Ces Lycées français en difficulté : Port-au-Prince en Haïti et Marsa en Tunisie

Ces Lycées français en difficulté : Port-au-Prince en Haïti et Marsa en Tunisie

La rentrée est finie et s’est généralement bien passée, cependant quelques points noirs persistent. Au-delà des établissements encore en semi-présentiel, comme ça peut être le cas en Chine comme à Hong-Kong, certaines écoles françaises sont en réelle difficulté. On pense en particulier au Lycée français de Port-au-Prince à Haïti et à celui de Marsa en Tunisie.

Haïti : une fermeture provisoire qui condamne l’établissement ?

Depuis septembre 2021 et le fameux courriel du ministère des Affaires étrangères qui ordonne le basculement des enseignements en distanciel, le Lycée français de Port-au-Prince sur l’île d’Haïti est fermé. Le motif : l’insécurité dans le pays le plus pauvre d’Amérique, deux mois après l’assassinat du président Jovenel Moïse. Depuis élus et familles craignent que les grilles de l’établissement ne puissent plus jamais rouvrir.

Une communauté mobilisée

En 2021 et 2022, la communauté du lycée s’est battue pour rouvrir en hybride, ce qui aurait permis aux fonctionnaires de l’État d’enseigner via Zoom depuis la France et de laisser aux élèves et personnels locaux le choix de venir en présentiel ou de rester en distanciel. Une solution qui faisait consensus mais rejetée par les services du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Jean-Yves Le Drian.

Pour cette rentrée, avec le changement de ministre et la mobilisation des acteurs de la communauté française de l’île et de l’Amérique de Sud, l’espoir était permis. Mais par un courrier du 11 août, Catherine Colonna a mis fin au suspens, le Lycée français d’Haïti restera en distanciel.

Par totalement fermé, donc, certains diront ! Mais comme nous le rapporte Bertrand Dupont, élu en Amérique latine, ancien candidat LR pour la circonscription en 2022, si l’établissement est théoriquement ouvert, les élèves le désertent.

« Les autres établissements sont eux ouverts et les élèves sont chaque fois moindres car (à chaque retour de vacances au Lycée français. NDLR), évidemment, entre un établissement français fermé et un américain ouvert beaucoup ont choisi d’aller en présentiel. Ou sont allés dans des établissements d’autres pays comme en République dominicaine. Le futur du lycée est menacé ! « 

Bertrand Dupond

Recul de la présence française ?

Le risque est donc qu’une fois que les fonctionnaires du Quai d’Orsay auront donné leur feu vert pour un retour à la normale, il n’y ait plus d’élèves à scolariser. Les enfants expatriés étant partis en internat dans les pays voisins ou rentrés en France dans leur famille, tandis que la progéniture de l’élite locale (rappelons : une cible prioritaire pour atteindre l’objectif d’un doublement des effectifs en 2030 comme le souhaite Emmanuel Macron) est partie dans les autres établissements internationaux, qui eux sont ouverts.

C’est donc une opération perdante pour tous, les enfants français sur place, la francophonie et le rayonnement français. Du côté de la députée, Eléonore Caroit, on se dit mobilisé, sans pourtant apporter de solutions.

L’internat du Lycée français de La Marsa

On l’a vu, les internats sont souvent des pierres angulaires du système éducatif français à l’étranger, en particulier dans les zones géographiques où la densité ne permet pas un maillage au plus proche des Français installés dans les pays.

Un enjeu de mixité sociale

Et pourtant en Tunisie, c’est l’internat du Lycée français de la Marsa, une ville jouxtant la capitale qui fut fermé, sans préavis, au cours de l’été. Cette possibilité offerte aux résidents comme aux locaux vivant loin d’un Lycée français permettait une plus grande mixité sociale et ouvrait des opportunités à nombre d’enfants qui, sans l’internat, ne pourraient pas suivre un enseignement français. Ce fut le cas de l’ancien consul général de France et actuel député des Français d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, Karim Ben Cheikh. Fraîchement élu, le seul député NUPES des Français de l’étranger (Génération.s) s’est évidemment engagé pour soutenir son ancienne pension.

Pétition en ligne

Mais il n’est pas le seul. La communauté française sur place s’est regroupée pour tenter de s’opposer via une pétition en ligne à « l’enterrement de cet internat, lequel suscite l’incompréhension de toutes celles et ceux qui sont attachés au service précieux ainsi offert« .

La gauche est bien sûr parmi les premiers signataires de la pétition : Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français de l’étranger PS, ancienne ministre, Yan Chantrel, sénateur des Français de l’étranger PS, Jean-Yves Leconte, sénateur des Français de l’étranger PS, Mélanie Vogel, sénatrice des Français de l’étranger EELV, mais aussi des personnalités de droite comme Roselyne Cordin, présidente de l’UFE Sousse, et des syndicats, Patrick Dupont, enseignant, secrétaire SNES-FSU Tunisie, sans oublier des membres du conseil d’administration comme Boris Faure (aussi journaliste pour votre média Lesfrancais.press et pour la radio française SUD Radio).

En cliquant sur l’image ci-dessus, vous pouvez apporter votre soutien à la communauté française en Tunisie. Car où que ce soit, c’est évidemment l’implication des parents d’élèves, l’investissement des autorités consulaires (administration et élus), qui changent la donne et permettent de développer une gouvernance apaisée et efficace dans nos établissements scolaires, que ce soit pour les jeunes expatriés comme pour les petits locaux, futurs francophones et ambassadeurs de nos valeurs.

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