Evelyne Renaud-Garabedian : fer de lance des Français de l’étranger ?

Evelyne Renaud-Garabedian : fer de lance des Français de l’étranger ?

Aujourd’hui, nous recevons Evelyne Renaud-Garabedian, Présidente de l’ASFE, l’Alliance Solidaire des Français de l’Etranger. Sénatrice représentant les Français établis hors de France depuis 2017, celle-ci a été renouvelée en 2023. A ce titre, elle nous en dit plus sur l’ASFE et son action auprès des expatriés français. Elle aborde aussi avec nous des sujets d’actualité tels que la loi immigration ou le vote du budget 2024.

Ecouter le podcast avec Evelyne Renaud-Garabedian

L’ASFE constitue le premier parti des Français de l’Etranger

Avec 3 sénateurs dans ses rangs, soit le quart des 12 actuellement en exercice, pour Évelyne Renaud-Garabedian, force est de constater que l’ASFE constitue « le premier parti des Français de l’Etranger ». L’adhésion des élus consulaires rencontrée par celui-ci lors des dernières élections Sénatoriales est d’ailleurs révélatrice. Pour la Présidente, l’ASFE qui œuvre pour les Français de l’étranger depuis bientôt 10 ans a su cristalliser la confiance des conseillers des Français de l’étranger. Elle indique que ceux-ci « connaissent l’accompagnement qui leur est proposé de manière journalière sur tous les sujets qu’ils peuvent adresser et sur lesquels il leur est répondu ». Cette dernière rajoute qu’« ils connaissent la rapidité, la compétence et la teneur du travail qui est accompli au sein de cette structure qui n’a de cesse de s’améliorer régulièrement sur les thèmes sur lesquels l’ASFE travaille ».  Le groupe comprend aussi Jean-Luc Ruelle, Conseiller des Français de l’Etranger en Côte d’Ivoire qui est donc aussi représentant de la circonscription de l’Afrique de l’Ouest à l’AFE. La Sénatrice rappelle que « l’ASFE n’étant pas un parti national, celui-ci n’a pas pour objet de s’impliquer dans la politique ». Les intentions de votes lors des élections restent par conséquent hors de ses considérations. La richesse de l’Alliance est d’ailleurs « la présence de conseillers de tous bords politiques, ce qui lui permet d’avoir des perspectives variées sur divers sujets et de pouvoir fournir un travail constant et de qualité ».

Évelyne Renaud-Garabedian
Evelyne Renaud-Garabedian

L’ASFE et Les Républicains

Parallèlement, Evelyne Renaud-Garabedian juge utile de préciser pourquoi elle-même, Jean-Luc Ruelle et Jean-Pierre Bansard, tous trois sénateurs de l’ASFE siègent ensemble chez les LR.  Pour eux, ce choix d’engagement résulte uniquement du fait qu’il s’agit du parti majoritaire au Sénat. D’ailleurs, ces derniers n’étant qu’attachés administratifs, cela leur confère une certaine liberté quant à leurs initiatives de vote. De cette situation résulte qu’ils n’ont « aucune obligation de suivre les votes ». Cela leur permet aussi « d’avoir des temps de parole très importants et de pouvoir présenter des propositions de lois beaucoup plus facilement que s’ils étaient non-inscrits ». Ils peuvent ainsi « participer à des groupes de travail » et ont « beaucoup plus de visibilité en étant rattachés à un groupe majoritaire ». En conséquence, ils peuvent « beaucoup plus intervenir pour l’aide des Français de l’étranger ». L’élue rappelle encore une fois qu’« ils ne font pas de politique et qu’ils ne participent pas aux réunions politiques chez les LR ».

Entreprises, Femmes, Résidence de repli, etc.

