Ursula von der Leyen élue de justesse présidente de la Commission européenne

Le Parlement européen a confirmé le 16 juillet la nomination d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne, lui donnant ainsi les rênes de l’exécutif pour cinq ans.

La ministre allemande de la Défense et mère de sept enfants – et candidate surprise du PPE, choisie par les États membres fin juin – a réussi à convaincre une majorité de socialistes et libéraux au Parlement européen avec des promesses de réformes et d’actions pour le climat afin de devenir la première femme à la tête de la Commission.

Elle a remporté 383 voix, soit neuf de plus que le minimum requis de 374 voix, lors d’un scrutin secret. 327 eurodéputés ont voté contre elle et 22 se sont abstenus ou ont voté blanc.

À titre de comparaison, il y a cinq ans, Jean-Claude Juncker avait été élu avec 422 voix. La différence est qu’à cette époque, il n’y avait aucun doute sur le fait que l’ancien Premier ministre du Luxembourg obtienne le poste.

Dans le cas d’Ursula von der Leyen, qui est une figure politique moins connue et n’était même pas Spitzenkandidat, l’incertitude planait jusqu’au dernier moment.

Les trois principaux groupes politiques, le PPE, les S&D et Renew Europe, ont voté en faveur de la candidate proposée par les chefs d’État et de gouvernement, forgeant ainsi une majorité  nécessaire pour les années à venir. De leur côté, les Verts ont majoritairement voté contre Ursula von der Leyen.

Ensemble, le PPE, les S&D et RE ont 442 eurodéputés dont certains se sont a priori rebellés. Des sources du groupe des socialistes estiment que 75 % des eurodéputés de centre gauche ont soutenu Ursula von der Leyen.

À l’inverse, elle a obtenu le soutien du camp opposé. Juste avant le vote, le parti eurosceptique au pouvoir en Pologne, PiS, a annoncé qu’il voterait pour l’Allemande.

Le succès d’Ursula von der Leyen peut s’expliquer par la souplesse dont elle a fait preuve ces derniers jours, en prenant en compte des idées politiques des socialistes, des libéraux et des verts, sans avoir toutefois pris d’engagements fermes sur toutes ces questions.

Première conférence de presse

Lors de sa première conférence de presse en tant que présidente élue, Ursula von der Leyen n’a pas caché son soulagement après ce vote palpitant. À la question de savoir si la courte majorité qu’elle a obtenue changeait les plans de son programme de travail, elle a répondu en voyant le verre à moitié plein : « en démocratie, la majorité est la majorité et je crois que je ne l’avais pas il y a deux semaines. »

Elle a ajouté qu’elle comprenait la rancune des eurodéputés après l’abandon du processus de spitzenkandidaten, mais qu’il était aussi nécessaire de travailler avec les groupes politiques pour les convaincre et établir le programme de travail en fonction.

« J’ai toujours voulu travailler pour l’Europe et pour l’UE », a-t-elle confessé. « Je me sens de retour à la maison. » « Je suis née Européenne, et j’ai grandi à Bruxelles, tout pour moi était européen dès le départ. »

« Je suis arrivée assez tard en politiques et j’ai beaucoup appris dans le cabinet de Merkel », a-t-elle déclaré, tout en soulignant qu’elle n’aurait pas obtenu la confiance des eurodéputés sans l’expérience de ces 15 dernières années en tant que ministre dans le gouvernement d’Angela Merkel.

À propos du Brexit, elle a tout d’abord évité de répondre à la question de savoir si un deuxième vote serait nécessaire pour confirmer sa nomination une fois que les eurodéputés britanniques seraient partis, mais face à l’insistance des journalistes, elle a finalement répondu par un simple non.

Elle a ajouté qu’elle ne connaissait pas personnellement Jeremy Hunt et Boris Johnson, les deux candidats au remplacement de Theresa May, mais qu’elle suivrait une règle d’or : travailler de manière constructive avec celui qui sera le négociateur pour Londres.

Interrogée sur l’actuel déséquilibre géographique dans les postes clés, elle a répondu qu’elle ferait tout pour que l’Europe centrale et de l’Est soient correctement représentée dans sa Commission.

Sur le fait que le parti polonais Droit et Justice l’ait soutenu, elle a seulement dit qu’elle ne savait pas qui avait voté pour elle et qu’elle voulait trouver une solution pour réduire les divisions entre Nord et Sud et entre Est et Ouest.

Quant à la possibilité de voir arriver des commissaires eurosceptiques dans l’exécutif, comme le commissaire italien issu de la Lega de Matteo Salvini, elle a répondu de manière vague, en disant que le monde avait besoin d’une Europe active et forte et que la composition de la Commission serait la bonne pour la tâche à mener.

Georgi Gotev et Gerardo Fortuna

Un article publié sur le site de notre partenaire

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