Les ambitions des syndicats de professeurs pour la rentrée scolaire

Les ambitions des syndicats de professeurs pour la rentrée scolaire

La majorité des établissements français à l’étranger vient de faire sa rentrée des classes. L’occasion pour l’ensemble des syndicats du personnel éducatif de définir ses objectifs et sa ligne de conduite pour l’année à venir.

Une nouvelle année scolaire vient de débuter. La précédente a été fortement marquée par les débats houleux entre les syndicats de professeurs, l’administration de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) et les ministères concernés. Grèves, rédaction d’un nouveau décret, phase de recrutement des professeurs difficile, plusieurs chantiers ont débuté que les représentants de professeurs comptent bien poursuivre. 

La défense du personnel au coeur de la ligne de conduite 

Le SNES hors de France et l’UNSA éducation ont tous deux posé comme premier objectif pour cette nouvelle année, la défense du personnel sur le plan salarial. 

Entre l’inflation grimpante à travers le monde et la chute de la valeur de l’euro, le pouvoir d’achat des professeurs a fortement baissé ces derniers mois. Cela est d’autant plus accentué par les stigmates laissés par la crise Covid, qui n’est d’ailleurs pas terminée dans certaines régions du monde comme en Chine. 

De plus, les aides exceptionnelles pour les Français de l’étranger viennent de prendre fin. Certes, elles ont touché peu de personnes car les démarches pour les percevoir étaient fastidieuses, mais elles étaient tout de même les bienvenues. Ainsi, la conjoncture économique place le corps enseignant dans une situation difficile au niveau financier. 

Adrien Guinemer de l’UNSA éducation

C’est pourquoi, les deux organisations de professeurs souhaitent se focaliser en premier lieu sur ce dossier. Selon Patrick Soldat, membre du SNES-FSU, l’attention sera encore plus portée sur les personnes en contrat de droit local qui sont d’autant plus victimes de l’inflation dans des pays comme le Liban ou la Bolivie. 

Par ailleurs, la défense du salaire des professeurs passe également par les Indemnités spécifiques à la vie locale (ISVL). Celles-ci sont définies par le décret 2022-896 concernant “les modalités de recrutement, de rémunération et de gestion des personnels des établissements français à l’étranger” et sont calculées en fonction du lieu de résidence. Or, dans ce nouveau décret les ISVL, jugées insuffisantes dans le contexte économique actuel par les représentants de professeurs, n’ont pas été modifiées. Les syndicats aimeraient donc pouvoir faire en sorte qu’un “nouveau système plus réactif à l’inflation dans le monde soit mis en place”, comme l’explique Adrien Guinemer de l’UNSA éducation. 

De plus, il indique que s’il y a une réunion trimestrielle afin de définir le montant des ISVL, le budget leur étant alloué ne change pas. Avant d’ajouter que “nous allons faire attention au budget octroyé à l’opérateur public”. 

Selon Patrick Soldat, revoir à la hausse les ISVL permettraient de rendre plus attractives des zones du monde qui ne le sont plus à cause du manque de sécurité ou des difficultés de la vie sur place. Toutefois, ces zones comme le Mali, le Sahel, Haïti ou l’Ethiopie ont besoin de rester ouvertes pour les élèves inscrits dans les établissements. 

AEFE
Stage « Exercer hors de France » à Chartres le 18 octobre 2021 par l’UNSA éducation Hors de France

Le budget octroyé à l’AEFE 

Le SNES et l’UNSA vont également porter une attention particulière au budget octroyé à l’opérateur public. Au même titre que les autres budgets de l’État, celui-ci va être voté dans les mois à venir dans le cadre de la Loi de finances. 

De son côté, l’UNSA va regarder de près les moyens donnés à l’Agence afin de pouvoir atteindre le doublement des effectifs du réseau d’ici à 2030, comme le souhaite le président de la République. Selon l’organisation syndicale, “sans un budget plus important, nous ne pouvons y parvenir”. 

Pour le SNES, il est important de savoir où est-ce qu’ira le budget voté. Effectivement, les membres du syndicat s’inquiètent de la fusion de plus en plus appuyée entre le public et le privé. Afin de répondre au plan CAP 2030, qui vise à étendre le réseau et donc doubler le nombre de ses élèves, l’AEFE crée de plus en plus d’alliances avec des établissements privés. Si le directeur de l’Agence, Olivier Brochet, s’en défend en disant que “ceci a toujours existé” et que l’opérateur public “reste la colonne vertébrale du réseau”, l’utilisation du public pour développer le privé alarme les élus de gauche et les représentants du personnel. 

“Maintenir un recrutement transparent”

Lorsque le nouveau décret est paru le 17 juin dernier, il laissait envisager la suppression des Commissions consultatives paritaires centrales ou locales (CCPC et CCPL). Sachant qu’elles visent à maintenir de la transparence dans le système de recrutement du personnel, les syndicats s’étaient mis vent debout face à cette éventualité. Le SNES-FSU a donc saisi le Conseil d’État qui leur a donné raison au cours de l’été, car les CCP sont bien inscrites dans la loi. Or, celle-ci prime sur les décrets. Si l’ensemble des syndicats a accueilli le maintien des commissions comme une victoire, il compte bien rester attentif. Effectivement, comme le rappelle Adrien Guinemer, “la loi peut être changée et si cela arrive nous ne pourrons pas faire grand chose”. 

Patrick Soldat, membre du SNES-FSU

Par ailleurs, plusieurs points du décret restent en suspens aux yeux des organisations syndicales. Effectivement, si le directeur de l’AEFE, Olivier Brochet, se félicite de la rédaction rapide de ce décret, c’est justement cette célérité qui a été contestée par les syndicats l’an dernier. Ils souhaitaient pouvoir prendre le temps de le rédiger afin de revoir l’ensemble du décret et ouvrir de nouveaux chantiers qui leur tiennent à cœur depuis longtemps. Nous pensons notamment au bornage sur la durée des temps de détachement ou la reconnaissance du droit à la mobilité à l’étranger pour le personnel installé en France. Celui-ci est souvent bloqué dans son académie et ne peut donc envisager l’expatriation. Selon le professeur de l’UNSA, le refus à la mobilité à l’étranger est motivé par le manque de personnel en France. Or, il appuie le fait que les établissements français à l’étranger connaissent le même problème et qu’ils n’en sont pas responsables. Il voudrait donc voir les ministères concernés trouver des solutions pour rendre au métier d’enseignant son attrait d’antan. Bien entendu cela passe par la reconnaissance du corps enseignant, c’est-à-dire une reconnaissance financière entre autres. 

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