Les résultats des élections consulaires de la IVe circonscription du Canada des Français de l’étranger de 2021 ayant été annulés, les candidats doivent retourner en campagne et les électeurs à l’urne le 22 octobre.
Suite à l’annulation des élections consulaires de 2021 par le Conseil d’État, les Français de la IVe circonscription consulaire du Canada, comprenant Montréal, Halifax et Moncton, devront retourner dans l’isoloir le 22 octobre. Les Français sur place ont jusqu’au 16 septembre pour s’inscrire sur les listes électorales auprès du consulat.
Rappelez-vous, suite aux résultats, le groupe de la majorité présidentielle a porté l’affaire devant le Conseil d’Etat pour les dérives observées durant l’élection sur cette région. Effectivement, au moment de mettre leur bulletin dans l’enveloppe, les électeurs avaient entre leurs mains des listes dont le soutien de certains politiciens avait été usurpé. Logiquement, la décision de l’instance publique qui assure un rôle de « juge administratif suprême » a été suivie par les demandeurs. Les juges ont retenu que ces affirmations fallacieuses avaient faussé les résultats de l’élection des sept conseillers consulaires, élus à la proportionnelle.
Le vote en ligne, le point qui rassemble l’ensemble des candidats
Le résultat ayant été invalidé le 23 juin dernier, les nouvelles élections doivent se tenir exactement quatre mois plus tard, ce qui nous amène à la date du 22 octobre. Les candidats et les listes sont donc repartis en campagne sur cette courte période afin de pousser un maximum de Français à aller voter. D’autant plus, que cette fois-ci, le vote en ligne ne sera pas proposé. Un point regretté par l’ensemble des candidats interrogés.
Effectivement, pour les trois listes principales que nous avons rencontrées – à savoir celle de la majorité présidentielle et les deux de la gauche, tandis que le candidat du parti Les Républicains n’a pas répondu à nos appels – l’absence du vote en ligne aura de lourdes conséquences.
Cette modalité de vote est mise en place suite à la réponse d’un appel d’offres publié par l’administration consulaire. Émis en amont des élections de 2021, ledit contrat ne prévoyait pas la possible annulation des élections et donc un retour nécessaire du vote en ligne un an plus tard. Il aurait donc fallu reprendre le processus depuis le début pour y avoir accès le 22 octobre. Or, les quatre mois de carence entre la décision du Conseil d’État et l’élection ne sont pas suffisants pour le faire. « En marche ! Majorité présidentielle », le « Rassemblement citoyen, social, écologique et solidaire » et l’« Union pour l’écologie et la solidarité » souhaitent donc que ce facteur soit pris en compte à l’avenir.
Pour le « Rassemblement citoyen, social, écologique et solidaire », cette histoire entache particulièrement l’image des Français hors de France. De son côté, l’« Union pour l’écologie et la solidarité » se place en faveur d’une refonte de la loi qui sécurise les postes des élus. Elle voudrait également qu’une commission électorale visant à protéger les élections de la propagande, soit créée.
Le programme LREM dans la continuité de la politique présidentielle
Le programme du groupe de la majorité présidentielle « En Marche ! Majorité présidentielle », mené par Florent Pigeyre, s’inscrit dans la continuité des ambitions d’Olivier Becht, le ministre des Français de l’étranger.
De fait, la digitalisation de l’administration consulaire et la facilitation de la mise en place de France consulaire en-dehors de l’Union européenne, seront leurs deux objectifs de mandat. Si les démarches pour obtenir un certificat de vie sont déjà matérialisées dans la circonscription, Florent Pigeyre souhaite que le processus soit valable pour les visas. De plus, il constate une réussite de l’expérimentation de France consulaire dans sa région. Effectivement, le service d’informations n’existe qu’au sein de l’UE, mais est en essai dans certaines régions du monde, comme le Canada.
Toujours vis-à-vis de l’administration consulaire, le chef de file souhaite que les effectifs de personnels soient revus à la hausse. A ses yeux, la digitalisation n’est pas suffisante, « il faut également que les citoyens puissent avoir un interlocuteur physique ». De cette manière, il aspire à créer une offre double importante.
Par ailleurs, il apparaît essentiel au chef de fil que les élus locaux des Français de l’étranger soient davantage entendus par les parlementaires. Qu’un dialogue véritable s’installe entre Paris et l’étranger, car « nous sommes souvent oubliés lorsqu’on vit hors de France. »
Cependant, Florent Pigeyre, macroniste depuis 2019, assure que « faire partie de la majorité présidentielle est un atout » car ils ont des liens directs avec le gouvernement et peuvent donc « résoudre les problèmes plus rapidement ».
