Il est un domaine où l’infamie a trouvé refuge. Cela s’appelle la querelle politique. C’est chaud, facile, et la petite puce de l’infâme s’est bien installée. Vous pouvez toujours gratter, elle va piquer.
On peut dire sans se tromper que cela dure depuis quelques millénaires. On va se faire voir, un instant, chez les Grecs, selon l’expression consacrée. On tombe sur Socrate. Il n’a jamais écrit une ligne mais il dérange. Comme pour tous les bons profs, les philosophes, les penseurs, on va lui trouver « LE » délit magnifique : il corrompt la jeunesse ! Il faut qu’il meure. Chacun d’entre nous, père de famille, a certainement corrompu la jeunesse.
Sautons environ vingt-cinq siècles et l’infamie est là, intacte. On appelle cela « l’affaire Dreyfus ». Le juif est une espèce très rare. Surtout s’il est officier. C’est donc le traître de service. L’humilier, l’embastiller, le dégrader, voilà de la haute politique ! On appelle ça une affaire…
Arrive De Gaulle. Pour commencer, on le condamne à mort. Tribunal militaire présidé par le général de Lattre. Ce n’est pas rien. Puis un maréchal chevrotant le poursuit jusque dans sa maigre troupe de fidèles… Qui, au fil du temps, s’élargit sans cesse.
Incarnation de la mort
L’erreur politique est une chance à saisir lorsqu’elle est infâme. Il suffit de choisir le chemin de son contraire : s’insurger quand personne ne le fait. Prendre les clowns sinistres pour ce qu’ils sont : des voyous. Considérer Mussolini, Hitler, Staline, Pol Pot, Mao, Franco et beaucoup d’autres, plus modestes, comme étant, chacun, l’incarnation de la mort. Alors, fusillé ou pas, vous pouvez mourir en paix. Jean Moulin, Péguy, Lorca, Marc Bloch, Manouchian, Max Jacob et tant d’autres… vous accompagneront…
Un élu d’aujourd’hui avait eu cette phrase dont la stupidité nous envahit encore : « Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire » … Une phrase française qu’aurait pu prononcer Lénine. La stupidité n’est pas encore un délit et il n’est pas souhaitable qu’elle le soit : elle peut toujours servir sur le tableau noir de nos écoles.
Un cours sur ce vaste sujet s’ajouterait ainsi à l’enseignement actuel. Il serait varié, florissant, ironique et accompagnerait l’écolier à chacune de ses classes : la connerie politique dans l’Antiquité, au Moyen Age, au parlement, à l’ONU… Personne ni échapperait : ni la gauche ni la droite… Même pas les profs…
François Leotard
a.Ministre, a.Député