Macron candidat au Nobel de la paix

Macron candidat au Nobel de la paix

Emmanuel Macron se rend en Russie, puis en Ukraine, après avoir discuté longuement avec Joe Biden, Boris Johnson, Andrezdj Duda, Jan Stoltenberg et bien sûr encore et toujours Vladimir Poutine et Volodomyr Zelensky. On pourrait croire qu’il cherche à conclure son mandat sur un Nobel de la paix.

Mais peut-il réussir à éviter la guerre en Ukraine ? Oui, de toute évidence. La Russie prendrait un immense risque à une action militaire. S’il avait le soutien de 90% des Russes pour occuper la Crimée, il n’aurait pas loin de là, le même assentiment pour une intervention en Ukraine, selon des instituts de sondage, pourtant contrôlés par le gouvernement.

Les Russes ne veulent pas de guerre

Il y a aussi les Ukrainiens, qui ne veulent pas de Poutine, ni d’un de ses représentants dociles, comme le fut Ianoukovytch. Une guerre ne serait pas une épreuve sans risque pour l’armée russe, sauf dans le Donbass, où elle est déjà présente sous couvert de milice et de conseillers.  

Sur le terrain russe et ukrainien, Poutine se mettrait en difficulté. Sur le plan international, ce serait pire. Emmanuel Macron arrive donc au bon moment. Il faut simplement se demander quelle est la meilleure façon d’obtenir une désescalade, sans que personne ne perde la face.

Frontière russo-ukrainienne ©AFP

Après avoir parlé à tous ses alliés, Macron peut déjà s’engager à revenir sur les menaces présentes. La France s’est dit prête à envoyer des troupes en Roumanie, un geste pour les États-Unis, qui  ont déjà redéployé des forces, et la Pologne. Ensuite, revenir aux principes selon lesquels aucune troupe ne sera installée de façon permanente à proximité des frontières de la Russie. Cela peut se faire par étapes, de part et d’autre. La discussion sur le déploiement de missiles en est un des éléments. 

De même, en matière commerciale, si la Russie peut tout à fait résister aux sanctions annoncées, comme tout régime autoritaire, la levée des menaces, voire,  des sanctions antérieures, doit être envisagée. Ce serait une sorte de victoire pour Poutine si les sanctions européennes suite à l’invasion de la Crimée étaient levées. Ce serait aussi une bonne décision pour les Européens. 

L’UE : un partenaire économique majeur de la Russie

L’UE représente encore 37% du commerce extérieur russe. Inversement le Russie ne représente que 4% de celui de l’UE. Les investissements européens représentent 75% des investissements étrangers en Russie. Mais avant les sanctions, les liens économiques et financiers entre la Russie et l’Europe étaient encore plus étroits. 

Là est le véritable enjeu pour la visite d’Emmanuel Macron. La paix ne peut s’établir entre la Russie et l’Ukraine, que si se réinstalle une atmosphère de coopération avec la Russie. 

L’affichage d’une entente antiaméricaine entre Poutine et Xi Jinping aux Jeux olympiques de Pékin ne peut faire illusion : la Russie est le second de la Chine, 10% de son économie à peine. Il est aussi stupide pour les Européens de pousser plus encore la Russie vers la Chine que pour les Russes de renforcer l’OTAN et de renforcer la tutelle américaine sur l’Europe. Selon les Américains, le gouvernement russe aurait dépensé, depuis 2016, 182 millions en lobbying, influence et propagande aux États-Unis. Combien en Europe ? Et pour quel résultat ? A la fin, tous contre le fauteur de troubles. 

Retour en grâce du Président Macron

Ecarté il y a 15 jours, Emmanuel Macron a su revenir, grâce, il est vrai, à son statut de Président du Conseil de l’UE. Mettant en relief le fait que dans les grandes décisions, ce sont les Etats, et non les institutions européennes qui comptent, même si elles aident. 

Jusqu’à présent, et depuis au moins dix ans, la diplomatie française avait rarement vu juste ni obtenu de succès : Mali, Liban, Syrie, Chine, Australie, Brésil, Venezuela,  Algérie, Centrafrique, même en Europe, les discours étaient d’autant plus ambitieux, les condamnations d’autant plus fermes que les résultats étaient rétifs, voire humiliants. 

Cette fois, une occasion remarquable s’ouvre. Plus que la paix, l’assise d’une sécurité collective en Europe à long terme. Construire un partenariat de confiance avec la Russie, est-ce encore possible ?  Si Macron réussit cet accord de long terme, il marque sa différence avec les États-Unis, et réussit là où Européens et Russes ont échoué depuis vingt ans. Cela mériterait un prix Nobel.  Quand on pense qu’Obama l’avait eu avant même de faire quoique ce soit ! 

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