Dans la dernière phrase de mon article précédent, je posais la question suivante au sujet de Donald Trump, ce dernier ayant épuisé tous ses recours réels ou imaginés : « Que lui reste-t-il ? Un coup d’état ? ».
Vingt-quatre heures plus tard, l’Amérique vient de traverser une épreuve sans précédent. Même pendant la guerre civile américaine, les troupes sécessionnistes n’avaient pu arriver aux portes du Capitole, haut lieu du pouvoir législatif américain. Pour certains Français, ces images n’étaient pas sans rappeler les émeutes fascistes devant l’Assemblée nationale de février 1934. Beaucoup de parallèles historiques peuvent être tracées, mais rien n’est au fond véritablement comparable à ce qui est arrivé à Washington le 6 janvier 2021.
Des manifestants envahissent le Capitole
Tout a commencé alors que le vice-président des États-Unis Mike Pence présidait la cérémonie officielle du décompte des voix du collège électoral présidentiel, et comme annoncé, des élus se sont opposés à la reconnaissance de certains résultats. Sachant que cette opposition n’était que du théâtre politique, d’aucuns s’inquiétait qu’en fin de journée, l’élection de Joe Biden serait officialisée.
À peine la chambre s’était-elle réunie pour discuter en séance plénière, que des hordes de manifestants pro-Trump, encouragés par le président lui-même lors d’un rallye, ont investi les lieux et rapidement désarçonné la police du Capitole des Etats-Unis. Pendant près de quatre heures, ils ont occupé les bureaux, les hémicycles parlementaire, détruit et saccagé l’équipement des médias et paradé avec des drapeaux trumpistes, extrémistes, suprématistes et sudistes sous le dôme du Capitole.
1 mort, des blessés et la démocratie ébranlée
Le bilan de la journée est lourd : un mort, des blessés, des scènes de guerre, des scènes de pillage, des bureaux dévastés et des images qui ont fait le tour du monde. Citant le nom de capitales d’états du tiers monde, certains journalistes se sont étonnés de voir des scènes qui ne sont censées de ne venir que de l’étranger : l’Amérique est traumatisée en son for intérieur.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. La plateforme Twitter a verrouillé le compte du président et effacé deux tweets où il assure toujours qu’il est la victime d’une élection truquée. Suivi par 88 million d’abonnés, le compte @realDonaldTrump, est le principal outil d’influence du président sortant des Etats-Unis d’Amérique, sans cet outil, et des médias complaisants, celui-ci est quasiment réduit au silence.
Encore 15 jours de présidence Trump ?
Si certains élus réclament l’application du 25e amendement, celui qui prévoit la destitution du président des Etats-Unis, d’autres réclament un nouvel impeachment et ce à moins de deux semaines de la fin officielle du mandat du président sortant, c’est dire la gravité ce qui est arrivé aujourd’hui à Washington.
Tout ceci a occulté une information politique et non des moindres : les deux sièges sénatoriaux de la Géorgie ont été remportés par des candidats démocrates. Résultat, le président Biden commencera son mandat avec une majorité dans les deux chambres. Que peut-il se passer en quatorze jours ? À la rédaction de cet billet, les deux chambres ont repris leurs débats et confirmeront ce soir l’élection du prochain président des Etats-Unis, Joe Biden.
Marc Albert Cormier
Elu consulaire à Toronto (Canada)
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