Alors qu’une des dernières lois du quinquennat, qui sera promulguée, concernera la gouvernance de l’AEFE, nous faisons le tour des propositions des candidats à l’élection présidentielle connues pour le réseau des écoles, collèges et Lycées français à l’étranger, l’Education à l’étranger !
Macron, une ambition décalée à 2030
Emmanuel Macron considère que les établissements du réseau AEFE et consorts sont « la colonne vertébrale » de l’enseignement du français à l’étranger. En 2018, fort de ce constat, il annonçait vouloir doubler le nombre de lycéens qui y sont inscrits « d’ici à 2025 ». « Ce réseau sera consolidé et dynamisé », avait déclaré le chef de l’État lors d’un discours à l’Académie française en mars 2018. 4 ans plus tard, c’est l’heure de faire le bilan.
Avec 375 000 élèves inscrits en 2021, on est loin du doublement espéré en 2018 pour 2025. En une décennie (2010-2020), le nombre d’inscrit a progressé de 30% et aucune accélération n’a été noté e depuis les déclarations du Président de la République. Les autorités de tutelle du réseau, les ministères des Affaires étrangères et de l’Education nationale, ont ramené les ambitions présidentielles à un objectif s’il n’est plus atteignable, il est plus lointain, doubler les élèves, oui, mais pas en 2025 mais pour 2030.
Pour cela, le gouvernement a prévu des ajustements. Menée par Samantha Cazebonne (sénatrice LREM des Français de l’étranger et ancienne proviseur d’un Lycée en Espagne), une réforme est en cours. Elle est plus motivée par les conséquences de la Covid que par l’objectif de 2030. Plus de formation pour les professeurs, plus d’accompagne des élèves, plus d’écoute des parents, mais c’est surtout l’augmentation prévue des ouvertures d’établissements créés par des capitaux privés et homologués AEFE qui devraient permettre d’atteindre le fameux doublement du nombre d’élèves.
A gauche, comme chez les syndicats des professeurs, on dénonce la privatisation rampante du réseau et les risques de voir les inégalités se creuser.
Pecresse, plus de bourses pour tous
A droite, on ne reprend pas la proposition de Nicolas Sarkozy, l’ancien Président de la République voulait rendre gratuite la scolarité des Lycées (exclusivement, la Seconde, la Première et les Terminales), mais on s’en inspire.
Dans une interview qui sera publiée le 27 février sur les site Lesfrancais.press, la candidate du parti Les Républicains, Valérie Pécresse, annonce qu’elle veut créer deux gammes tarifaires pour les élèves. En distinguant les élèves de nationalité française et les autres. Le réseau des écoles espagnoles hors d’Espagne ne fait pas différement. Les parents des petits Espagnols n’ont que 300 à 500 €/an à débourser pour la scolarité tandis que les autres nationalités se voient appliquer des tarifs plus élévés.
Un dispositif qui a un vrai sens dans notre réseau. En effet, dans la dernière étude de la Fédération des associations de parents d’élèves des établissements d’enseignement français à l’étranger publiée sur l’année 2018, les petits Français ne représentent que 35% des effectifs totaux.
Et pour aller plus loin, elle propose de rénover les critères pour les bourses scolaires afin que les classes moyennes aient eux aussi accès à la gratuité pour l’Education française où qu’ils soient dans le monde.
Melenchon : augmenter l’enveloppe dédiée aux bourses
Du côté de la France Insoumise, si Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas encore exprimé sur le sujet, on connait la position du parti.
Logiquement, le développement du secteur privé envisagé par Emmanuel Macron ne passe pas. Au contraire, la France Insoumise milite pour un renforcement de l’enveloppe budgétaire des bourses mais surtout le parti de gauche veut démocratiser l’accès à l’information. Pour eux, le problème vient surtout de la faible connaissance du dispositif boursier par les Français de l’étranger. A quand l’hologramme pour vous rappeler de remplir le dossier pour votre petit benjamin ?
Hidalgo : reconstruire un réseau meurtri par la Covid-19
Pour les Socialistes, le réseau des Lycées français à l’étranger a été meurtri pendant la crise de la Covid malgré les « fanfaronnades » de LREM. La priorité est donc pour eux d’assainir les comptes des établissements, redonner la priorité aux professeurs détachés et travailler, pour eux aussi, sur l’outil boursier.
Le Parti socialiste réclame par la voix de sa fédération depuis 2020 que les seuils d’exclusion, notamment liés à l’immobilier, soient relevés et que les critères d’éligibilité soient assouplis. Là, aussi, on pense aux classes moyennes.
EELV, réinvestir pour les services publics
L’éducation s’inscrit dans un constat général que font les écologistes : le désengagement de l’Etat des services publics dédiés aux expatriés. Eux aussi militent pour une limitation de la création des établissements privés et désirent plutôt voir une « vraie politique d’investissement au profit des établissements à l’étranger » se mettre en place.
Très engagés auprès des professeurs, la nouvelle sénatrice Melanie Vogel a été une des seules parlementaires des expatriés à apporter son soutien à la grève massive de novembre 2021, les responsables d’EELV désirent revenir sur les modifications statutaires et celles sur les recrutements imposées par le Ministre de l’Education National, M. Blanquer et le Ministre des Affaires étrangères M. Le Drian.
Le Pen et Zemmour
Le Rassemblement National n’a jamais eu de succès à l’étranger, ils n’ont pas (encore) développé un programme pour les Français établis hors de France.
Du côté de Zemmour, le succès chez les expatriés n’avait pas été anticipé malgré la création très amont d’un pôle dédié aux Français de l’étranger.
Que ce soit pour l’une ou pour l’autre, nous ne manquerons pas de les questionner lors de nos interviews dédiées à la présidentielle.
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