Comprendre la binationalité au Japon 

Comprendre la binationalité au Japon 

Depuis quelques jours, les origines de la nouvelle Miss Japon suscitent des polémiques sur l’archipel. En effet, l’élection de Carolina Shiino, une mannequin de 26 ans née Ukrainienne et naturalisée Japonaise aurait relancé le débat sur « ce que signifie être Japonais », comme l’explique la BBC. On le sait, malgré les engagements du gouvernement du Japon de multiplier par 6 l’immigration pour relancer la démographie, avec seulement 2% de la population issue de l’immigration, le pays du Soleil Levant est l’un des Etats les plus fermés au monde. Pourtant, parallèlement, il existe des cas de double nationalité parfois heureuses, comme pour Maholo Terajima, premier acteur binational de l’histoire du kabuki, mais aussi malheureuses, comme avec les enfants de Vincent Fichot.

Pour comprendre cette controverse, et en apprendre plus sur la binationalité, nous avons interrogé Monsieur François Roussel, élu Conseiller des Français de l’étranger au Japon depuis octobre 2018. Au plus proche de nos plus de 10.000 compatriotes installés sur place (NDLR : il fut l’un des cofondateurs de l’OLES Japon dont il a été Vice-Président durant 5 ans), il dut traiter de nombreuses questions sur le sujet de la double nationalité, notamment de la part de familles Franco-japonaises. Lui-même, père d’enfants Franco-japonais, et aussi l’un des coauteurs du livre « Regard sur le mariage franco-japonais » (maintenant disponible sous format numériqueFrançois Roussel partage avec nous des informations glanées au fil des ans, souvent issues de sources juridiques sûres quoique méconnues. 

Ecoutez le podcast avec François Roussel

Divorce au pays du Soleil Levant
François Roussel, Conseiller des Français de l’étranger au Japon

« Le Japon fait partie des pays où il est possible de perdre sa nationalité »

Dans ce podcast, François Roussel nous rappelle que le problème de la binationalité génère « beaucoup d’angoisses et de stress quand on est Franco-japonais ». En effet, le Japon fait partie des pays où il est possible de perdre sa nationalité. Comme il nous le précise, toutefois, « au Japon, la loi sur la nationalité prévoit deux cas totalement différents ». Il évoque les différentes situations et leurs conséquences dans le podcast.

Car la législation se montre, comme il le dit au cours de l’interview, « extrêmement sévère ». Par exemple, « un Japonais qui acquiert volontairement une autre nationalité perd automatiquement sa nationalité japonaise à l’instant où il prend l’autre nationalité ». L’élu nous explique les situations qui peuvent justifier ce choix. Il évoque aussi les actions en justice qui ont été introduites pour essayer de modifier ces dispositions législatives.

« Le choix de nationalité », une simple déclaration sans perte de droits

Au fil du podcast, François Roussel s’exprime sur les perspectives d’évolution de cette situation. Celui-ci démontre aussi pourquoi les « relations commerciales entre le japon et l’étranger » pourraient être « boostées » par de tels changements. Le Conseiller des Français de l’étranger nous communique parallèlement les renseignements qu’il a pu obtenir auprès d’un juriste Japonais spécialisé en matière de binationalité. En effet, selon ses recherches, « la loi japonaise n’interdit pas la binationalité ». Elle « n’interdit pas aux gens de rester avec deux ou trois passeports toute leur vie »

François Roussel indique aussi pourquoi une opération appelée « choix de nationalité » a induit beaucoup de jeunes en erreur, laissant penser à « tous les enfants qui sont binationaux » qu’ils sont « obligés de faire un choix à la majorité ». Il explique à ce propos les subtilités « des devoirs non sanctionnables » au Pays du Soleil Levant. Dans les faits, ce qui serait obligatoire ne serait pas de « choisir l’une des deux nationalités » mais de « faire une déclaration de choix de nationalité ». Le Conseiller des Français de l’étranger au Japon éclaircit ces nuances en exposant que si on déclare qu’on « fait le choix de la nationalité japonaise, on n’est pas du tout sanctionné si on garde l’autre nationalité »

A contrario, une personne qui opterait pour la nationalité française, perdrait aussitôt la nationalité japonaise. Il rajoute que « la majorité des gens qui sont nés binationaux aujourd’hui, qui vivent au Japon et qui sont près d’un million ne font même pas cette procédure de choix de nationalité qui est censée être une obligation légale ». Il précise que « le fait qu’ils n’aient pas effectué cette procédure qui se fait à la mairie du choix de nationalité n’a aucune conséquence négative contre eux »

En conclusion de ce podcast, si vous souhaitez obtenir plus de précisions sur ce thème, vous pouvez consulter ci-dessous la documentation partagée par Monsieur François Roussel, intitulée « Personnes « nées binationales » (et assimilées) : comment (bien) lire la loi japonaise sur la nationalité ».

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire