La France retire ses troupes d’Irak

L’opération Chammal en Irak, c’est fini.

200 militaires français en Irak participaient officiellement à la formation de l’armée irakienne. Sous prétexte de Coronavirus, l’Etat-major a annoncé retirer « provisoirement » les troupes françaises d’Irak. Cette décision est prise, selon l’Etat-major, en accord avec le gouvernement irakien. Les Américains, qui sont à la tête de la coalition,  ont aussi annoncé le retrait d’un certain nombre de militaires. Tchèques et Britanniques aussi réduisent, en totalité ou partiellement, leur présence. Mais la France restera engagée, de loin, à partir des bases installées en Jordanie, au Qatar et au Koweït.

Il est peu probable que le gouvernement irakien retienne des forces dont il a parfois demandé le retrait : Le Parlement irakien avait voté pour le départ des militaires américains, après l’élimination du général iranien Suleimani et de chefs de forces paramilitaires irakiennes affiliées aux Gardiens de la Révolution. Les Irakiens sont désormais plus proches des Iraniens que des Etats-Unis, ce qui montre la finesse de la diplomatie américaine dans cette région.

Le coronavirus aura eu raison de la détermination française.

Quant à la France, elle réclamait jusqu’il y a peu le maintien de l’engagement de la coalition, considérant que la lutte contre Daesh en Syrie n’était pas terminée. La Ministre de la Défense française expliquait encore il y a un mois: « l’Irak est troublé par sa situation interne et par les soubresauts des rivalités internationales. Daesh continue de s’y réorganiser et d’y harceler les forces gouvernementales ».

Il semble peu probable que les troupes françaises retournent en Irak. Si la pandémie n’est pas un faux prétexte, puisque l’Iran a déjà reconnu 1700 morts et l’Irak plus de 20, elle semble malgré tout l’occasion de retirer des forces qui agissaient dans le cadre d’une stratégie devenue incertaine.

En 2014, sur décision du Président Hollande, La France a été le deuxième pays à s’engager dans la coalition internationale contre l’Etat Islamique, tout de suite après les Etats-Unis. Elle s’y est fortement impliquée, autant par ses forces aériennes que par son artillerie. Son action militaire a été efficace et reconnue comme telle contre les forces de Daesh. Cependant, après la décision américaine de retirer leurs forces de soutien en Syrie contre Daesh, et dans la mesure où les Européens n’ont pas voulu les remplacer, la présence militaire française au Moyen-Orient devenait de plus en plus problématique : Quelles forces ? Dans quels buts ? Avec quels alliés ?

Déjà l’an dernier, le chef de l’artillerie française, la force Wagram, avait été sanctionné pour avoir critiqué la stratégie de la coalition contre l’Etat islamique. La question était celle de tous les engagements militaires : est-on prêt à s’engager vraiment, avec des forces terrestres, ou s’agit-il seulement d’assurer un soutien, une présence? Le Colonel fut sanctionné, mais les réponses ne furent pas données. En fait, la présence française devait permettre d’être autour de la table pour le règlement de la guerre en Syrie. Mais les récentes discussions entre Russes, Turcs, Iraniens, Syriens (et Israéliens) se sont passés sans les Européens -sans les Français. Personne n’est plus capable de dire ce que l’on souhaite en Syrie, au Kurdistan ou en Irak.

Dans ce contexte, et compte tenu du désengagement américain, le retrait des forces françaises d’Irak est donc logique.

La question va se poser bientôt pour Barkhane au Sahel, où, cette fois, c’est le Chef d’Etat major qui explique au Parlement que l’on ne peut gagner cette guerre dans ces conditions et qu’on y est donc pour longtemps.

Là aussi le coronavirus commence à se diffuser.

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