La Présidente de l’ASFE évoque par ailleurs les dossiers pour les Français de l’étranger qui lui semblent à l’heure actuelle les plus importants. Tout d’abord le sujet des entrepreneurs Français à l’étranger est pour elle « un sujet très important pour beaucoup de Français qui vivent à l’étranger qui est aussi essentiel pour notre commerce extérieur ». Celle-ci indique « arriver peu à peu à faire accepter par le gouvernement l’importance que représente l’outil fabuleux des Français qui vivent à l’étranger pour le commerce extérieur ». Ceux-ci connaissent en effet « le tissu local et les entreprises puis sont aussi présents sur place »

Les autres sujets qui lui semblent essentiels sont « le réseau d’entraide professionnelle des femmes, les mandats et la protection des élus, ainsi que le point important de la résidence principale, résidence de repli, résidence d’attache avec le vote qu’il y a eu sur un amendement qui a été présenté par le gouvernement ». Celui-ci concerne « la résidence de repli pour les français qui vivent dans des zones à catastrophes naturelles ou à problèmes politiques, qui sont obligés de rentrer pour des raisons précises en France qui bénéficieront de la résidence de repli, c’est-à-dire de ne pas payer la taxe d’habitation l’année spécifique de leur retour en France ». Pour l’élue, « ce n’est pas encore suffisant, mais c’est déjà d’importance vitale ». Cela permet d’ores et déjà « d’avoir un texte ». Elle rajoute qu’elle et son groupe vont « continuer à travailler dessus pour l’améliorer ». Le gouvernement est « d’ailleurs d’accord »

De plus, cet amendement est exactement le même que cette dernière avait déposé au Sénat. S’il y a un sujet pour lequel la Présidente de l’ASFE souhaite poursuivre son travail, c’est « le retour en France parce qu’on a pu remarquer qu’il y a beaucoup de gens qui veulent rentrer en France ». Se pose également « le problème du programme des jeunes pour l’immersion de la jeunesse ainsi que celui de la Francophonie qui est un sujet  traité par Jean-Luc Ruelle. En même temps qu’il travaille sur la partie Afrique, celui-ci œuvre également beaucoup pour la Francophonie »

Evelyne Renaud-Garabedian nous rappelle ensuite son combat régulier contre les violences conjugales. Elle précise que la semaine dernière, elle a « dans le PLF déposé un amendement pour une aide pour les femmes Françaises vivant à l’étranger victimes de violences conjugales qui ont des difficultés pour rentrer en France ». Celle-ci a « eu une discussion avec la Ministre des Affaires étrangères » à laquelle elle a exprimé le « besoin d’un budget pour rapatrier ces femmes parce qu’il y a une aide universelle qui a été mise en place par le gouvernement mais seulement pour les femmes en France ».

La Présidente de l’ASFE a « demandé à la Ministre s’il pouvait y avoir un transfert de cette aide universelle pour permettre de rapatrier les femmes Françaises victimes de violences conjugales de l’étranger en France ». Malheureusement, sa requête a été rejetée.

Du fait de ses fonctions, la Sénatrice est également en rapport régulier avec d’autres Sénateurs des Français de l’étranger ainsi que d’autres Sénateurs élus en France. Celle-ci a régulièrement des discussions « avec certains sénateurs qui sont socialistes, d’autres centristes et puis également avec certains députés des Français de l’étranger ». Elle rappelle qu’il y a « 12 sénateurs des Français de l’étranger et 11 députés des Français de l’étranger », tout en précisant qu’« il n’y a pas une osmose extraordinaire entre eux ».

Elle trouve toutefois nécessaire de sensibiliser les Sénateurs sur la situation des Français de l’étranger. Ceux-ci commencent d’ailleurs à la questionner sur ce point, ce qui lui donne un ressenti positif sur le travail qu’elle a accompli.

“ Il ne faut pas critiquer tout le travail effectué par le gouvernement ”

Au-delà de ces sujets, Evelyne Renaud-Garabedian indique qu’elle et les deux autres Sénateurs de l’ASFE ont voté pour la loi immigration, projet qui a longuement été rediscuté et controversé. L’élue considère que « la majorité sénatoriale avait réussi à forger un texte qui était commun avec le gouvernement sur des mesures telles que l’examen au cas par cas de la régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension, ou encore l’instauration de quotas migratoires sur l’ensemble des titres de séjour »