L’Union pour l’écologie et la solidarité, la gauche politisée
L’Union pour l’écologie et la solidarité (UPES), c’est un peu la NUPES sans le « N », sans le Parti socialiste (PS). Effectivement, cette liste d’union réunit les grands partis de la gauche comme Europe Ecologie – Les Verts (EELV), La France insoumise (LFI) mais aussi des groupes locaux tels que Mouvement Génération.s, Nouvelle donne, Place publique, la Gauche républicaine et socialiste, et des indépendants. « Une démarche collective » dont Ramzi Sfeir, vice-président de l’Assemblée des Français de l’étranger, en est « le garant ».
Tout l’été des pics de chaleur ont été observés à travers le monde. Le 1er juillet, le record de 49,6° au Canada faisait la Une de Libération. Une température accablante et terrifiante qui a provoqué la mort de plusieurs centaines de personnes dans le pays. Face à l’urgence climatique, l’UPES compte mettre l’accent sur le climat.
Du point de vue de la « solidarité », le groupe d’union politique vise à rendre les services publics davantage accessibles aux citoyens et « dignes pour tout le monde ». Cela implique donc aux yeux du meneur, de réinvestir dans les services consulaires et surtout en termes de personnes afin de garder un lien avec les Français. Par ailleurs, il reste également favorable à la dématérialisation du système qui permet un service rapide pour ceux qui en ont besoin.
Sur le plan des aides sociales, l’élu aimerait voir les aides allouées aux Français dans le besoin être augmentées. Il pense notamment à un fond d’urgence ou à l’accroissement des bourses scolaires pour les élèves des établissements français à l’étranger. Une pensée évoquée par la sénatrice EELV des Français de l’étranger, Mélanie Vogel, lors d’un débat politique organisé par Lesfrancais.press et StereoChic.
Soutenue et suivie par la parlementaire, par le sénateur socialiste Jean-Yves Leconte et les partis politiques représentés, l’UPES aspire à ce qu’une discussion soit véritablement établie entre les élus locaux et le Parlement. Comme le confie Ramzi Sfeir, « nous sommes souvent l’angle mort de la politique française et les lois votées ne sont pas forcément applicables pour nous ». Il s’engage donc à rappeler aux politiciens que les Français ce sont aussi les Français de l’étranger.
Le Rassemblement citoyen, social, écologique et solidaire, la liste apolitique
Le Rassemblement citoyen, social, écologique et solidaire est 100% apolitique, bien qu’il accueille des partis comme le PS. Si ce dernier n’a pas rejoint l’UPES « ce n’est pas du tout pour un quelconque conflit entre nous » confie Elsa Duport, numéro huit sur la liste citoyenne et socialiste depuis quatorze ans. Non, les membres du parti de la rose ont simplement décidé de continuer avec le même groupe qu’en 2021. De plus, le Rassemblement citoyen, social, écologique et solidaire étant soutenu par les sénateurs socialistes Hélène Conway-Mouret, Yan Chantrel et Jean-Yves Leconte (supporter de l’UPES principalement mais non en désaccord avec celle-ci), cette décision était d’autant plus légitime.
Selon Gwenaëlle Olivié, la cheffe de file et présidente du Conseil consulaire au Canada, « rien n’a changé depuis un an » en ce qui concerne le programme et les objectifs du groupe. Le but étant toujours de porter des valeurs et des projets « citoyens, sociaux, écologiques et solidaires » comme l’indique leur nom.
Au même titre que leurs concurrents, le renforcement de l’appareil administratif figure en tête de liste des objectifs. « Il faut remettre des gens au sein des consulats », affirme l’élue.
Vient ensuite la revalorisation des projets écologiques portés dans la circonscription. Les membres du Rassemblement citoyen voudraient promouvoir des labels verts dans les consulats, les administrations ou les associations, afin de favoriser la transition écologique, quelque peu oubliée durant la période de Covid, estime Gwenaëlle Olivié.
Le pouvoir d’achat des Français à l’étranger est leur troisième cheval de bataille. Touchés par l’inflation galopante observée à travers le monde et la chute constante de l’euro, les citoyens établis hors de l’hexagone rencontrent de plus en plus de difficultés financières. Ainsi, les candidats voudraient permettre un accès aux soins facile et peu coûteux pour tous, avec la possibilité de détenir une carte vitale pour les retraités par exemple, ou la promulgation d’une assurance sociale pour les étudiants émigrés au Canada. Dans le même ordre d’idées, la refonte du système des bourses scolaires pour les élèves inscrits dans les écoles françaises est également en discussion. Aussi, la présidente du Conseil consulaire appuie pour la suppression de la CSG et de la CRDS, deux impôts créés pour financer la sécurité sociale en France, comme c’est déjà le cas pour les Français de l’Union européenne.
