Depuis avril 2024, Arnaud Paris vit une situation difficile : ses filles jumelles, Eva et Juliette, 10 ans, ont été enlevées par leur mère et exilées illégalement aux États-Unis, en violation d’un jugement français. Malgré les recours juridiques et les promesses politiques, il se heurte à une impasse. Mais son combat dépasse le cadre personnel. Aux côtés d’autres parents victimes, il a fondé l’association SOS Eva et Juliette pour lancer un référendum d’initiative partagée (RIP) visant à renforcer la protection des enfants contre les enlèvements parentaux en France. Pour y parvenir, il compte sur le soutien des députés et sénateurs. Explications et actions !
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Enlèvements parentaux : faillite de la justice française ?
C’est en avril 2024, malgré une décision judiciaire interdisant à la mère d’emmener les enfants hors de France, qu’Eva et Juliette sont exfiltrées vers les États-Unis. « C’est un problème sociétal : des milliers d’enfants sont enlevés chaque année en violation de jugements », explique, à notre micro, Arnaud Paris. Pourtant, la Convention de La Haye de 1980, ratifiée par 101 pays dont la France et les États-Unis, prévoit le retour immédiat des enfants en cas d’enlèvement international.
« Les autorités françaises sont dans une espèce de langue de bois, une passivité politique puisqu’on est face à un grand pays comme les États-Unis qu’il ne faut pas froisser »
Arnaud Paris, Sos Eva et Juliette
Selon les informations partagées par notre invité Lesfrancais.press « en théorie, les enfants doivent être renvoyés en 4 à 6 semaines. Mais dans les faits, cette convention n’est pas appliquée », déplore-t-il. Pire, concernant son cas, « les autorités françaises sont dans une espèce de langue de bois, une passivité politique », notamment face aux États-Unis, un pays que la diplomatie française souhaiterait ne pas « froisser » d’après notre interlocuteur.
Le chantage émotionnel : une stratégie systématique des parents ravisseurs
Depuis 18 mois, Arnaud Paris n’a ainsi aucune nouvelle de ses filles. « C’est un comportement type : le parent ravisseur utilise les enfants comme moyen de chantage, en coupant tout lien ». La mère exigerait qu’il renonce à ses droits en France pour espérer les revoir, une pratique « inique » mais courante selon les retours effectués également par les autres membres de l’association SOS Eva et Juliette.

Or, comme nous l’explique notre interlocuteur, « le temps de la procédure, le contact doit être maintenu avec les enfants », mais ce n’est quasiment jamais le cas, souligne-t-il. C’est d’ailleurs ce qu’il vit lui-même avec ses deux filles. Cette rupture forcée permet souvent aux « ravisseurs » d’influencer les enfants et de brouiller les pistes juridiques.
La Convention de La Haye : une volonté politique absente
Chaque année, 6 000 enfants seraient victimes d’enlèvements parentaux en France, dont 2 000 relèvent de la Convention de La Haye. Pourtant, « ce texte n’est pas respecté par beaucoup de pays, et surtout pas défendu par ceux qui l’ont signé, comme la France », déplore Arnaud Paris. Le problème étant que « les gouvernements ne demandent pas son application ».
« Le président et la diplomatie ont l’obligation de tout faire
pour protéger les enfants. Mais on est face à un gouvernement
qui refuse de faire son travail »
Arnaud Paris, Sos Eva et Juliette
Cette situation fait en sorte que les procédures s’éternisent, les enfants disparaissent dans les failles juridiques et les parents victimes se retrouvent souvent seuls face à des systèmes judiciaires étrangers. La France étant signataire de la Convention des droits de l’enfant « aucune considération géopolitique ou financière ne devrait influencer la protection de ces enfants », rappelle Arnaud Paris.

Dans le cas d’Arnaud Paris, face aux États-Unis, la France refuserait donc d’agir. « Le président et la diplomatie ont l’obligation de tout faire pour protéger les enfants. Mais on est face à un gouvernement qui refuse de faire son travail », nous dit-il malgré ses relances et celles de son association.
Pourquoi un référendum d’initiative partagée ?
Une solution pour la France serait donc de créer un arsenal inspiré du Golden Act américain qui a fait ses preuves. « Grâce à ce texte, les enlèvements ont énormément diminué aux États-Unis. La France n’a rien de tel », regrette Arnaud Paris. Pour que notre pays puisse se doter d’un tel dispositif, plutôt qu’attendre une proposition ou un projet de loi qui pourrait prendre des années, l’association « SOS Eva et Juliette » a choisi de pousser l’organisation d’un référendum d’initiative partagée le RIP.
« On risque une explosion des enlèvements,
avec des milliers d’enfants disparus chaque année »
Arnaud Paris, Sos Eva et Juliette
Mais pour lancer ce référendum, il faut le soutien de 185 parlementaires. « C’est un sujet transpartisan : personne n’a le monopole de la protection de l’enfance. Il faut un élan national », lance ainsi notre invité. « Le texte a été envoyé aux 925 députés et sénateurs, dont plusieurs Français de l’étranger se sont déjà engagés » Si la France ne réagit pas, « les chiffres pourraient être multipliés par 10 », avertit-il. « On risque une explosion des enlèvements, avec des milliers d’enfants disparus chaque année » !
Chaque année, des enfants français sont victimes d’enlèvements parentaux, souvent sans retour malgré les textes internationaux. Au cours de ce podcast, Arnaud Paris dénonce la passivité du gouvernement face aux États-Unis et l’absence de soutien diplomatique dans son cas, symbole de beaucoup d’autres situations. Pour faire évoluer la loi et obliger la France à appliquer réellement ses engagements, il a créé l’association SOS Eva et Juliette et appelle les députés et sénateurs à soutenir l’organisation d’un référendum d’initiative partagée (RIP) pour la mise en place d’un dispositif juridique solide.
Auteur/Autrice
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Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.
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