Pour elle, « ce dernier point va d’ailleurs dans le sens du rapport Hermelin ». Pour rappel, Paul Hermelin, Président de Capgemini, s’est vu confier par les Ministres Catherine Colonna et Gerald Darmanin une mission d’évaluation pour une amélioration de la délivrance des visas. La Présidente de l’ASFE rajoute que « ce rapport a été commenté par Pauline Carmona, la nouvelle directrice des Français de l’étranger » dont elle salue « la compétence et qui est très proche des Français de l’étranger ». Ensemble, elles ont d’ailleurs « pu discuter de ce rapport » qu’elle « soumet à la lecture de beaucoup de personnes parce qu’il est particulièrement intéressant, notamment pour améliorer la politique et le dispositif de délivrance des visas qui représente une grosse difficulté ». A ce titre, elle indique que « Pauline Carmona et le gouvernement sont en train de mettre en place un visa d’attractivité de la France ». Il s’agirait d’un « visa pour des métiers attractifs, pour des artistes, pour des professions particulières ». Évelyne Renaud-Garabedian, Jean-Luc Ruelle et Jean-Pierre Bansard travaillent d’ailleurs actuellement sur ce projet avec Pauline Carmona. 

Pour poursuivre sur la loi immigration, concernant la Commission paritaire, la Présidente de l’ASFE rajoute qu’« après l’adoption de la motion de rejet qui a été décidée à l’Assemblée nationale, le gouvernement a annoncé qu’il était d’accord pour voter le texte du Sénat hormis les dispositions qui concernent l’AMU ». De plus, « le Président de la République a annoncé que si la CMP n’était pas conclusive il procèderait au retrait du texte ». La Sénatrice espère donc qu’il y aura un accord. Pour elle, un texte serait nécessaire.

Budget 2024

L’élue livre ensuite son analyse sur les hausses annoncées par le gouvernement pour le budget 2024 à propos des programmes 151 et 185 liés aux Français de l’étranger. Tout d’abord, « le programme 151 des Français de l’étranger pour les affaires consulaires a augmenté de 24 millions d’euros. Certains postes de dépenses ont donc vu leurs crédits augmenter. L’Assemblée des Français de l’étranger voit d’ailleurs ses indemnités augmenter ». De son point de vue, « le travail qui a été fait par Olivier Becht, jusqu’à maintenant n’avait pas été fait dans ces conditions-là ». Toutefois, même s’il a « réussi à augmenter un peu les rémunérations », elle tient à rappeler qu’il s’agit « des seuls élus de la république qui n’ont pas une indemnité propre à leur activité ». De plus, « on a également en sus de la modernisation de l’administration consulaire pour le déploiement de la France consulaire et la poursuite de la dématérialisation de l’état civil qui est vitale pour les Français de l’étranger, l’aide à la scolarité avec une augmentation qui est significative, des crédits qui sont alloués aux bourses scolaires de près de 15 millions d’euros »

Pour la Sénatrice, « on ne sait pas du tout si cela va être suffisant pour couvrir l’augmentation des écolages qui sont dus à l’inflation ». Elle exprime néanmoins sa déception quant à certains points. Celle-ci aurait en effet espéré « avoir un peu de moyens humains additionnels qui auraient pu être alloués aux réseaux consulaires »

Ensuite, concernant le programme 185, l’élue relève que celui-ci « a quand même augmenté de 50 millions, ce qui représente tout de même une augmentation de 5,7%  ». Pour cette dernière, « le budget 2024 consolide les moyens de la diplomatie d’influence. Il permet de renforcer l’attractivité de la France dans des domaines culturels, scientifiques et universitaires ». La Présidente de l’ASFE note qu’il y a eu « plus cette année que les autres années ». De son point de vue, il ne faut donc « pas critiquer tout le travail effectué par le gouvernement »

Evelyne Renaud-Garabedian se réjouit du fait qu’« il y a des choses qui sont positives ». Elle garde espoir qu’à force de persévérance, la situation des Français de l’étranger va s’améliorer progressivement. Même s’il ne faut pas s’attendre à une révolution immédiate, elle pense qu’« il faut essayer de se mettre tous ensemble » pour assembler « petit à petit des pièces complémentaires pour améliorer leur situation à l’étranger ».

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