Entre la chute de l’euro, l’inflation grandissante en Israël et la hausse de la valeur de la monnaie de l’État hébreux, les Français installés dans le pays qui touchent leur salaire en euros rencontrent, donc, de grandes difficultés financières.
Une monnaie qui s’apprécie, l’autre qui se déprécie, le tout au milieu d’une inflation galopante, voici la situation des Français installés en Israël qui touchent leur salaire ou leur retraite depuis la France.
Deux monnaies, deux cours différents
Au début de l’année 2022, l’euro a entamé une chute de sa valeur face au dollar américain, mais si celle-ci était déjà significative, elle a d’autant plus été accentuée par l’invasion de la Russie en Ukraine et le début de la guerre qui s’en est suivie. Conséquemment, l’euro a atteint la parité symbolique avec le billet vert en juillet dernier, avant de devenir plus faible que lui pour la première fois depuis sa mise en circulation il y a vingt ans.
Mais en plus d’être symbolique, cette dépréciation a de nombreuses conséquences, tant sur les États de l’Union européenne, leurs entreprises mais aussi (et surtout dans le cadre de notre article) sur le pouvoir d’achat des détenteurs d’euros à l’étranger. Nous pensons donc aux Français installés à l’étranger qui perçoivent leur salaire ou leur retraite dans la monnaie européenne. Si pour nombre d’entre eux, cette chute de la monnaie unique a donc eu des conséquences sur leur pouvoir d’achat, cela est d’autant plus vrai pour ceux installés en Israël.
En Terre sainte, les courbes se croisent. Effectivement, depuis 2021 la monnaie locale, le shekel (ILS), ne cesse de se renforcer. S’il y a dix ans, 1€ équivalait à environ 5 ILS, aujourd’hui nous ne pouvons en obtenir que 3,3 ILS, sans compter les frais liés au change. Une perte donc drastique qui place nos compatriotes dans “une situation catastrophique” selon Meyer Habib, député des Français de la ViIIe circonscription, dont fait partie l’État hébreu.
Une inflation galopante
En novembre 2021, le média israëlien i24News titrait “le shekel à son plus haut niveau depuis 25 ans”, avant d’exposer dans l’article que “le renforcement du shekel par rapport au dollar américain est une catastrophe pour l’économie israélienne ». Et pour cause, depuis cette date, le shekel n’a cessé de s’affirmer, et le coût de la vie, lui, de croître. Au point où la même année, le classement annuel des villes les plus chères du monde du journal américain The Economist a placé Tel-Aviv en tête du classement, devant Paris et Singapour.
En effet, dans le pays, le coût de la vie est indexé sur les salaires les plus élevés, laissant les moyens et faibles revenus dans une situation délicate, ne serait-ce que pour se loger. Effectivement, selon le rapport du Bureau central des statistiques israëlien (BCS), les prix des logements ont pris 17,8% de leur valeur au taux annuel. Il faut aujourd’hui compter minimum 12 000 shekels pour vivre à Tel-Aviv, et au moins 3 000 shekels dans les petites et moyennes villes, loin de tout. Une gentrification est donc en train de s’opérer en Israël. La conséquence ? Pour beaucoup, il n’y a qu’une réponse : le départ du pays. Le député français confie s’attendre à voir “15 à 20% de la communauté française d’Israël partir d’ici les prochains mois.”
Les logements ne sont pas les seuls à voir leurs prix exploser. Dans les supermarchés,les prix ont flambé toute l’année, en particulier pour les produits importés, si chers aux cœurs des expatriés français. Meyer Habib donne l’exemple des yaourts qui coûtent aujourd’hui 4 ILS (soit 1,20€) le pot ! Face à cela, fin juillet certaines chaînes de magasins alimentaires ont décidé de refuser cette augmentation établie par les importateurs, et de donner davantage de place aux producteurs locaux sur leurs étals. Par conséquent, le groupe Diplomat, le plus gros importateur de produits en Israël, a lui aussi pris la décision de geler ses prix sur les produits étrangers jusqu’au Nouvel an juif en octobre prochain.
Une situation qui ne pourra se débloquer qu’au niveau politique
Pour répondre aux enjeux économiques, il faudrait un État fort mais Israël se trouve de nouveau en pleine crise parlementaire depuis que l’ancien premier ministre, Naftali Bennett, a annoncé le 20 juin dernier la dissolution de la Knesset, le Parlement israëlien. Alors qu’il s’agit de la cinquième dissolution en trois ans et que de nouvelles élections législatives sont prévues le 1er novembre, les habitants sont davantage préoccupés par la hausse du prix de la vie. Pouvoir d’achat, inflation et coût de la vie devraient donc être au centre du débat de la campagne politique dans les mois à venir.
Pour nos compatriotes retraités installés sur place et percevant leurs revenus en euros, ils dépendent entièrement des décisions politiques locales, comme le rappelle Meyer Habib. “Nous ne pouvons pas demander à la France d’adapter les retraites en fonction des pays dans lesquels ils vivent, ce serait bien trop compliqué à mettre en place », explique-t-il, avant d’ajouter “qu’Israël pourrait peut-être les aider en leur apportant un complément de revenus”. Cependant, les Israéliens étant en proie également à de nombreuses difficultés, la priorité ne sera pas donnée aux retraités français et autres Européens par les politiciens locaux… Pour l’heure il n’existe donc pas de solutions afin d’aider les Français israéliens, et la solution ne pourra donc venir que des politiques mises en place localement vis-à-vis du coût de la vie.
Un complément de revenus pourrait-il être donné par la France ?
Comme le rappelait Olivier Becht, le nouveau ministre des Français de l’étranger, dans son allocution de juillet, la France réfléchit à étendre la protection financière dont profitent les résidents sur le territoire national.
Si le format n’est pas encore défini, on peut espérer que ce type de situation sera pris en compte en intégrant une notion de pouvoir d’achat à un éventuel minimum vieillesse ouvert à tous où que le Français soit installé.
Actuellement, les personnes en difficulté majeure peuvent faire appel à la solidarité nationale via les organismes de solidarité (OLES) ou les aides exceptionnelles distribuées par les consulats. La bonne nouvelle c’est que le budget prévu pour la Covid n’ayant pas été dépensé dans sa totalité, les fonds ont été reversés aux associations ou ont abondé les crédits des sections consulaires.
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[…] Une règle pour laquelle de nombreux acteurs demandent la suspension en cette période exceptionnelle mais dont l’intégrité ne semble pas trouver écho aupres de nos directions. Se pose aussi la question des situations exceptionnelles que vivent les retraités hors zone Euro qui subissent de plein fouet la chute de l’Euro sur les marchés financiers comme en Israël. […]