Le secrétaire d’Etat aux Français de l’étranger, le ministre Jean-Baptiste Lemoyne, était en déplacement ce mercredi 13 avril à Bruxelles pour accompagner les militants de la République en Marche lors d’une opération de tractage au marché le plus fréquenté par les Français, celui de la place du Châtelain.
Convaincre tous les Français de se mobiliser
Jean-Baptiste Lemoyne répondait à l’invitation de la responsable de la section Belgique, Louise Coffineau, qui a réuni le ministre, mais aussi le député des Français du Benelux, Pieyre-Alexandre Anglade, le Président du Conseil Consulaire, Jérémy Michel, le Conseiller des Français de l’étranger pour le Benelux, Thierry Masson. Tous issus de la majorité présidentielle, ils ont répondu aux journalistes internationaux avant d’aller au contact des Français de la capitale européenne. Isabelle Wandelst, Conseillère des Francais de Belgique était aussi présente, élue sur la liste LREM, elle est issue de la société civile et est membre d’un groupe sur Facebook, Non-résidents contribuables en France. Ce dernier réunit des citoyens attentifs aux problèmes de fiscalité.
L’objectif était de mobiliser nos compatriotes pour s’opposer à l’extrême-droite, donc à Marine Le Pen, au second tour de l’élection présidentielle ce 24 avril 2022.
Un bilan satisfaisant et un projet pour la France
Dans la première phase du déplacement, le secrétaire d’Etat aux Français de l’étranger a fait le bilan de l’action présidentielle tant pour les expatriés que pour le pays.
Pour Jean-Baptiste Lemoyne, la différence frappante entre 2017 et 2022 est la place du thème de l’emploi dans le débat entre les candidats. Si le chômage n’est plus évoqué, c’est parce qu’Emmanuel Macron a vaincu ce mal endémique depuis 30 ans, selon le secrétaire d’Etat.
Pour le prochain mandat, le ministre, qui est aussi chargé du tourisme, est revenu sur le projet pour la Nation que propose Emmanuel Macron qui, selon ce dernier, est totalement financé à la différence de celui de Mme Marine Le Pen. Selon les calculs de l’Institut Montaigne, le plan du RN conduirait la France dans un gouffre financier alors que celui du président-candidat permettrait un meilleur partage des richesses créées.
« Des Français à part entière »
Coté expatriés, les points positifs du bilan de l’actuel Président de la République ont été largement mis en avant par Jean-Baptiste Lemoyne lors de la rencontre bruxelloise. Il a ainsi évoqué : l’implémentation de la plateforme France Consulaire, des tests pour intensifier la dématérialisation et faciliter ainsi les démarches administratives, sans oublier le fonds de solidarité mis en place pendant la pandémie, et la distribution dans plus de 60 pays de vaccins. Il a par contre soigneusement évité de parler de la réforme fiscale avortée, ou de la CSG qui est toujours appliquée aux Français installés hors de l’Union européenne.
Questionné par Lesfrancais.press sur les motifs impérieux exigés aux frontières, le secrétaire d’Etat aux Français de l’étranger a reconnu la maladresse de la mesure, tout en la repositionnant dans le contexte de la pandémie qui a conduit à prendre des décisions dans la précipitation. Selon lui, la situation ne pourrait pas se reproduire. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui ont été privés de l’accès au territoire national.
Autre sujet que nous avons voulu aborder avec lui : la réforme du Conseil consulaire. Depuis l’élection des nouveaux élus locaux en 2021, comme vous le savez, ou pas encore, ces instances consulaires sont désormais présidées par un élu. Mais loin de renforcer la coopération entre représentants de la communauté installée dans le pays et son administration consulaire, les difficultés se sont accumulées, bloquant souvent les actions que les Conseillers consulaires auraient voulu mettre en œuvre. Jean-Baptiste Lemoyne, qui a participé à la mise en place de cette réforme voulue par Emmanuel Macron, s’est montré optimiste dans l’instauration d’une relation de confiance entre le Président du Conseil et le Consul au fil du temps. Il appelle à la bonne volonté des parties en présence. Pour lui les tensions ne sont présentes que dans 20% des circonscriptions consulaires et son cabinet comme lui travaillent à les lisser et à instaurer un esprit de collaboration pour permettre la réussite du train de réformes que promet LREM en cas de réélection d’Emmanuel Macron.
Car des réformes, il y en a encore à mener pour faire des expatriés des « Français à part entière » comme le martèlent les équipes du président-candidat. Pour cela, il aura besoin de l’administration.
Des habitudes à changer
Au cours de la rencontre, nous avons évoqué le premier droit pour un « Français à part entière » : celui de voter. En effet, la gestion du premier tour fut chaotique.
Tout d’abord, de nombreuses convocations étaient fausses, Jean-Baptiste Lemoyne nous a confirmé que l’erreur s’est produite quand ont été ajoutés des nouveaux bureaux afin de densifier le maillage dans certains pays, comme à Cork en Irlande. Circonspect, comme nous tous, il assume l’erreur du fonctionnaire qui n’a pas mis à jour le fichier des bureaux de vote. Une bêtise de stagiaire qui a eu de lourdes conséquences pour de nombreux compatriotes, provoquant confusion et mauvais aiguillages dans de nombreux pays.
