Débarquement de Provence, le débarquement des français des colonies et de l'étranger - 75ème anniversaire

Moins connu que le 6 juin en Normandie, le Débarquement en Provence revêt pourtant une importance militaire et aussi symbolique pour la France. Les français réfugiés à l’étranger, comme à Londres, au Canada ou au Portugal et ceux, colons et locaux, des colonies, se sont réunis dans une armée qui posa le pied la première sur le sol national !

C’est « l’autre débarquement » de la Seconde Guerre mondiale. Moins connu que celui du 6 juin, élevé au rang de mythe et maintes fois célébré par le septième art, mais au final pas moins important. Le 15 août 1944 – il y a 75 ans ce jeudi – marque le lancement de l’opération Dragoon en Provence, un peu plus de deux mois après Overlord et le déferlement de l’allié américain sur les plages normandes.

Dragoon et Overlord auraient initialement dues être lancées simultanément, mais entre autres par faute de moyens, le volet provençal est décalé de plusieurs semaines. Il s’agit pour les armées alliées de prendre l’Allemagne en tenaille. Dragoon, co-dirigée par les Américains et les Français – où l’on retrouve le général de Lattre de Tassigny –, a pour objectif de libérer les ports de Toulon (Var) et de Marseille (Bouches-du-Rhône), cruciaux pour organiser le ravitaillement des troupes et la reconquête totale de l’Hexagone. Le 14 août au soir, la radio anglaise de la BBC multiplie les messages codés annonçant l’imminence du déploiement : « Nancy a le torticolis. »

Minuit passé, les premières bombes sont lâchées et des milliers de soldats sont parachutés dans le noir dans l’arrière-pays varois, tandis que le reste des forces accostent entre Toulon et Cannes (Alpes-Maritimes). 2 200 bâtiments, dont 850 navires de guerre, principalement américains et anglais. Fréjus (Var) tombe le 16 août, Draguignan (Var) dans la foulée. Il faudra une petite semaine pour récupérer Toulon aux Allemands, tout comme Marseille, avant que les forces alliées ne remontent en suivant la Rhône pour finalement retrouver les régiments d’Overlord en Bourgogne.

Algériens, Marocains, Tunisiens…

Mais si ce débarquement revêt une importance pour la France, c’est parce qu’elle en aura été très largement partie prenante. En juin, seuls 177 vaillants du commando Kieffer avaient foulé les plages de Normandie. Sur les quelque 400 000 soldats qui participeront à l’offensive provençale, on en décompte pas moins de 250 000 sous les couleurs de la France – et dont une grande partie d’Algériens, Marocains, Tunisiens, ou Sénégalais.

Pour la commémoration des 60 ans de Dragoon, en 2004, Jacques Chirac leur rendra un vibrant hommage : « Chasseurs d’Afrique, goumiers, tabors, spahis, tirailleurs, zouaves, ils ont été les inlassables artisans de la victoire. » Un épisode à part, aussi, dans la mémoire de l’ancien président. Alors âgé de 11 ans, il réside encore au Rayol-Canadel – au cœur de Dragoon – à l’été 44. Et sa famille aura eu l’occasion d’accueillir, le 15 au soir, le général Brosset, à la tête de la 1re division française libre.

Pour les 75 ans, Il s’agira de la première sortie officielle depuis le début de ses vacances du Président de la République. Emmanuel Macron participe, donc, ce jeudi à la cérémonie du 75ème anniversaire du débarquement de Provence, à Saint-Raphaël dans le Var. Depuis le 25 juin, ses congés ont été « studieux », selon son entourage, dont seules ont fuité des photos de quelques escapades effectuées avec son épouse dans la région, comme une visite le 28 juillet à l’abbaye du Thoronet ou un dîner avec ses proches dans une pizzeria du Lavandou, au milieu des autres clients.

Si le président de la République a invité tous ses prédécesseurs à participer à la cérémonie dans cette nécropole qui avait été inaugurée il y a 55 ans, jour pour jour, par Charles de Gaulle, seul Nicolas Sarkozy doit faire le déplacement. Les deux hommes s’étaient déjà affichés côte-à-côte fin mars, lors d’un hommage aux résistants du plateau des Glières, en Haute-Savoie, trois mois après un déjeuner partagé à l’Élysée, en pleine crise des « gilets jaunes ».

La commémoration de ce jeudi s’inscrit dans la série de cérémonies liées à la fin des deux conflits mondiaux qu’Emmanuel Macron a multiplié depuis l’automne – centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale en novembre, puis 75e anniversaire du débarquement de Normandie en juin. A Saint-Raphaël, il rendra hommage aux 450.000 soldats qui participèrent au débarquement allié du 15 août 1944.

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