Cafouillages dans la mise en place des bourses scolaires d'exception

Si, il y a des responsables politiques qui restent zen en cette période de Covid-19, ce sont ceux en charge des Français de l’Etranger.  Que ce soit le Secrétaire d’Etat Olivier Dussopt ou Jean-Baptiste Lemoyne, ils affirment tous deux que la situation est sous contrôle pour les établissements scolaires français à l’Etranger.

 

Des situations disparates

Si il est vrai que les établissements situés à Berlin, à Hong-Kong où à Los Angeles, vont pouvoir surmonter la crise sans difficulté majeure, nombreux sont les établissements, situés dans des pays où l’activité des expatriés est liée au tourisme et aux métiers de bouche ou d’accueil, qui sont face à de réels problèmes de trésorerie.

Ainsi au début de la crise, les députés de la majorité appelaient de leurs voeux la création d’une cellule de crise pour identifier au plus vite les établissements nécessitant une prise en charge d’urgence. Volonté qui se concrétisait à travers les amendements de Mme Anne Genetet (Asie) et de Mme Samantha Cazebonne (Péninsule ibérique et ancienne proviseur du lycée de Madrid) au correctif de la loi budgétaire en cours d’élaboration. Mais depuis jeudi dernier et la commission paritaire des assemblées qui a exclu sous pression gouvernementale les amendements de leurs propres députées mais aussi la proposition de loi des sénateurs pour la mise en place d’un fonds de solidarité, les espoirs ont disparu comme neige au soleil.

 

La révolte des parents

Inédit, les parents se mobilisent pour contester cette gestion et s’inquiètent pour l’avenir des établissements mais aussi pour les parcours scolaires des enfants. Pour exemple, En Russie, la situation au lycée français Alexandre Dumas de Moscou est sur le point de devenir explosive. La raison ? Un questionnaire envoyé par l’association des parents d’élèves Apeng aux parents avec un objectif :

« vérifier les attendus pédagogiques et l’assiduité des professeurs », et ce en pleine période de confinement. Le questionnaire interroge sur les moyens à dispositions des parents pour l’enseignement à distance mais aussi sur les cours reçus, la charge de travail demandée, …. »

Cela a particulièrement agacé les professeurs du lycée qui ont indiqué dans un courrier leur protestation « unanime et solidaire » reprochant à l’Apeng et à sa présidente une pratique « moralement très douteuse […]contre-productive, instaurant un climat de défiance et de suspicion tout-à-fait délétère ». Le courrier parle même concernant ce questionnaire de la démonstration éclatante de « l’attitude consumériste qui est trop souvent l’apanage des parents d’élèves à l’égard de l’école ». Ce n’est pas peu dire que la situation risque d’être particulièrement tendu lors de la réouverture du lycée.

Et ce n’est pas le seul lycée ou des tensions liées à l’environnement financier et pédagogique apparaissent. A Madrid, à Hanoi, à Camberra, les collectifs de parents d’élèves se multiplient. Le groupe sur Facebook, Avenir des Lycées français du monde en danger, réunissant plus de 10 000 membres, appelle à ne pas régler la facture pour le troisième trimestre tant que des engagements sur la restitution des économies (cantine, nettoyage, gardiennage) et sur la pérennité financière de l’année 2021 n’auront pas été pris par l’AEFE et le gouvernement.

 

Le salut par les bourses ?

Aujourd’hui le seul moyen qui reste à la disposition des élus locaux pour soutenir les établissements et rassurer les parents, ce sont les bourses exceptionnelles accordées par l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE). Cependant, ces dites-bourses ne sont accompagnées d’aucun coup de pouce budgétaire, les conseils qui attribuent les aides vont donc devoir faire avec une enveloppe décidée avant la crise.

Autre limitation à l’action locale, c’est l’organisation des commissions…

Tout d’abord, chaque établissement a été libre de communiquer sur ces bourses. Aux Pays-Bas, c’est donc tous les parents d’élèves qui ont été alertés, à quelques kilomètres, à Bruxelles, ce sont uniquement les parents d’un élève déjà boursier qui ont été avertis. Rappelons que ces bourses sont ouvertes à tous, la situation de chaque foyer ayant pu changer avec les bouleversements économiques de cette année. C’est donc une première disparité à souligner dans les traitements de nos concitoyens.

Deuxième écueil, la date de ces commissions. En effet, les candidats boursiers ont jusqu’au 15 mai ou 22 mai (selon les établissements) pour remettre leur dossier. Mais les dates des commissions prévues dans le cadre normal du fonctionnement du troisième trimestre ont déjà été arrêtés, le plus souvent bien en amont de la clôture des candidatures. Et alors que les élus consulaires, de droite, de gauche mais aussi de la majorité, se sont mobilisés auprès de leurs consulats et établissements, l’organisation est restée inchangée (sic!). C’est ainsi, pour exemple, qu’à Lisbonne elle se réunira le 12 mai et qu’à Bruxelles dès le 6 mai.. Les recours seront donc nombreux et la situation continuera à se détériorer pendant ce laps de temps.

 

Une fois de plus, la question se pose, quelle est la place de la diplomatie d’influence et des Français de l’Etranger dans le plan gouvernemental post-covid ? L’avenir se jour au cours des semaines à venir et le gouvernement ne semble pas en être conscient. 

 

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