De plus, le Rassemblement citoyen aimerait que les résidents français puissent participer aux débats consulaires. L’idée serait, par exemple, de tirer au sort deux citoyens inscrits sur le registre des Français de l’étranger de la circonscription, avant chaque conseil consulaire afin qu’ils puissent faire entendre leur voix. Une forme de démocratie participative in fine.
Enfin, la cheffe de liste insiste sur le fait qu’il est primordial de penser aux Français installés dans les provinces atlantiques du Canada. Souvent isolés, ils sont plus exposés aux difficultés que leurs concitoyens habitant dans les grandes villes canadiennes. « Ils font une sorte d’expatriation dans l’expatriation » explique-t-elle. « Heureusement, nous avons la chance d’avoir Fanny Ratisseau parmi nous qui fait le lien justement entre les provinces atlantiques et nous ».
Si de nombreux points sont similaires à ceux de l’UPES, le Rassemblement citoyen a souhaité faire cavalier seul afin de proposer « une alternative apolitique aux électeurs et qui promeut la proximité ». Une liste complémentaire en définitive. Cependant, Gwenaëlle Olivié comme Elsa Duport entendent bien travailler avec les membres de l’UPES à l’avenir, au sein du Conseil consulaire.
Les huit listes proposées pour les élections consulaires partielles
L’Union pour l’écologie et la solidarité (UPES) Avec LFI et EELV | Ramzi Sfeir Lucie Imbeau Thibault Froehlich Nathalie Da Silva Pedro Marc Pajou Laurence Dechassey Barthélémy Lordon Marion Farandeau Nathan Dratler Severine Fantauzzo François Pays Irène Svoronos |
Rassemblement citoyen, social, écologique et solidaire | Gwenaëlle Olivié Anthony Lopez Fanny Ratisseau Higino Monteiro Véronique Millet Yves Alavo Florence Reveilles Mohamed Ghoul Elsa Duport Valentin Alfano Audrey Leboeuf Raphaël Larrouturou Malo Olivié |
Ecologie, urgence climatique et solidarité sociale | Virginie Beaudet Florian Euzen Patricia Tulasne Rémi Mantion Lauriane Laforge André Babkine Pascale Boutry Kaloyan Gueorguiev Morgane Dinse André Lachoix Patricia Quinio Michel Levrero Edith L’Homme Denis Boutry Cécile Le Floc’h Robert Noinain |
En Marche ! La majorité présidentielle (liste officielle LREM) | Florent Pigeyre Sophie Chainel Arnaud Mangematin Virginie Hoarau-Devasle Franck Gerbelot Barillon Nolwenn Pelven Frederic Bove Marie-Pascale Pomey Jordy Belance Aude Florin Rolland Delorme Joëlle Sandt Frédérick Dufour Jeanne-Lise Devaux Pelier Léopold Lehmann Marie-Elisabeth Robino |
Ensemble avec la majorité présidentielle | Laurent Gonin Maud Thiéry Axel Demba Delphine Velasco Yannis Calt Adeline Boutelou Yan Loon Lam Charlotte Braley Rémy Maillot Roxane Yazdi Richard Tan Justine Boutelou Jérémy Peyratout Anne Vialle-Jammet Aurélien Tan Jessica Kwan Teau |
Union Française des Indépendants | Alaric Bourgoin Marie-Aline Vadius Yan Niesing Sylvaine Bellec Léo Trespeuch Anne-Caroline Lancien Guillaume Falardeau Maïlys Haurie Sébastien Reyt Bérangère Duhen Alban Mitsyngou Maniangou Maëlle Descles Pierre Danten Lucie Loc’h Romain Mallet Eugénie Passet |
La droite unie | François Lubrina Andrée Théberge François-Jean Pichard du Page Nicole Maille Anthony Casera Monique Boiché Jean-Louis Brunier Françoise Gillot Marcel Cronengerger Marie Hours Thierry Debeur Jacqueline Orquin Mohamed Mahjoubi Héloïsa Leite Carvalho Maxence Tourèche Marie-Christine Laplace |
Liste d’union pour la défense et la protection des libertés Équipe Reconquête ! | Anne de Boyer d’Eguilles Dominique Morot Valérie Gaumain Jean Ruby Marie-France Coquet Didier Pfad Mireille Dillenschneider Baptiste Balanger Sandrine Prudent Christian Le Corre Isabelle Mazurier Mathias Theau Anne Vuillemard Jean-Pierre Mercier |