Variole du singe : l'eldorado français

Variole du singe : l'eldorado français

En France,  » des Belges, des Suisses, des Italiens ou encore des Espagnols  » ont ainsi pu se faire vacciner contre la variole du singe, indique à l’AFP la Direction générale de la Santé. Les expatriés ont eux aussi profité de leur séjour en France pour obtenir le fameux vaccin souvent peu disponible dans les autres pays.

A Paris, des  » touristes étrangers ont profité de leur voyage pour se faire vacciner « , explique Checkpoint Paris, un centre de santé sexuelle. Mais le phénomène concerne principalement les régions frontalières.

La Belgique en défaut

Dans le nord de la France, à Lille, les sites de vaccination ont ainsi vu arriver en plein été de nombreux Belges.  » En proportion, on a dû vacciner 30 à 40% de Belges « , évalue Virginie Ceyssac, pharmacienne à l’Aprium, l’une des cinq officines expérimentant la vaccination en pharmacie en France.

La Belgique, qui ne dispose actuellement que de 3.000 doses, ne vaccine qu’un public très restreint : travailleurs du sexe homosexuels ou transgenres, hommes homosexuels ayant eu deux IST (infections sexuellement transmissibles) dans l’année écoulée ou ayant le VIH, et de rares cas contact.

L’agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France parle, elle, de  » plusieurs centaines  » de Belges vaccinés depuis le début de la campagne en raison des principes  » de solidarité européenne  » et d’enjeux de santé publique –les Français du Nord  » fréquentent les mêmes événements festifs  » que le public belge. Thomas, 32 ans, qui vit à Montreux, raconte à l’AFP avoir cherché un rendez-vous en France pendant deux semaines. Il a finalement trouvé, à Besançon (Doubs).  » J’ai pris un jour de congé, je vais louer une voiture et faire 500 km « .

L’agence précise qu’il est même  » demandé aux centres de répondre favorablement aux demandes des résidents belges frontaliers, à condition que cela ne nuise pas à l’accès à la vaccination des Français « .
Pour autant, la situation des Hauts-de-France reste marginale. Dans le sud de la France, la vaccination d’Italiens et d’Espagnols est très minoritaire, indiquent les associations de lutte contre le VIH.

Un phénomène non généralisé

A proximité de la frontière suisse, la situation est hétérogène. Comme la Suisse n’a pas encore accès à la vaccination contre la variole du singe,  » certains sont allés se faire vacciner en France sans problèmes, mais d’autres se sont vu refuser la vaccination « , détaille Alexandra Calmy, infectiologue responsable de l’unité VIH des hôpitaux de Genève.

Bien que des réseaux de soins transfrontaliers existent –pendant l’épidémie de Covid, des patients français ont été accueillis dans les services intensifs en Suisse–, les Suisses ne disposent pas d’un accès simplifié à la vaccination en France. Ainsi dans le centre de vaccination de Chambéry (Savoie) on refuse l’accès à un rendez-vous.  » On ne prend que les gens qui résident en Savoie ou qui sont suivis ici « , explique à l’AFP Silvère Biavat, médecin de la structure.

Définir une politique continentale

Face à cette situation inégalitaire, les associations et soignants interrogés par l’AFP, en France et en Europe, appellent à la mise en place d’accords diplomatiques pour permettre notamment le prêt de doses aux pays en manque.

 » Dans un monde globalisé, dans une Europe sans frontières, il n’est pas logique que des pays comme la France, l’Allemagne et les Pays-Bas disposent d’un grand nombre de vaccins « , alors que des pays comme l’Espagne, pays le plus touché par l’épidémie, ont seulement 17.000 doses, estime Toni Poveda, directeur de l’association espagnole de lutte contre le VIH Cesida.

Les autorités françaises assurent que le sujet est actuellement discuté dans les instances européennes compétentes. Elles précisent être en contact avec la Belgique et la Suisse pour discuter de la  » vaccination transfrontalière monkeypox  » et de son financement.

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