Jo 2024 : Les Phryges comme mascottes

Jo 2024 : Les Phryges comme mascottes

Les mascottes des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont été dévoilées lors d’une conférence de presse dans la capitale française. En rupture avec la norme, Paris a choisi comme mascotte un bonnet phrygien plutôt que le motif animalier habituel.

Le bonnet phrygien

Le bonnet phrygien était un symbole de la Révolution française à la fin du 18e siècle et est maintenant bien connu dans toute la France comme une représentation de la liberté.

« C’est une mascotte qui incarne l’esprit français. Un idéal qui porte les valeurs de notre pays, une partie de notre Histoire et un point de vue singulier sur le monde »

Julie Matikhine, responsable de la marque Paris 2024 lors de la conférence de presse

Symbole d’inclusion, l’une des deux mascottes arbore une lame de course prothétique pour mettre en avant les athlètes paralympiques.

Les hommes et les femmes déguisés en mascottes seront les ambassadeurs de Paris 2024 et devraient parcourir la France pour rencontrer le public, promouvoir les Jeux et encourager les gens à se rapprocher du sport. Les Français de l’étranger ont été invités à faire vivre ces mascottes aux 4 coins du monde. Pour cela, les produits dérivés seront disponibles en livraison partout sur la planète.

Tony Estanguet, président du comité d’organisation
©COMITÉ D’ORGANISATION DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES DE PARIS 2024

Nombreuses critiques

Comme à l’accoutumée, les journalistes français ont reçu froidement le choix du comité olympique pointant du doigt de nombreux problèmes.

Imprononçable dans les autres langues

Rompant avec la tradition, ces bonnets n’ont pas de véritables prénoms individuels et leur seule dénomination officielle est collective: les « Phryges ». Pour être précis, il y a un « Phryge olympique » et un « Phryge paralympique », le deuxième ayant une « jambe artificielle ». En conférence de presse, la question a donc été posée de savoir si les étrangers sauraient prononcer ce nom, surtout au vu de sa graphie. Comme le précise Paris Match, le comité a répliqué que cette appellation était le fruit d’un parti pris. La langue française étant jugée difficile de base, l’idée était de ne pas écarter ce nom pour ce type de motif.

Made in China

Il s’avère aussi que les peluches sont majoritairement créées en Chine. À l’heure du « made in France », ce détail n’a pas non plus échappé aux regards avertis. Une situation qui ne manquera pas d’embarrasser Olivier Becht, le ministre délégué aux Français de l’étranger et au Commerce extérieur, en effet, le déficit commercial 2022 s’annonce abyssal pour notre pays.

Mais ce défaut a été balayé d’un revers de la main par le comité organisationnel.

« En France, toute l’industrie du jouet est délocalisée en Asie », réplique-t-elle. « Mais les peluches répondent à un cahier des charges concernant les matériaux et les conditions de travail », ajoute-elle avant de préciser que « le but est de relocaliser la production de ces jouets en France, comme un héritage ».

Julie Matikhine, responsable de la marque Paris 2024 lors de la conférence de presse

Un bonnet peu reconnaissable

Dernier problème, la forme de la mascotte en tant que telle.

« On est d’accord que c’est pas du tout un bonnet phrygien mais un clitoris entier ?« , s’exclame la journaliste de Slate Mathilde Meslin. « Excusez-moi mais on lui photoshope des petites baskets et un drapeau français et on y est« . Un avis également partagé par la rédaction du média en ligne Konbini. « On l’avoue, ici, on n’a pas pu contenir un gros éclat de rire lorsqu’on a découvert à quoi ressemblent ces petits personnages […] Franchement, si on n’avait pas lu la légende, on n’aurait pas vraiment deviné que les mascottes étaient censées représenter… des bonnets phrygiens« , assure-t-elle. De nombreux internautes ont également émis la même critique, souvent en ironisant. « Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moyen de promouvoir les clitoris…« , déplore l’un d’entre eux, rejoint par un autre blaguant sur le fait qu’il « fallait bien que la France montre aux hommes du monde entier à quoi ça ressemble (et où ça se trouve)« .

Mais là encore, les organisateurs des Jeux olympiques ont un contre-argument pour faire face à ces commentaires. « Dans les différents groupes de tests que l’on a faits avec les enfants sur la mascotte, ils ont tous reconnu le bonnet et ses valeurs« , a assuré auprès de Franceinfo Julie Matikhine, la directrice de la marque Paris 2024, en pointant le fait que « le bonnet phrygien est désormais expliqué dans les écoles primaires« .

Cependant la mascotte doit représenter les Jeux au niveau international, là où le bonnet phrygien est bien moins connu. Est-ce que pour autant les spectateurs du monde entier verront avant tout un clitoris ?

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