Qu’est-ce qu’une nation ?

Qu’est-ce qu’une nation ?

Il nous parle ce pays qui ressemble à une question posée sur le tableau noir d’une école française. L’Ukraine nous parle, elle crie et nous l’entendons : qu’est-ce qu’une nation ? La nation est toujours un appel. Ernest Renan l’écrivain français a tenté de nous le rappeler : qu’est-ce au juste qu’une nation ? Pas seulement une langue mais une histoire aussi, une communauté humaine qui sait qu’elle peut disparaître.

À l’école on a essayé de nous l’apprendre. Mais souvent nous l’oublions : ça s’abime, ça se dissout, ça se ferme, ça s’abandonne. Parfois même nous perdons pied. Car c’est compliqué. Pas seulement un territoire que l’on défend, qui s’est construit au fil des ans, comme une grande maison pour tout un peuple. C’est aussi des malheurs partagés, des bonheurs, des églises, des paysages, des villages, des places publiques et des querelles, une mémoire, des guerres… Et tout naturellement, comme dans la nature la plus sauvage des prédateurs… Pour nous, ce fut souvent l’Angleterre, devenue une alliée, puis une Allemagne devenue notre amie. Cela s’est fait lentement car nous n’avons jamais voulu mourir. Il y eut des poètes, des chanteurs, des récits et des légendes, des instituteurs, des guerres, des famines, et de beaux alexandrins ; Victor Hugo : « l’illustre acharnement à n’être pas vaincu ».

Alors vient cette évidence : c’est fou comme l’Ukraine nous ressemble et nous rassemble ! Ses blessures sont les nôtres, ces femmes et ces enfants, ces balluchons, ces pleurs, ça ne vous rappelle rien ? « Si j’avance je meurs, si je recule je meurs… Pourquoi reculer ? » On pense à un vieux texte français :
« frère humain qui après nous vivez n’ayez pas trop le cœur contre nous endurci car si pitié de nous avez, Dieu en aura de vous merci » … On pense à Jean Moulin et à René Char, le capitaine Alexandre, à Gavroche, à tous nos malheurs : Azincourt, Verdun, le siège de Paris par les Prussiens et Hitler place de la Concorde. L’Ukraine c’est nous…

Alors prenons l’adversaire à l’envers, revenons à ce qui fut si longtemps ce sang transfusé entre la France et la Russie : la danse, la musique, l’art, l’écriture et Kant à Königsberg que l’on dit aujourd’hui se nommer Kaliningrad.

Nous avons fait ce travail avec l’Allemagne et notre seul « ennemi héréditaire » aujourd’hui, c’est la peur…

Plus que les blindés, les missiles, la sauvagerie, les meurtres et la haine, la grandeur d’une nation c’est de s’opposer par la culture à la pulsion de mort.

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