Retour sur l'élection de Meyer Habib comme député

Retour sur l'élection de Meyer Habib comme député

Il n’a pas que des amis. Mais il a aussi des amis. Moitié, moitié. Ou plutôt 50.4%/49.6%. Une poignée de voix qui sépare la victoire de la défaite. Il était même annoncé battu, tant dans le vote par internet l’écart était important en faveur de sa rivale. Deborah Abisror-de Lieme portait les couleurs du camp présidentiel dans la 8ème circonscription des Français de l’étranger, huit pays dont la Turquie, l’Italie, la Grèce et Israël. 

Jamais Meyer Habib n’avait été mis en danger à ce point depuis sa première candidature. Cette fois, il avait à peu près tout le monde contre lui : la gauche, le gouvernement, une partie de la droite, l’Ambassade, le Consulat, Le Monde, le Canard enchainé, Mediapart, les uns alimentant les autres. C’était peut-être un peu trop.

Une amitié qui lui a coûté cher

Que lui reproche-t-on ? D’être le porte-parole de Netanyahu à l’Assemblée nationale. Mais Netanyahu a mauvaise presse, de plus, il n’est plus Premier ministre. Beaucoup pensaient que c’était donc le moment de faire tomber celui qui à l’Assemblée était jugé sévèrement parce que trop marqué pour Israël, au point d’être traité par ses adversaires d’ « agent du Mossad ».  Il savait répondre aux « amis du Hamas et du Hezbollah », impitoyable avec les pro-palestiniens, intraitable sur l’antisémitisme et l’antisionisme, incollable sur les questions compliquées du Proche-Orient, notamment la lutte contre le terrorisme.  

Meyer Habib avec Benjamin Netanyahu ©The Jerusalem post 2019

Beaucoup d’ennemis, mais en Israël il est plébiscité : 83% contre 17% pour son adversaire. Entretemps, on lui a reproché d’organiser des cars pour faire voter les gens.

Une Consule qui prend parti ?

La Consule de France à Tel Aviv a écrit une note pour s’inquiéter de ces « pratiques dont la légalité pourrait être questionnable », et auxquelles Meyer Habib aurait pu avoir recours. Le quai d’Orsay se défend : une procédure normale « lorsque des éléments potentiellement constitutifs d’irrégularités sont rapportés à des agents consulaires, ils doivent être transmis à leur hiérarchie ». Et au Canard, à Mediapart et au Monde ? Le ministère a ouvert une enquête administrative pour comprendre la « fuite ». On comprend surtout que la « neutralité »  de l’État impartial pourrait être mise en cause. 

Organiser le transport des électeurs, quelle mauvaise manière !  Vieille technique maintes fois employée par la CGT, le PC ou le RPR de Chirac. En retour, Meyer Habib reproche au Ministère d’avoir fermé trois bureaux de vote, à Eilat, Beersheva, et Ashod, trois villes où résident de nombreux expatriés.  

La participation en Israël n’a été que de 13%, peu de bureaux, et peu de cars ?  « Malgré la fermeture de trois bureaux de vote en Israël où 19.000 Français résident, malgré la non-délivrance de 60% de SMS pour voter par internet, malgré les calomnies, je suis réélu ! Je remercie du fond du cœur les électeurs qui me font confiance. Pensée républicaine à Déborah Abisror-de Lieme. », a tweeté Meyer Habib. 

A quoi Déborah Abisror – de Lieme a répondu : « Je prends acte du résultat qui positionne mon adversaire en tête avec 193 voix d’avance. » Elle avait auparavant dénoncé un « climat nauséabond » et des « menaces » pour lui « demander de retirer sa candidature », en exonérant son adversaire de toute responsabilité. Les menaces, Meyer Habib les connait, il vit sous protection policière depuis huit ans. 

Politiquement, cette fois, « le coup passa si près que le chapeau tomba ». Désormais il attend un autre miracle : la Knesset ayant été dissoute, qui sait si son ami Netanyahou ne réussirait-t-il pas un retour ? Et peut-être, dans cette assemblée fragmentée, dans la nouvelle donne au Moyen-Orient, trouvera-t-il plus d’écoute auprès du gouvernement, voire du ministère ?

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire