En Marche ! débarque, la gauche s’unit et le RN prend des ailes à la veille des élections consulaires en Espagne

En Marche ! débarque, la gauche s’unit et le RN prend des ailes à la veille des élections consulaires en Espagne

L’ensemble des candidatures pour les élections consulaires du 30 mai prochain en Espagne ont été publiées, ce lundi. LREM fait irruption sur l’échiquier politique, la gauche présente des listes uniques, l’extrême droite se présente à Barcelone et LR tente d’aller de l’avant malgré les tensions qui ont abîmé le mouvement. Petit tour d’horizon pour y voir plus clair. 

La course est lancée. En Espagne, l’ensemble des candidatures aux élections consulaires du 30 mai prochain ont été officiellement publiées, ce lundi. Cinq listes pour la circonscription de Madrid, qui couvre la majeure partie du territoire espagnol. Quatre listes dans la circonscription de Barcelone, qui regroupe trois régions de l’est du pays : la Catalogne, Aragon et Les Baléares.

11 élus pour deux circonscriptions

Ce scrutin permet aux titulaires de la nationalité française installés en Espagne d’élire leurs conseillers consulaires. Six dans la zone de Madrid. Cinq sur celle de Barcelone. Le rendez-vous électoral aurait dû se tenir l’année dernière. Il a été repoussé au mois de mai 2021 en raison de la crise sanitaire.

L’arrivée de candidatures estampillées La République en marche (LREM), parti d’Emmanuel Macron, devrait rebattre les cartes. Inexistante lors des dernières élections consulaires, en 2014, la formation avait provoqué une reconfiguration des équilibres politiques en France au moment de son irruption, en 2017. Sous cette bannière, les candidats espèrent reproduire l’exploit de l’autre côté des Pyrénées. À Madrid, la liste “Ensemble pour TOUS les Français d’Espagne” est menée par Stéphane Vojetta. Suppléant de la députée LREM Samantha Cazebonne, il a été poussé à monter une équipe par cette dernière. À Barcelone, c’est Baudoin de Marcellus qui est en tête de la liste investie par le parti.

La droite éclate quand la gauche s’unit

Raphaël Chambat

À droite, le parti Les Républicains (LR), a disparu de la circonscription de Barcelone. Ils ont essayé de monter une liste. Mais Raphaël Chambat (représentant local de LR, NDLR) n’a pas réussi à former une équipe après sa défaite aux législatives de 2017”, raille Pierre-Olivier Bousquet, élu consulaire qui menait la liste sur laquelle Les Républicains avait apposé son étiquette en 2014.

Raphaël Chambat regrette une attaque personnelle. Il a pris contact avec Lesfrançais.press pour s’expliquer, après la publication de cet article. Le représentant local du parti de droite assure qu’il avait déjà une liste prête. Mais il ne l’a pas présentée en raison de problèmes personnels qui accaparent son énergie. Pierre-Olivier Bousquet ne se représente pas non plus.

Antoine de Fontange

À Madrid, la formation présente la liste “Parlon des Français d’Espagne”, menée par Antoine de Fontange. Mais la marque LR a souffert. Lors des élections législatives, en 2017, il restait un candidat d’extrême gauche [François Ralle Andreoli, NDLR] et une candidate En Marche ! [Samantha Cazebonne, NDLR]”, raconte Joëlle Sée, conseillère consulaire élue sur la liste de l’UMP (rebaptisé Les Républicains depuis) aux dernières élections consulaires. “LR n’a pas appelé à voter pour cette dernière, au risque de voir l’extrême gauche gagner. Nous avons donc soutenu la candidate En Marche !. Cela a provoqué un gros clash. Nous sommes beaucoup à avoir rendu notre carte LR à ce moment.” Sur trois élus de la liste UMP en 2014, deux ne se représentent pas. Le troisième, Francis Huss, tête de liste il y a sept ans, a préféré la troisième position sur la liste LREM cette année.

François Ralle Andreoli

La gauche, elle, s’est regroupée sur une liste commune. À Madrid comme à Barcelone. La France Insoumise (LFI), Europe écologie Les verts (EELV) Génération.s et le Parti socialiste (PS), appuient la liste “AGISSONS ENSEMBLE”1, emmenée par François Ralle Andreoli à Madrid. Élu en 2014 sur une liste soutenue par le Front de gauche, ce dernier est aujourd’hui candidat à sa propre succession, et encarté chez EELV. Les deux élus de la liste investie par le PS et EELV en 2014 sont aujourd’hui sur celle de François Ralle.

Renaud Le Berre

Dans la zone de Barcelone, c’est Renaud Le Berre qui mène la liste “AGISSONS ENSEMBLE”2. Lui aussi membre d’EELV. Lui aussi prétendant à sa succession. Lui aussi appuyé par la majeure partie des forces de gauche. Lui aussi a réuni tous les élus des deux listes de la gauche en 2014 dans son équipe. Il a sollicité le soutien des Socialistes, mais ne l’avait pas obtenu officiellement au moment de la publication de cet article. 

Le RN pense être en veine

Alain Lavarde

À l’extrême droite, le Rassemblement national (RN) semble décidé à surfer sur la dynamique qui le porte en France.Je suis responsable du Front national (rebaptisé Rassemblement national en 2018, NDLR) depuis 30 ans, c’est la première fois que je suis sollicité pour monter des listes jusqu’au Portugal”, s’amuse Alain Lavarde, élu sur la liste du Front national en 2014 dans la circonscription de Madrid. À 74 ans, il comptait raccrocher. La direction parisienne du parti l’a convaincu de repartir pour un tour, et de monter une liste pour la zone de Barcelone, où la droite de la droite n’avait aucun candidat jusque-là. Katia Barberousse, une novice de 46 ans, doit mener cette équipe.

Pascal Bourbon

Il y a enfin les listes “indépendantes”. Sur la Costa Brava, la “Liste indépendante des Français de l’étranger” (Life) est dirigée par Pascal Bourbon. Elle n’existe qu’à Barcelone et se veut “indépendante des partis, groupement ou doctrines. Le chef de file définit son mouvement comme “libéral et humaniste”. Il avait déjà été élu à la tête d’une liste Life en 2014. 

Stéphanie Villemagne

À Madrid, la liste Alliance solidaire des Français d’Espagne est menée par Stéphanie Villemagne. Présentée comme indépendante, elle est affiliée à l’Alliance des Français de l’étranger (ASFE), parti créé en 2009 par Jean-Pierre Bansard. Son élection au poste de sénateur a été annulée en 2018 en raison d’irrégularités dans ses comptes de campagne. Certains accusent la formation de n’exister que pour le faire élire sénateur. “J’ai envie de croire que l’idée est d’avoir des élus qui nous permettent de répondre à des questions qui concernent les Français de l’étranger au Sénat”, répond Stéphanie Villemagne.

Les yeux sur le Sénat

Les candidatures ne se résument pas aux étiquettes que les partis apposent sur les listes depuis Paris. Bourses scolaires, aide à l’emploi, aides sociales… les prérogatives des conseillers consulaires sont limitées, dans des contextes parfois très différents de celui de l’Hexagone et des outre-mers. Par ailleurs, l’ambiance de travail sereine au sein du conseil consulaire de Madrid est à des années-lumières des luttes claniques qui déchirent les assemblées démocratiques en France.

Mais à Paris, les partis qui investissent les listes en Espagne ont les yeux posés sur les élections sénatoriales. Les conseillers consulaires et leurs délégués forment les gros des grands électeurs dont le vote désignent les sénateurs représentant les Français établis hors de France au palais du Luxembourg, à Paris. Six d’entre eux doivent être renouvelés en septembre.

Annexes

1Le nom complet de la liste est “AGISSONS ENSEMBLE – Mouvement citoyen des Française et Français d’Espagne, des élus engagés à vos côtés. Poursuivons ensemble notre action pour plus de solidarité et d’écologie”.

2 Le nom complet de la liste est “AGISSIONS ENSEMBLE – MOUVEMENT CITOYEN POUR L’ÉCOLOGIE ET LA SOLIDARITÉ”.

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