Les stars abêtissent, les héros ennoblissent.

Les stars abêtissent, les héros ennoblissent.

Sur les tabloïds, à la télé, à l’Elysée, cette nouvelle série : mon escroc bien aimé. Tapie est mort et Arsène Lupin fait un carton à l’étranger. L’un comme l’autre incarneraient l’esprit français. Ce déluge d’hommages a bien dû faire rire l’homme d’affaires qui a fait un dernier pied de nez à la Justice en tirant sa révérence quelques jours avec son procès. Tous ces éloges, sans doute mérités, peut-être sincères, surprennent quand ils viennent des plus hautes autorités de l’État. Le procureur Montgolfier, et tant d’autres, devraient donc raser les murs. Car aussi sympathique puisse-t-il avoir été, Tapie était quand même le symbole de l’affairisme, de la corruption, de l’esbroufe, du mensonge, des connivences politico-financières et de la jonglerie de trésorerie.

Les stars ne sont pas des héros

Belmondo, qui incarna Stavisky, aurait pu jouer Tapie. Il incarnait mieux encore que Tapie une sorte d’esprit français, mélange d’insolence et de succès, qui autoriserait à bouger toutes les lignes, y compris, pour Johnny, celles du fisc. Bebel reçut un hommage aux Invalides. Joséphine Baker, Gabin, Delon s’engagèrent dans l’armée, que ne mériteraient-ils pas ?

Il y a une différence entre les stars et les modèles. Les stars ne sont pas des héros, c’est une manie de publicitaire de les transformer en institution. Au moment où, sous les assauts de la cancel culture, on déboulonne les statues aux États-Unis, où Churchill vacille de son piédestal, est-ce une élévation d’y jucher acteurs, saltimbanques, affairistes et footballeurs ? Après Tapie, Bebel et Johnny, que fera-t-on demain pour Bardot,  Depardieu, Zidane, Drucker et Hanouna ? Qui se rappelle de Malraux : « Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège… ! ».

Au même moment, les journalistes du monde entier révèlent les comptes offshore des grands de ce monde, (un tout petit monde), mettant à l’honneur les princes de pays particulièrement pauvres, et quelques hommes politiques occidentaux qui eurent leur heure de gloire, comme notre champion des scandales : DSK. Le talent, on l’a ou on ne l’a pas, comme celui de cocher toutes les cases d’une éthique en acier trempé. Hier le sommet de la gloire, aujourd’hui l’opprobre, et demain? Aucun espoir n’est donc perdu pour DSK, quand on voit sa capacité d’influence. « Quel bagout ! », aurait dit Tapie.

Mieux vaut célébrer des héros, si possible des vrais.

Un pays a peut-être besoin de stars, en fait de leurs scandales. Il a surtout besoin de modèle. Mieux vaut célébrer des héros de notre temps et si possible des vrais.

Il y en a, aux Invalides, avant Bebel, il y a déjà quelques semaines, le caporal chef devenu sergent à titre posthume, Maxime Blasco, tué en opération au Mali, du 7ème bataillon de chasseurs alpins, recevait un hommage national. C’était un soldat exemplaire qui avait été gravement blessé en 2019 dans une opération au cours de laquelle il avait risqué sa vie pour sauver deux de ses camarades. Il avait une femme et un enfant de huit ans, désormais Pupille de la Nation. 52 soldats français sont morts au Mali depuis 2013. Tapie, au mieux, amuse, Blasco impressionne.

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