Le coronavirus va entraîner la pire récession de l’histoire de l’UE

Le coronavirus va entraîner la pire récession de l’histoire de l’UE

Les économies des États membres vont faire face à une baisse de 7,4 % cette année en raison de la crise sanitaire, responsable de la pire récession de l’histoire européenne, selon les prévisions de printemps de la Commission.

D’après les estimations de l’exécutif européen présentées mercredi 6 mai, le rendement de la zone euro chutera aussi de 7,7 % — mais une reprise économique importante devrait s’amorcer en 2021.

Lors de la dernière crise financière, le plus fort recul enregistré par l’UE s’élevait à 4,3 % en 2009, contre 4,4 % pour la zone euro.

Un premier document interne de la Commission consulté par Euractiv le 31 mars mettait déjà en garde contre une menace de récession profonde.

« Autant la profondeur de la récession que la rapidité de la relance seront asymétriques », a prévenu le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, mercredi.

Elles seront « conditionnées par la vitesse à laquelle les [mesures de] confinement sont levé [es], l’importance jouée par certains secteurs, comme le tourisme, dans chaque économie, et les ressources financières de chaque pays », a-t-il expliqué.

La Commission s’attend à une amélioration graduelle du rendement européen d’ici à la fin de l’année, à partir du moment où les États membres commenceront à surpasser la crise sanitaire et les mesures de confinement seront assouplies. La relance sera significative en 2021, avec un taux de croissance de 6,1 % pour l’UE et de 6,3 % pour la zone euro.

Mais Paolo Gentiloni précise que malgré des prévisions optimistes pour l’année prochaine, la zone euro ne parviendra pas à regagner tout le terrain perdu.

L’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas afficheront tous un taux de production au moins 2 % inférieur aux chiffres enregistrés fin 2019, avant l’arrivée du coronavirus.

La reprise pourrait toutefois être plus importante en 2021 si les États membres s’accordent sur des mesures de relance ambitieuses, selon le commissaire européen.

Les Pays-Bas sont justement l’un des pays européens les plus réticents à partager les frais du redressement économique : ils sont contre l’émission d’une dette commune (les « coronabonds ») et misent plutôt sur des prêts (au lieu de subventions) pour soutenir les États membres les plus touchés.

Paolo Gentiloni souligne que les prévisions n’ont pas été faciles à établir, et que de nombreux facteurs — comme une pandémie plus longue ou plus grave, la fragmentation du marché unique, des turbulences financières ou une nouvelle vague de protectionnisme — pourraient assombrir un peu plus les perspectives économiques.

Les prévisions de printemps reflètent l’effet dévastateur du virus, qui a découragé les investissements privés et les exportations de l’UE, a fait monter les niveaux de déficit et de la dette, et a augmenté le taux de chômage.

Le commissaire d’origine italienne explique que cette dernière répercussion a pu être atténuée grâce aux régimes de travail à court terme. C’est pour cette raison le marché du travail a été moins touché que l’économie, et que son ralentissement est moindre que dans d’autres pays, comme les États-Unis.

Le taux de chômage au sein de l’UE passera de 6,7 % à 9 % cette année, et redescendra lentement à 7,9 % en 2021.

D’après une ébauche de proposition consultée par Euractiv, les États membres fourniront jusqu’à 100 milliards d’euros de garanties pour créer un fonds temporaire de soutien aux travailleurs des pays durement touchés par le coronavirus, comme l’Italie et l’Espagne.

L’UE a mis en place une série d’instruments pour limiter l’impact économique de la pandémie, dont notamment un régime d’aides aux membres de la zone euro de 540 milliards d’euros financé par plusieurs institutions.

Le gros du montant, environ 240 milliards d’euros, a été levé au travers du Mécanisme européen de stabilité (MES).

Paolo Gentiloni n’est pas parvenu à recommander des prêts bonifiés dans le cadre du MES pour l’Italie et l’Espagne, les deux États membres les plus touchés par la pandémie.

Mais il affirme que le fonds de sauvetage de la zone euro représente un moyen pour les pays confrontés à des taux d’intérêt plus élevés de financer leur dette sur les marchés, compte tenu des meilleures conditions qu’offre le mécanisme.

Dans ses prévisions, la Commission a rappelé la possibilité d’une relance asymétrique, qui dépend des finances publiques dont disposent les États membres pour soutenir leurs entreprises et leurs ménages.

L’exécutif européen prévient que ce facteur pourrait mener à « de graves distorsions au sein du marché unique » et accentuer les clivages économiques, financiers et sociaux entre les membres de la zone euro — ce qui, à terme, « pourrait menacer la stabilité de l’Union économique et monétaire ».

Afin de faire face à cette éventualité, explique Paolo Gentiloni, la Commission envisage actuellement d’élaborer un outil paneuropéen de soutien aux entreprises, qui permettrait d’injecter des capitaux propres. Cela constituerait « un bon outil pour contrebalancer les risques de déséquilibre » sur le marché interne, indique-t-il.

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