Économie : Grèce et États-Unis, les deux vainqueurs de 2023 

Économie : Grèce et États-Unis, les deux vainqueurs de 2023 

Avec la hausse des taux d’intérêt, avec la crise immobilière en Chine puis la guerre au Proche-Orient, le principe d’une récession mondiale était communément admis. Les États-Unis avec des taux directeurs de plus de 5 % devaient sombrer dans la léthargie économique et la zone euro avec des taux directeurs de plus de 4% devaient renouer avec la crise des dettes souveraines. Or, ce scénario catastrophe n’a pas eu lieu. 

La croissance de l’économie mondiale a certainement atteint 3 % en 2023. L’inflation est en recul et le taux de chômage reste historiquement faible. Les grands indices boursiers se sont appréciés de plus de 15 % en moyenne. Le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques, a même gagné, en un an, plus de 50 %. En prenant en compte comme indicateurs, l’inflation, le PIB, l’emploi et la performance boursière, l’hebdomadaire The Economist a classé 35 pays.

Grèce, Etats-Unis, Corée du Sud, Canada, Chili en tête

Sur le podium de ce classement figurent la Grèce, la Corée du Sud et les États-Unis. Le Canada et le Chili se classent quatrième et cinquième. Parmi les pays les plus mal classés figurent des anciens champions économiques comme l’Allemagne, la Suède, la Finlande ou le Royaume-Uni. Les pays ayant maîtrisé le mieux l’inflation sous-jacente (hors énergie et hors alimentation) sont le Japon et la Corée du Sud. La Suisse figure également parmi les bons élèves avec une inflation sous-jacente de 1,3% sur un an en 2023. 

En Europe, cependant, de nombreux pays éprouvent les pires difficultés à sortir de la spirale inflationniste. L’inflation sous-jacente en Hongrie s’élevait, en novembre, à 11 % sur un an. La Finlande, qui dépend fortement des approvisionnements énergétiques russes, est également en difficulté. Les pays dont la banque centrale a réagi rapidement obtiennent les meilleurs résultats dans le processus de désinflation. Les États-Unis, la Corée du Sud et le Chili sont les trois pays ayant le mieux réagi face à la hausse des prix. Le Canada peut être également ajouté à la liste. En revanche, en Australie, la bataille contre la hausse des prix peine à prendre forme.

L’inflation sous-jacente demeure encore vive dans plusieurs pays d’Europe dont l’Allemagne et la France. L’évolution des coûts salariaux dans ces deux pays pourrait même conduire à un rebond de l’inflation. La croissance a ralenti en 2023 en lien avec la hausse des taux directeurs et la baisse de la productivité. Les pénuries de main-d’œuvre ont également pesé sur la croissance. Néanmoins, un nombre réduit de pays ont connu une diminution de leur PIB en 2023. L’Irlande a été un des pays les moins performants avec une baisse de 4,1 % mais le PIB irlandais est un indicateur peu fiable de la santé du pays. Il dépend des remontées des bénéfices des multinationales.

Grèce et Etats-Unis
©Statista - FMI

Stagnation en Allemagne, Royaume-Uni, Estonie

L’instauration d’un impôt mondial sur les bénéfices et les pressions des États pour imposer localement ces derniers réduisent leur remontée en Irlande. Parmi les pays ayant enregistré une diminution ou une stagnation de leur PIB figurent l’Estonie, l’Allemagne et le Royaume-Uni. L’Estonie est directement confrontée à la contraction des échanges avec la Russie. L’Allemagne doit faire face à l’augmentation des coûts de l’énergie et à l’érosion de ses échanges avec la Chine qui, en outre, la concurrence en matière de ventes de voitures. Le Royaume-Uni peine à gérer sa sortie de l’Union européenne qui se traduit par une diminution des échanges et des investissements extérieurs.

Les surprises : les Etats-Unis et le rebond grec

Les États-Unis ont, en revanche, surpris avec une croissance, en 2023, de plus de 2%. Celle-ci est certes la conséquence d’un imposant déficit public, de plus de 7 points de PIB en 2023. Le Canada connaît également une augmentation de son activité sur fond de plein emploi. La croissance grecque aurait atteint plus de 2,5 % en 2023 quand celle de la zone euro ne devrait pas dépasser 0,5 %. Après dix années (2008-2018) de crise économique qui a amputé son PIB de 25 %, la Grèce connaît un rebond qui a surpris. La bonne tenue du tourisme explique en partie le niveau élevé de sa croissance. Ses obligations ne sont plus classées par les agences de notations financières comme des « junk bonds » (obligations pourries) et deux de ces agences, S&P’s et Fitch, ont même récemment relevé sa note. Le pays a accepté les réformes imposées par l’Union européenne, la BCE et le FMI. L’âge de départ à la retraite a été reporté à 67 ans dès 2010. Le FMI a souligné que l’économie est de plus en plus concurrentielle et a loué l’effort d’investissements dans le numérique des entreprises de ce pays. La dette demeure malgré tout élevée, à plus de 160 % du PIB. La corruption demeure prégnante comme l’a prouvé le scandale né après l’accident ferroviaire de mars dernier. 

Sur le terrain boursier, les indices sont en forte hausse dans de nombreux pays. Ceux des États-Unis ont effacé les pertes de 2022. L’indice japonais Nikkei a gagné plus de 25 %, ce qui est une première depuis des années, le pays ayant connu un cycle déflationniste durant trente ans. Le marché grec est également en forte croissance avec une appréciation de plus de 20 %. 

En revanche, le marché boursier australien, qui dépend du cours des matières premières a reculé. Il en est de même pour le marché boursier finlandais, l’action Nokia continuant sa descente aux enfers. 

2023 aura été une mauvaise année pour l’Allemagne et la Chine, deux champions de la décennie précédente. Leur modèle axé sur l’industrie et les échanges doivent gérer tout à la fois les normes environnementales, l’augmentation du coût de l’énergie et les tensions géopolitiques. Ces deux pays disposent néanmoins d’atouts majeurs, la force de leur secteur industriel et une R&D de qualité. En 2024, le match est ouvert pour savoir qui succéderont aux États-Unis et à la Grèce comme champions économiques de l’année.

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