« Vive la Suisse libre » et le vote par internet !

« Vive la Suisse libre » et le vote par internet !

« Vive la Suisse libre », crie l’Ambassadeur libéré de ses kidnappeurs, Jacques Brel et Lino Ventura, dans « l’Aventure c’est l’aventure », film prophétique qui assénait : « Le capitalisme, c’est fini. Le Socialisme c’est fini. La Cinquième (République) c’est fini. » Prophétique ? La Suisse résiste !

Les Suisses se sont prononcés sur cinq sujets ce dimanche aussi différents que la libre circulation des travailleurs, la loi sur la chasse, l’achat d’avions de combat,  la déduction fiscales des frais de garde, le congé paternité. Les résultats leur appartiennent. La méthode, elle, est universelle. 

Cinq votations, pas de Brexit pour la Suisse

Pendant ce temps, le congé paternité a été allongé en France, sur décision présidentielle. Bars et restaurants ont fermé à Marseille, sur décision du ministre, sans que les élus, maire ou président de région, ne soient consultés. Centralisme démocratique.

Pendant ce temps, l’élection américaine déploie ses outrances. Trump dénonce les irrégularités à venir, Steve Banon, son ancien conseiller, explique la stratégie de la vérole ainsi :

 « Répandez des immondices partout et vous tuez le débat ».

Steve Banon

Biden reste favori : il a battu tous les records de levée de fonds : 395 millions de dollars rien qu’au mois d’août. Trump, à huit semaines de l’élection, a déjà dépensé son milliard de réserve. Biden a payé 45 millions pour passer une pub de son discours dans neuf swing states. Jamais le monde n’a autant dépendu de quelques électeurs de quelques Etats (Floride, Pennsylvannie, etc…). Quelques pubs, un mot de travers. Il faut une minute pour perdre un combat, un combat pour perdre une bataille, une bataille pour perdre une guerre et changer de monde. On a aussi le droit de gagner.

Biden plus riche que Trump 

Pendant ce temps, les femmes manifestent en Biélorussie contre Loukachenko, « qui doit partir » selon Emmanuel Macron, des journalistes sont pourchassés en Algérie, des élus emprisonnés en Turquie, tandis que la Chine rappelle sans humour que « la démocratie et les droits de l’homme font partie de sa constitution ». 

Pendant ce temps, enfin, une enquête conduite par le Consortium International des Journalistes d’Investigation (CIJI) et 108 medias internationaux dévoilent, à partir de documents américains du Congrès et du FinCen[1], comment les grandes banques, à commencer par la Deutsche Bank, JP Morgan, HSBC, Mellon, blanchissent l’argent du crime et du terrorisme. Les Nations unies estiment qu’à peine 1% des 2400 milliards de dollars blanchis chaque année sont détectés. 

Les banques au service du crime

Les banques suisses apparaissent peu dans le rapport. Peut-être ont-elles craint les représailles américaines possibles, les Etats-Unis qui ont contraint, il y a quelques années, à l’échange des données en matière d’évasion fiscale. C’est pourquoi il sera intéressant de voir si les Etats-Unis vont condamner leurs propres banques pour « financement du terrorisme », comme ils sont prêts à sanctionner les autres.

Dans le monde post-corona, se distingueront les pays et les entreprises qui profiteront de la révolution accentuée par la crise, et, d’autre part, les perdants. En Europe, une reprise dite en « K » se profile. En Europe, Allemagne, Suisse, Suède, Pays Bas remontent plus vite qu’Italie, France, Royaume-Uni, Espagne. (Voir l’article de Philippe Crevel). 

Dans le monde, Les Etats-Unis seront de plus en plus les maîtres du jeu : grâce au dollar et à la banque centrale américaine, grâce à leur capacités de réaction, grâce à leurs pépites de haute technologie. En 2007, la valeur des entreprises cotées européennes (y compris Suisse et R-U représentait quatre fois le secteur des entreprises de la tech américaine. Aujourd’hui ce secteur US pèse plus que toutes les compagnies cotées européennes (y compris Suisse et R-U)[2]. Ce nouveau monde est-il compatible avec la démocratie ou va-t-il la tuer ?

Un modèle suisse ? 

La démocratie apparait malade. (Voir l’article de François Léotard). Menacée par les flux d’argent fou, l’opacité, le crime organisé, les oligarchies déstabilisatrices, les manipulations des réseaux sociaux, le matraquage de la peur, le culte des grands hommes, le mépris des autocrates, la bureaucratie aveugle, elle peut se sauver par le bas, par la pratique : en Suisse, ce n’est pas le gouvernement qui décide du congé parental, de la politique d’immigration, de l’achat d’armement. Personne ne connait (en dehors de Suisse et encore) le nom du Chef de l’Etat. Et aucun d’entre les titulaires n’aurait l’idée saugrenue de menacer de ne pas passer le flambeau à son successeur, comme Trump. 

En Suisse, les Marseillais auraient décidé ce que l’on faisait à Marseille. Les banques suisses ne pas toujours très propres. Sont-elles plus sales que les autres ? Pourquoi les criminels et dictateurs y planquent leurs avoirs ? Parce qu’ils ont peur de la violence qu’ils engendrent :le droit leur donne des garanties qu’ils n’ont pas dans leus pays sans droit. 

Contre la démagogie, la démocratie directe

Pendant que les Suisses votaient sur des questions fédérales, ils votaient aussi sur des projets communaux : construction de parcs sportifs, etc… La démocratie se meurt quand on ne l’approfondit pas. L’antidote au populisme, aux manipulations, au centralisme bureaucratique, à la démagogie, aux caricatures de démocratie, c’est la démocratie directe, à la suisse.

Le vote direct, sur le plus de sujets possibles, oblige les gouvernants à mettre en œuvre ce que les citoyens ont décidé. Apparemment les Suisses ne manquent ni d’hôpitaux, ni de policiers, ni de crèches, leur budget est à l’équilibre, leur commerce extérieur excédentaire. Avec 25% d’étrangers, ils ne manquent pas non plus d’emplois et plébiscitent la libre circulation des travailleurs. 

Ceux qui croient que la démocratie est un handicap doivent apprendre à devenir suisse. Le Liban se voulait la Suisse du Moyen-Orient, comme l’Uruguay pour l’Amérique latine, le Costa Rica pour l’Amérique centrale. Plus que la Banque, le modèle suisse, c’est le rôle du citoyen.

Le vote par internet accordé aux Français de l’étranger

Encore faut-il que les citoyens décident. Qu’ils votent. Les Français de l’étranger pourront voter par internet aux prochaines élections. Le gouvernement va revenir sur ses mauvaises décisions passées pour les élections des conseillers consulaires (Voir l’article d’Eric Victorien). Il fait bien. 

Demain, on devrait voter non seulement pour les Conseillers consulaires, mais aussi sur les déductions fiscales, les subventions, la retraite, la gestion des lycées, etc… Ceux qui croient que la démagogie l’emporterait se trompent : les résultats des votations en Suisse montrent que les citoyens sont plus responsables que des dirigeants toujours inquiets de leur popularité, quels que soient les régimes et les continents.

La preuve : en ces temps de fermeture des frontières, ils ont rejeté la mise en cause du principe de libre circulation des travailleurs, et confirmé leur lien avec l’UE. Pas de Brexit pour la Suisse. « Vive la Suisse libre », et le vote par internet.


[1]  Financial Crimes Enforcement Network. Voir les « Fincent files ». 

[2] Source : Bank of America 

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