Jordan Bardella attend du gouvernement qu’il « renonce au Green Deal »

Jordan Bardella attend du gouvernement qu’il « renonce au Green Deal »

Lors d’une interview lundi (29 janvier) sur RMC, la tête de liste du Rassemblement national pour les européennes, Jordan Bardella, a déclaré attendre du gouvernement de Gabriel Attal qu’il « renonce au Green Deal ». Pour l’opposition, c’est la preuve que le parti est climatosceptique.

Depuis quelques jours, l’Europe s’embrase sous les fumées des tracteurs d’agriculteurs en colère. L’occasion pour Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) et tête de liste aux élections européennes du parti, de rappeler l’opposition du RN au Pacte vert pour l’Europe (Green Deal).

Interviewé lundi matin (29 janvier) au micro de RMC, M. Bardella a ainsi déclaré, à propos du Premier ministre Gabriel Attal« j’attends qu’il renonce au Green Deal ».

Jamais la demande du chef du parti d’extrême droite n’avait été aussi forte. Le RN a soutenu la « pause réglementaire » réclamée par Emmanuel Macron, puis le moratoire demandé par le Parti populaire européen (PPE) — au sein duquel siègent, au Parlement européen, les élus de Les Républicains (LR) — et Les Conservateurs et Réformistes européens (CRE), mais jamais de « renoncer » au Green Deal.

En pratique, cela signifie a minima de « dénoncer » les textes déjà adoptés du Green Deal et que le gouvernement « reconnaisse publiquement les erreurs faites », a déclaré lundi Jean-Paul Garraud, président de la délégation RN au Parlement européen, à Euractiv France.

D’évidence également, de ne pas voter les textes à venir, a-t-il précisé. Car selon M. Bardella, sur la question agricole comme d’autres, « 90 % du problème se trouve à Bruxelles », feignant dès lors que le gouvernement ne peut pas faire grand-chose pour améliorer la situation des agriculteurs depuis Paris.

De nouveau, le Green Deal s’annonce au cœur d’élections européennes cruciales.

« Je pense, et ce seront mes deux grands sujets aux élections européennes, qu’il y a deux grandes menaces qui pèsent aujourd’hui contre la France et qui sont décidées à Bruxelles : le pacte pour les migrations […] et le pacte Vert, qui entraîne les conditions d’une décroissance en Europe », a précisé M. Bardella sur RMC.

Jordan Bardella
Session plénière du Parlement européen, le 18 octobre 2023, à Strasbourg, en France. [Union européenne 2023]

En face, les critiques affluent

« C’est souvent dans les moments de crise que l’extrême droite révèle son vrai visage », a déclaré Marie Toussaint, tête de liste Europe Écologie — Les Verts (EELV) pour les élections européennes, à Euractiv France.

« La réalité, c’est que ce sont les ennemis des agriculteurs, les ennemis de l’Europe, et les ennemis de la nature. Leurs mensonges et leur double discours sont patents », a insisté l’eurodéputée française.

Même son de cloche chez Renew.

« Jordan Bardella a expliqué pendant des semaines qu’il dirigeait le parti le plus écologiste de France. Aujourd’hui, il appelle à abandonner le plus grand projet politique de notre Histoire en faveur du climat », tance Valérie Hayer, nouvelle cheffe du groupe Renew au Parlement européen, auprès d’Euractiv France.

« Une fois de plus, l’extrême droite démontre qu’elle n’est rien d’autre qu’une dangereuse girouette populiste », précise-t-elle.

Pour Pascal Canfin, eurodéputé français (Renew) et président de la commission de l’Environnement (ENVI) du Parlement européen, « Jordan Bardella montre tout simplement la vraie nature du RN : un parti climato-sceptique ».

Climatosceptique ? M. Garraud s’en défend : « cela n’existe plus au RN ». Néanmoins, le pacte vert reste une « série de mesures qui rate sa cible et accélère la sortie de l’Europe de l’Histoire », si l’on s’en tient aux propos d’Alexandre Loubet, directeur de campagne du RN pour les élections européennes, tenus lors d’un évènement organisé par Euractiv France fin novembre.

La colère des agriculteurs qui s’exprime en ce moment donne des arguments contre le Green Deal, à des partis d’extrême droite qui caracolent en tête des sondages. Selon les dernières estimations, le RN est dorénavant crédité de 31 % des intentions de vote.

Au niveau européen, le groupe qui rassemble les alliés du RN, Identité et démocratie (ID), pourrait bien devenir le troisième groupe au Parlement européen et occuper plus de 90 sièges, soit 20 de plus qu’en 2019.

Le groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), dirigé par la Première ministre italienne Giorgia Meloni, pourrait en grappiller autant et devenir la quatrième force du Parlement. Le parti montre aussi de sérieux signes de réticence à l’égard du Green Deal.

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