Le gouvernement a annoncé via le Ministre des affaires étrangères jeudi 30 avril un plan de soutien massif aux Français de l’étranger que nous avons, même, qualifié d’historique avec 240 millions d’euros débloqués.
Après un week-end studieux où les élus de tout bord ont décortiqué le texte proposé, des voix commencent à s’élever à travers le monde. En effet, de nombreuses modalités du plan restent obscures tandis que la proposition d’avance de trésorerie pour les établissements scolaires revient à créer une dette colossale qui devra être remboursée par les parents des futurs élèves.
Un endettement caché des familles ?
les 100 millions d’avance de France Trésor à destination de l’AEFE, soulèvent un certain nombre de questions qu’ont relevé, en premier, les élus du Groupe Français du monde, écologie et solidarité, à l’Assemblée des Français de l’Etranger (PS).
En effet, le gouvernement parle d’aide, mais en terme comptable, c’est une créance consentie à l’Agence de l’Enseignement Français à l’Etranger ou aux autres établissements indépendants et homologués par le Ministère de l’Education Nationale.
Des questions légitimes apparaissent. Qui va rembourser cette dette ? Quelles garanties auront les parents d’élèves de ne pas avoir à subir à moyen terme une augmentation des frais de scolarité ? En effet, il faudra bien rembourser.
Alors que les tarifs pratiqués par les établissement sont une source de discordes récurrente dans les différents pays. Les familles françaises, attachées à l’Education Nationale, devront-elles encore débourser plus pour mettre leurs enfants à l’école de la République ?
Pour exemple, en Tunisie, 1 300 familles se sont mobilisées sous le hashtag « #jeretardemonpaiement » pour obtenir une remise sur les frais de scolarité du troisième trimestre. Et les cas similaires sont nombreux. Est ce que le plan va pouvoir soulager ces familles en limitant ou annulant l’appel de fonds pour le troisième trimestre ? Elles n’auront pas toutes accès aux bourses d’exception qui sont mises en place. Là aussi, les modalités d’accès sont confuses. Paris avait annoncé que les dossiers pouvaient être remis jusqu’à la mi-mai, cependant certaines commissions d’ établissements se sont déjà réunies ou vont se réunir au cours de la semaine, quid des familles qui auront déposé leurs dossiers après la tenue des dites instances mais avant la date limite de dépôt indiquée par le ministère ?
Répartition des aides aux associations sociales
Nous allons augmenter de 50 millions d’euros les crédits dédiés aux aides sociales à disposition des ambassades et des consulats pour venir aider ceux de nos compatriotes qui sont les plus démunis face aux conséquences économiques et sociales de la crise. – Gérarld Darmanin dans l’interview exclusive donnée au site Lesfrancais.press – Lundi 4 mai 2020
Tout commence lundi dernier, quand les consulats annoncent la suppression du STAFE pour l’année 2020. Ce système a remplacé la réserve parlementaire depuis 2017 et son objet est de soutenir les associations locales françaises à travers le financement de différents projets.
Les conseils consulaires sont au coeur de ce dispositif, en tant que fins connaisseurs du tissu local. Ils effectuaient un premier tri dans les différentes propositions faites par les associations.
Cette annulation, non justifiée au départ, le fût avec le plan qui annonçait le transfert du crédit budgétaire aux OLES (organismes locaux et sociaux souvent sous statut associatif ).
Cependant le mystère reste entier sur les modalités de répartitions des fonds d’un pays à l’autre, mais aussi sur la désignation des associations ou des foyers qui pourraient recevoir ces fonds. Sous l’égide du sénateur Olivier Cadic (UDI), 72 conseillers consulaires ont, donc, cosigné l’appel de Marie-Christine Haritçalde et Nadine Pripp, toutes deux élues à l’Assemblée des Français de l’Etranger et membres de la Commission nationale consultative STAFE pour demander au ministre Jean-Yves Le Drian, de restaurer le dialogue sur ce sujet. (lire le COURRIER)
Pour certains, le risque est de voir les fonds mal attribués sans une réelle connaissance du terrain et des besoins locaux. Pour exemple, en Belgique, les 250 000 français ne sont pas tous expatriés fiscaux ou eurocrates, certaines familles sont touchées de plein de fouet par la crise… Cependant victime de son image, cette communauté ne semble pas être une priorité du gouvernement. Il apparait donc important de consulter tous les élus locaux, de prendre le temps de comprendre la nature des expatriations, souvent loin des clichés, afin d’apporter la solution la plus juste et veiller à la bonne utilisation de ces fonds publics.
Le plan, salué par tous, risque de tourner à l’usine à gaz, ralentissant la distribution du budget voir pire en les orientant vers des secteurs ou des établissements qui n’en auraient pas un extreme besoin au dépend des autres. Le chemin est encore long, et pourtant il doit être parcouru le plus rapidement possible, afin que le plan soit opérationnel au plus vite.
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