En une dizaine d’années, nous accumulons malheurs et déboires. Nous avons connu en 2008 une crise à l’époque qualifiée de centennale ; en 2012, l’euro et les économies européennes sont menacées par la crise des dettes souveraines ; en 2020, une épidémie sans précédent frappe l’ensemble de la planète, puis en 2022, le vieux continent est en proie à une guerre d’une ampleur inconnue depuis 1945. Ces évènements, se produisent avec, en toile de fond, la sourde menace du réchauffement climatique qui, année après année, met en danger notre écosystème. Serions-nous victimes d’un signe indien ou payons-nous le prix de notre inconscience, de nos erreurs passées, de nos égoïsmes ?
Une montée aux extrêmes des émotions
La médiatisation de nos vies et de notre quotidien a changé en profondeur notre rapport à l’actualité. Les chaînes d’information en direct et les réseaux sociaux génèrent une montée aux extrêmes des émotions et du catastrophisme. Elles s’en nourrissent et nous en sommes également les catalyseurs.
Au-delà des drames que subissent les populations concernées par la guerre, la guerre opposant la Russie à l’Ukraine donne également lieu à une bataille de la communication. Pour la première fois, un pays dirigé par un ancien comédien et peuplé d’habitants ultra-connectés est au cœur d’un conflit militaire. En France, en Allemagne, aux États-Unis mais aussi au Brésil, cette guerre est vécue en direct. Les avancées, les échecs de l’armée russe et la résistance des Ukrainiens sont vécus en direct par l’intermédiaire des vidéos et des images. L’invasion ukrainienne a chassé de nos écrans le virus du Covid qui pourtant demeure présent dans l’ensemble des pays. Toutes les données sont bien absorbées sans filtre avec, à la clef, l’apparition de peurs bien souvent irrationnelles.
L’augmentation du cours du pétrole est l’expression d’une peur
Ainsi, l’augmentation du cours du pétrole, du gaz, des matières premières et des produits agricoles n’est en aucun cas la conséquence d’une pénurie, d’une raréfaction de l’offre; elle est l’expression d’une peur, d’une anticipation d’hypothétiques embargos. Par autoréalisation, les agents économiques se fabriquent leur propre crise.
L’invasion ukrainienne rappelle tristement à l’Union européenne qu’elle n’évolue pas en dehors de l’histoire. De l’échec du référendum français sur le traité constitutionnel en 2005 au Brexit finalisé en 2021, en passant par la crise grecque, les États membres ont subi les évènements et négligé le monde extérieur. Ils ont cru à « la fin de l’histoire » en vertu de laquelle les démocraties avaient définitivement gagné la partie. Considérant que la paix était définitive, ils ont entendu profiter de ses dividendes en se désarmant, tout en continuant à compter sur le supposé soutien indéfectible de l’allié américain.
La montée en puissance de la Chine et la résurgence des phénomènes nationalistes n’ont pas donné lieu à une véritable réflexion d’ensemble. Si les migrants sont devenus un problème avec l’Europe, celui-ci a été avant tout cantonné aux pays dits périphériques au risque de fragiliser l’unité de l’ensemble. L’épidémie de Covid a souligné que les virus ne prêtaient guère attention aux égoïsmes des peuples européens en passant d’une frontière à une autre. L’Union après quelques tergiversations a réagi en mettant en place un plan de relance de nature fédérale.
La question énergétique au cœur du projet européen
L’invasion ukrainienne a rappelé que l’isthme européen, cette bande étroite de terres aux confins du continent asiatique, morcelée en de multiples États constitue un ensemble fragile. Nous devons renouer avec l’esprit des pères fondateurs de la construction européenne. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, ceux-ci avaient mis la question énergétique au cœur du projet européen en créant la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier puis Euratom en charge du nucléaire.
La décarbonation de l’économie ne pourra être réalisée que dans l’union des États membres. Pour la première fois dans l’Histoire, nous devons, en un laps de temps réduit, modifier tous nos processus de production et apprendre à nous passer des hydrocarbures qui depuis plus de cent ans sont au cœur de nos économies. Ce défi majeur qui exige des financements incommensurables, suppose un grand sens des responsabilités et des solidarités de la part des Européens.
Laisser un commentaire