Les Européens pourraient imposer le No deal

Les Européens pourraient imposer le No deal

Trois ans de négociations. Des heures et des heures de débats, de réunions, de commissions et sous-commissions. Des milliards de milliards de milliards de connexions de neurones d’intelligences supérieures, et à la fin : rien. On ne sait rien.

Le Royaume-Uni, cet ancien maître du monde, inventeur du Parlement et de l’Habeas Corpus, est en panne politique et intellectuelle. La Parlement a une nouvelle fois rejeté l’accord sur le Brexit, deux mois après un premier rejet. Il a aussi rejeté la possibilité d’un « no deal ». Ils devraient logiquement décider d’un report du Brexit après le 29 mars. Mais ce n’est pas si simple.

Tout d’abord parce que Teresa May a perdu toute crédibilité. Pour les Brexiters, les antibrexiters les Européens. Tous la voient comme un chef de gouvernement en sursis.

Beaucoup considèrent de plus en plus probable la victoire prochaine de Jeremy Corbyn, qui représente l’aile gauche du Parti Travailliste. Autant dire que Brexit + Corbyn n’attire pas la confiance de la City. Mais cela représente une maigre chance de voir surgir l’hypothèse d’un nouveau referendum, puisque Corbyn a finalement accepté cette éventualité. Tout cela reste de l’ordre de l’hypothèse et de l’incertain.

Il n’est même pas certain que la date du Brexit reste fixée au 29 mars. Les Britanniques peuvent demander un report, mais les Européens doivent l’accepter, à l’unanimité. Et beaucoup se disent : pour quoi faire ? Les Ambassadeurs se réunissent jeudi prochain à Bruxelles pour examiner une éventuelle demande. En attendant, toutes les capitales se préparent à un No deal, car désormais, ce sont peut-être les Européens qui risquent de l’imposer !

Dans tous les cas, un report ne peut aller au delà du 24 mai, lendemain de sélections européennes. Et encore. Si les Britanniques sont encore membres de l’Union, ils ont droit à des députés. Beaucoup de responsables européens se demandent ce que les Britanniques peuvent faire en deux mois. Car les Européens considèrent qu’ils n’ont rien de plus à offrir. La question est : voulez-vous rester dans l’Union douanière ou voulez vous en sortir ? Si vous en sortez, L’Irlande du nord aussi. Et cela brise les accords de paix en Irlande. Si vous y restez, vous devez en respecter les règles. Voilà, pour simplifier, le fond de la crise. Et pour la rendre plus concrète, certains se disent qu’il vaut mieux trancher tout de suite. C’est notamment l’avis des Français et des Néerlandais, deux pays qui ont pourtant de forts liens commerciaux avec le Royaume-Uni. Ceci explique peut-être cela. Jouer le tout pour le tout. Et préparer de nouveaux accords à partir d’une table rase.

L’hypothèse d’un refus européen est peut-être celle qui plairait le mieux, sans qu’elle l’avoue, à Teresa May. Elle ne prendrait pas la responsabilité du No deal, elle resterait au pouvoir. La seule façon pour elle de contenter Brexiter et antibrexiters, d’éviter Corbyn, de nouvelles élections et un nouveau referendum.

Le gouvernement britannique a d’ailleurs annoncé qu’en cas de No deal il exonérerait de droits de douane 87% des produits venant de l’UE. Et qu’il ne contrôlerait pas la frontière en Irlande. En somme un No deal qui accepterait l’Union douanière.

Quand on est dans le flou, on y reste. Le flou, c’est fou.

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