernier candidat que nous vous présentons, Marc Villard, est l’actuel Président de l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE). Elu en 2014 sur une liste Français du Monde au Vietnam comme Conseiller consulaire, il rejoint Emmanuel Macron en 2017. Déçu, comme de nombreuses personnalités de Gauche, il n’a pas concrétisé son adhésion à LREM. Marc Villard va donc composer avec sa fine connaissances des élus de 2014, réélus cette année. Il devra les convaincre de lui faire confiance comme ils l’ont fait à l’AFE. Et il tentera, aussi, de séduire les nouveaux élus consulaires de la gauche de LREM pour qu’ils lui accordent leurs voix. La procédure de nomination des candidats du parti présidentiel, si décriée comme nous l’avons plus haut dans cet article, peut l’aider dans cette quête.

9 listes pour 6 sièges

A ce jour, on peut donc raisonnablement estimer que près d’une dizaine de listes vont se présenter devant les Grands électeurs.

Ici, pas de risque d’abstention, le vote est obligatoire, mais avec un si grand nombre de candidats, le seuil de voix nécessaire pour être élu chute. Et quelle est la légitimité d’un sénateur élu par 40 ou 50 Grands électeurs et qui ne représenterait au final qu’une poignée de territoires (les circonscriptions consulaires) ?

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