La France métropolitaine partage ses frontières terrestres avec huit pays (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie, Monaco, Espagne et Andorre). Sept sont membres de l’Union européenne, la Suisse est membre de l’Association économique de libre-échange et Andorre a signé des accords de partenariat avec l’Union.
Les zones frontalières, en Europe, ont été longtemps des zones tampons peu propices à la croissance. Strasbourg s’est ainsi développé en tournant le dos à l’Allemagne. Mais avec la construction européenne et la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux, ces territoires connaissent, quand ils ne sont pas marqués par des barrières physiques difficilement franchissables comme les Pyrénées, un essor important se caractérisant par des niveaux de revenus élevés pour les ménages.
La population augmente autour des frontières avec la Suisse et le Luxembourg
De nombreux territoires frontaliers enregistrent une forte augmentation de leur population. Ces territoires sont souvent dotés d’infrastructures de transports importantes (autoroutes, voies ferrées, aéroports). Entre 2013 et 2022, la population augmente dans les territoires autour des frontières avec la Suisse et le Luxembourg. Les départements frontaliers français bénéficient de l’élan économique de ces deux pays, les travailleurs transfrontaliers y étant nombreux (215 200 travaillent en Suisse en 2020, et environ 95 800 au Luxembourg). Autour de Genève et du lac Léman, la population est en forte augmentation en particulier dans le canton de Vaud, dans le canton de Genève et dans celui du Valais.
La population augmente également du côté français (+10,8 % en Haute-Savoie et +7,7 % dans l’Ain). En revanche, du fait de la désindustrialisation, la population diminue dans le Territoire de Belfort et dans le Jura. La croissance de la population est très marquée au Luxembourg (+19,8 % entre 2013 et 2022), et dans une moindre mesure dans les zones frontalières belges et allemandes à proximité.
Côté français, la population est quasi stable en Moselle (+0,4 %) et en Meurthe-et-Moselle (-0,1 %). Cette quasi-stabilité masque des évolutions contrastées : en Moselle, la population augmente nettement à proximité de la frontière luxembourgeoise, alors qu’elle diminue à proximité de la frontière allemande autour de Forbach et de Sarreguemines, comme en Sarre de l’autre côté de la frontière. Les évolutions sont contrastées côté allemand le long de la frontière.
La population augmente aussi près de la frontière avec l’Espagne et Andorre, en particulier en Andorre (+14,0 %) ainsi qu’en Haute-Garonne (+11,9 %). La situation de ce département est un peu spécifique puisqu’il inclut seulement une petite partie de frontière et qu’il bénéficie de l’attractivité de Toulouse. La population croît dans la plupart des zones frontalières proches du littoral, comme les Pyrénées-Orientales (+5,5 %) et la province espagnole de Gérone (+3,7 %). Elle augmente plus faiblement, voire diminue, dans les autres zones frontalières éloignées du littoral.
La population augmente coté belge
Près de la frontière avec la Belgique, l’évolution démographique est différente de part et d’autre de la frontière : la population augmente dans tous les arrondissements belges, quand du côté français, elle est quasi stable dans le Nord et dans le Pas-de-Calais, et baisse dans la Meuse (-6,5 %), les Ardennes (-5,1 %) et dans l’Aisne (-2,8 %). Les difficultés économiques des Hauts-de-France expliquent cette évolution.
Au niveau de la frontière italienne, la population augmente dans les départements français du Sud-Est (notamment la Savoie, +5,0 %), et croît particulièrement à Monaco (+8,3 %). À l’inverse, elle diminue dans les provinces italiennes voisines.
L’Italie est en déclin démographique depuis 2015 et accueille peu d’immigration. Par ailleurs, la barrière naturelle des Alpes limite les déplacements conduisant à un nombre réduit de transfrontaliers.
Auteur/Autrice
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Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.
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