Au fil de la conversation, les bugs de l’administration occupent de plus en plus les esprits. Thierry Masson, président du groupe de la majorité présidentielle à l’Assemblée des Français de l’étranger, nous rappelle les problèmes rencontrés aussi dans le financement des associations. Une passe d’armes entre élus et la directrice Laurence Haguenauer, lors de la dernière session de l’AFE, a nécessité l’intervention du ministre. Jean-Baptiste Lemoyne a dû rééquilibrer le partage des subventions entre institutions liées à l’administration et les associations citoyennes tenues par de vrais expatriés et soutenues par les élus locaux.
Lorsqu’on lui demande si une fois les élections passées, les mauvaises habitudes ne reprendront pas le dessus, Jean-Baptiste Lemoyne nous confie que ce fut un choc pour l’administration consulaire d’être ainsi remise en cause, et qu’avec un second mandat d’Emmanuel Macron, cette politique ne perdurera désormais sans de réguliers rappels à l’ordre si nécessaire.
« On va continuer les électrochocs »
Le secrétaire d’Etat aux Français de l’étranger, Jean-Baptiste Lemoyne, à Bruxelles.
Car des services aux expatriés, les consulats vont devoir en rendre de plus en plus.
Les projets pour le prochain mandat
Et pour arriver à tenir leurs objectifs, les élus de la majorité présidentielle ont un vaste plan. Tout d’abord pour augmenter la disponibilité des agents consulaires sur place afin de répondre aux nouvelles attentes, une plateforme d’information sera mise en place. Un prolongement de France Consulaire qui deviendra France Services Publics – Français de l’étranger.
Accessible depuis tous les pays à partir d’un numéro local, ce service téléphonique sera disponible 7/7 et 24/24 afin de s’adapter au rythme des différents pays et à leurs horaires. Il sera complété par un nouveau service d’identification en ligne qui permettra de commander ses papiers d’identité, de donner procuration sans se déplacer, etc. Les premiers tests auront lieu au cours de l’été au Portugal et au Canada.
La résidence de repli
L’autre grand point du programme pour les expatriés d’Emmanuel Macron c’est la création de la « résidence de repli ». Ce nouveau dispositif vous permettra de désigner un bien en France qui bénéficiera des mêmes avantages qu’une résidence principale.
Concrètement, on ne vous réclamera plus les taxes et impôts dûs pour une résidence secondaire comme ça l’est actuellement. Mais aussi vous pourrez bénéficier de toutes les aides et crédits d’impôts normalement réservés aux résidents en France.
Avec ce dispositif, l’entretien ou l’aménagement d’un bien en France seront grandement simplifiés, et permettront à de nombreux Français établis hors de France de conserver cette attache avec le pays. En cas de cession, actuellement les expatriés peuvent déjà vendre jusqu’à deux biens sans payer la taxe sur la plus-value. Si vous avez déjà cédé deux biens, il sera donc possible d’en vendre un troisième sans taxation. Attention à l’effet d’aubaine, cela pourrait amener Bercy à durcir cette proposition.
Les pass pour les jeunes
Conserver le lien entre la France et ses enfants aux quatre coins du monde, c’est la ligne qui animerait le projet d’Emmanuel Macron. Si on quitte la France une fois adulte, le lien est évident et naturel, mais quid des jeunes ? Souvent ils sont partis trop tôt pour se souvenir de la vie dans l’hexagone, ou tout simplement ils sont nés hors de France. Alors comment créer un lien solide et qui ne s’altérera pas avec le temps et la distance ?
La première réponse du président-candidat passe par la Culture. En cas de réélection, Emmanuel Macron veut étendre le pass Culture à tous les petits Français de l’étranger, nous l’indiquait déjà Samantha Cazebonne dans le podcast dédié au programme de LREM pour la présidentielle. Ce pass est une somme mise à disposition via des bons ou une carte aux jeunes pour acquérir des produits culturels. Si en France, il est accepté comme un moyen de paiement, on ne sait pas comment le dispositif sera déployé à l’étranger. Devront-ils commander en ligne sur un site français ? Attendre d’être en France ? Ou recevront-ils une somme en numéraire ? Ce sont encore des détails qui restent à inventer.
La seconde réponse qui est sûrement la plus ambitieuse, c’est la prise en charge des jeunes qui veulent faire leur Service National Universel. Actuellement, comme tous les Français, les expatriés qui arrivent à l’âge adulte peuvent demander leur participation à ce programme de cohésion nationale et sociale. Le hic ? C’est que la prise en charge du jeune se fait à partir du territoire national.
A ce jour, les parents établis à l’étranger doivent financer le voyage jusqu’en France, éventuellement trouver un logement, etc. Jean-Baptiste Lemoyne nous a assuré que des solutions seront mises en place afin de mettre fin à cette différence de traitement qui peut empêcher un jeune Français de s’intégrer dans sa communauté nationale qu’il connait souvent fort peu… Par contre, le ministre ne nous a pas chiffré les concessions que l’Etat serait prêt à faire pour financer ce nouveau dispositif. Mais Jean-Baptiste Lemoyne nous l’avait dit au début du déplacement : tout le programme d’Emmanuel Macron est bien financé. A suivre…