Crise sanitaire : L’argent ne fait pas le bonheur mais...

Crise sanitaire : L’argent ne fait pas le bonheur mais...

Depuis l’irruption de la crise sanitaire, près de quatre Français sur cinq souhaitent ralentir leur rythme de vie

(enquête Crédoc – mai 2020).

Que ce soit à travers les réponses apportées à de multiples enquêtes ou par leurs votes, les Français mettent en avant comme éléments fondateurs du bonheur, la protection de l’environnement, les loisirs, la liberté, la nourriture, l’air pur, la randonnée et le vélo. Les notions de « bien-être », de « calme », de « zénitude » apparaissent désormais comme des priorités.

Si l’argent reste un élément déterminant du bonheur, en revanche, la notion de promotion sociale et celle de réussite professionnelle disparaissent du vocabulaire des Français.  Si la promotion sociale n’est pas une valeur porteuse, la question du niveau de vie l’est bien plus. Avec la crise du coronavirus, la question de la revalorisation de certains emplois pénibles ou faiblement rémunérés se pose avec acuité. Les termes «professions invisibles », « l’armée des ombres » « les salariés au front » et « les salariés à l’arrière » ont été avancées pour souligner à tort ou à raison un pays à plusieurs vitesses et segmenté.

Une volonté constante de réduire les écarts de salaire

L’idée sous-jacente est qu’une partie de la population est tout à la fois mal considérée et sous-payée au regard de la dureté de son travail et de l’exposition potentielle au virus. Il a été ainsi avancé que les invisibles avaient tenu la France quand les cadres étaient à l’arrière en télétravail. Ces propos sont l’expression d’un réel malaise qui traverse le pays. Une enquête du Crédoc du mois de juin souligne que ce débat n’est pas sans conséquence sur l’appréciation du niveau des rémunérations. Ainsi, les Français estiment qu’il faudrait augmenter les caissiers de 271 euros par mois et baisser les salaires des cadres de 415 euros. Cela reviendrait à relever la rémunération des premiers de 21 % et de baisser celle des seconds de 10 %.

Les Français voudraient que le rapport entre le salaire d’un caissier et d’un cadre passe de 3,2 à 2,4. Cette volonté de réduire les écarts de salaire est une constante en France. Sur ce sujet, en 1998, le Crédoc avait réalisé la même enquête qui avait induit le même résultat. Il convient de noter que les Français, en vingt ans, évaluent mieux le niveau des rémunérations.

La question d’une meilleure rémunération de certains emplois concerne en premier lieu les femmes. Elles sont surreprésentées dans le personnel soignant (88 % des soignants et des infirmiers et 93 % du personnel des EHPAD). Les caissiers de magasin sont à 88 % des caissières et 94 % des aides à domicile sont des femmes.

Dans cette période de déconfinement, l’épargne demeure une priorité pour les Français. La crise sanitaire a renforcé les tendances à la frugalité déjà présentes depuis de nombreux mois. Selon l’OFCE, les ménages ne veulent pas consommer la totalité de la poche d’épargne de précaution constituée depuis le mois de mars et qui s’élève à 75 milliards d’euros même s’ils veulent en utiliser une partie pour améliorer le quotidien de leurs vacances.

Par ailleurs, la crise de la Covid-19, selon une étude récente du Crédoc (Consommer plus sobre, une tendance que la crise de la Covid-19 pourrait amplifier – étude juin 2020) a conforté les Français dans l’idée de lutter contre le gaspillage. Dans le prolongement des habitudes prises lors du confinement, ils souhaitent réduire les achats de viande au profit des légumes et fruits issus des filières écologiques.

Une envie de consommation locale et équitable

Le concept de consommation locale et équitable est celui qui a le plus progressé au niveau des intentions relevées par le Crédoc. En avril, durant le confinement, 75 % de consommateurs indiquaient avoir placé l’origine de la production en tête des priorités. Ce taux n’était que de 54 % en 2008. Le fait que le produit soit issu de circuits courts est un atout pour 76 % de consommateurs.

De plus en plus de Français se déclarent favorables à l’acquisition d’objets d’occasion. Ils sont également une majorité à estimer que la course à l’innovation n’a aucun intérêt. Toujours selon le Crédoc, la proportion de consommateurs jugeant l’usage d’un bien ou d’un service plus important que sa possession est passée de 65 % en 2010 à 76 % en 2019. Cette allégation doit toutefois être relativisée.

À la sortie du confinement, la demande en biens technologiques et notamment téléphoniques a connu une très forte croissance. Il en a été de même pour les chaines d’habillement qui jouent sur les effets de mode (Zara, H&M, etc.). Pour autant, pour le Crédoc, seulement 16 % des Français prendraient du plaisir en réalisant des achats contre 18 % en 2019. 48 % des sondés déclarent que les achats sont réalisés autant par nécessité que par plaisir.

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