Pétrole, un embrasement est-il imaginable ? 

Pétrole, un embrasement est-il imaginable ? 

En cas d’extension du conflit au Moyen-Orient avec, en particulier, une implication plus importante de l’Iran, des tensions sur le marché pétrolier pourraient apparaître. Les États-Unis pourraient décider un nouveau train de sanctions à l’encontre de ce pays, ce qui pourrait provoquer une augmentation du prix du baril. Dans cette éventualité, ce dernier pourrait dépasser assez rapidement les 90 dollars qui est son cours moyen actuel. 

Une augmentation du prix de pétrole entraînerait des conséquences sur la croissance mondiale et sur la rentabilité des autres producteurs dont les Américains. En cette fin d’année 2023, malgré une croissance médiocre de l’économie mondiale, le prix du pétrole reste à un niveau élevé en raison de la politique de réduction de la production menée par les pays de l’OPEP+ (OPEP et Russie). Le baril de Brent s’échange entre 80 et 90 dollars quand avant l’épidémie de covid, son cours avoisinait 65 dollars. L’Arabie Saoudite est le pays qui consent à l’effort de réduction le plus important avec comme objectif, le maintien du cours du baril autour de 90 dollars. La production de l’OPEP fin 2023 est de 36 millions de barils par jour quand elle dépassait 40 millions avant la crise sanitaire. La production de l’Arabie Saoudite est passée de 10 à 8 millions de barils par jour de 2020 à 2023. La demande mondiale de pétrole qui est de 105 millions de barils par jour évolue certes à un rythme plus faible qu’avant la crise sanitaire mais continue à augmenter. Sans relèvement de la production, des tensions sont susceptibles de survenir d’ici la fin de l’année prochaine.

Une augmentation rapide du cours du pétrole entraînerait une récession en Europe, au Japon, en Chine

Si le conflit présent au Moyen-Orient devait durer, voire s’étendre, le prix du pétrole pourrait augmenter encore, soit en guise de représailles des pays producteurs qui réduiraient leur production, soit en raison d’un embargo plus sévère sur le pétrole iranien qui pourrait être décidé par les États-Unis et les pays occidentaux. La production iranienne est de 3,2 millions de barils jour. En hausse assez marquée depuis deux ans, elle se rapproche de son niveau des années 2000 (4 millions de barils jour). Une augmentation rapide du cours du pétrole entraînerait la survenue d’une récession en Europe et au Japon. La Chine, premier importateur mondial, sera également touchée.

embrasement pétrole
Guerre en Irak © AFP

Un prix élevé encouragerait les investissements dans les énergies renouvelables et le pétrole de schiste

La demande mondiale en pétrole pourrait se stabiliser, voire décroître, réduisant les tensions sur le marché. Par ailleurs, un prix élevé encouragerait les investissements dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène), ce qui, à terme, aurait une incidence sur la demande. Un prix élevé se traduirait par une augmentation de la prospection dans le pétrole de schiste, en particulier aux États-Unis et au Canada. Entre 2009 et 2014, l’augmentation du prix du baril (de 40 à 120 dollars) s’est accompagnée, aux États-Unis, d’une progression du nombre de forages pétroliers (de 250 à 1 500). Sur cette période, la production de pétrole de schiste est passée de 2 à 6 millions de barils jour. La baisse des cours à partir de 2016 a conduit à une diminution du nombre d’appareils de forages. La production a continué à progresser mais à un rythme plus lent (8 millions de barils par jour en 2023). Au Canada, l’évolution est similaire. La production de pétrole est de 4 millions de barils par jour en 2023, contre 5 millions en 2022. Elle était de 3 millions de barils par jour en 2002. 

Le point de bascule pour relancer les recherches de gisements se situe autour de 120 dollars le baril. Un tel prix rendrait de nombreux gisements américains rentables et relancerait la prospection. Le temps de réponse des compagnies américaines se compte en mois. L’augmentation des cours du pétrole, en cas d’extension du conflit au Proche-Orient, serait temporaire sauf en cas d’embrasement général.

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire