Sénatoriales : les grandes manoeuvres

Sénatoriales : les grandes manoeuvres

Les consulaires sont passées, les grands électeurs ont été renouvelés, les sénatoriales se préparent.. La victoire surprise de la gauche, la résistance de la droite et la décevante performance de LREM, ont rebattu les cartes.

LREM cherche la légitimité

En 2017, après les présidentielles, le renouvellement des sénateurs avait déjà été source de déception. Menée par un ami du président, Philippe Grangeon, la liste « En marche » n’avait obtenu aucun élu. Pour Anne Genetet, députée des Français d’Asie et d’Europe orientale (LREM), qui fut en charge des élections consulaires pour le parti présidentiel, la leçon a été prise.

« Nos candidats du 1er au 6ème connaîtront parfaitement les Français à l’étranger pour être l’un des leurs.« 

Anne Genetet, députée des Français d’Asie et d’Europe orientale (LREM)

Mais les potentiels candidats ont décliné la proposition les uns après les autres comme Pierre-Yves Le Borgne (ancien député PS), la majorité présidentielle privilégierait, finalement, une solution interne. Et c’est la députée Anne Genetet qui basculerait de l’Assemblée nationale au Sénat. Assurée de remporter un élu grâce aux nouveaux conseillers et délégués consulaires de mai 2021, LREM cherche même un allié pour remporter un deuxième siège. Et c’est à droite, que leurs regards se sont tournés, le sénateur sortant Olivier Cadic (UDI-Indépendant) est pressenti pour seconder Anne Genetet. Un bon calcul, seul il n’a aucune chance de remporter un siège.

A Gauche, entre union et atomisation

Au Parti socialiste, la campagne des sénatoriales a commencé dès le début de cette année avec l’annonce de la candidature de l’ancienne candidate à la fonction suprême, Ségolène Royal. Une arrivée qui divisa la fédération jusqu’ à mettre en minorité sa Secrétaire générale, Cecilia Gondard. Réélue en Belgique, elle va devoir mener, tout au long de l’été, un congrès qui s’annonce compliqué.

Ségolène Royal

Une division qui peut faire les affaires de Ségolène Royal qui s’imposerait comme rassembleuse. Surtout que l’ancienne ministre prépare déjà une alliance avec EELV, le grand gagnant des élections consulaires de mai 2021. Pour cela, elle échange avec la direction nationale. Une telle configuration pourrait permettre à la Gauche unie de remporter 3 sièges.

En France, cette stratégie ne marche pas, comme l’a démontré la stérile tentative de trouver un candidat unique pour la présidentielle de 2022, si elle n’aboutit pas aussi chez les expatriés, les conséquences peuvent être lourdes.

Marc Villard, issu du PS, président de l’Assemblée des Français de l’étranger, en tant qu’indépendant, est déjà candidat comme il l’a annoncé dans notre média le 13 juin 2021. Laure Pallez, élue consulaire en 2014 et en 2021 pour le PS en Amérique du Nord, est, elle aussi, sur les rangs et pourrait décider de mener une liste de Gauche « issue de la base militante ». Et sans union, Ségolène Royal avec sa liste « Français.e.s dans le monde  » devra composer avec une formation EELV menée par Alexandre Ducos-Chateau (désigné dans le cadre d’une primaire interne) et pourquoi pas une autre issue de La France Insoumise. Dans un scrutin à la proportionnelle en un tour, cette atomisation pourrait transformer une victoire annoncée en amère défaite.

A Droite, le risque de disparition

Si Les Républicains ont plutôt bien résisté lors des élections consulaires, ils ne remportent qu’une centaine de grands électeurs. En l’état impossible d’espérer remporter deux sièges. Et pourtant deux sénateurs en poste postulent à leur renouvellement, la sénatrice Jacky Deromedi et le sénateur Christophe Frassa. Ce dernier est l’actuel responsable de la fédération des Français de l’étranger du parti de Droite. Pour beaucoup, il est responsable de la déconfiture des LR, qui ont vu leurs militants disparaitre à l’étranger après des décennies de domination. Si certains murmurent que « la sagesse pousserait M. Frassa à se retirer », il reste très actif. Tous les élus ont ainsi reçu des courriers détaillant les procédures qui les attendent comme l’élection du Président du Conseil consulaire, le conseil des bourses, etc… En sus, au cours des dernières années, le sénateur Frassa a su démontrer sa capacité à activer ses réseaux au bon moment.

Jacky Deromedi

Cependant ils sont nombreux à encourager Jacky Deromedi, qui serait numéro 2 sur la liste imaginée par Christophe Frassa, à voler de ses propres ailes. Une alliance avec Jean-Pierre Bansard serait une combinaison à l’étude. Avec 30 élus, il y a peu de chance que ce dernier arrive à être sénateur ou à permettre la réélection de la sénatrice élue en 2017 sur la liste de son mouvement « L’Alliance Solidaire des Français de l’étranger« . Par contre, siégeant avec Les Républicains au sénat, une alliance, finalement naturelle, avec la sénatrice sortante Jacky Deromedi pourrait permettre l’élection de 2 sénateurs.

Sauf si Olivier Cadic décide finalement d’y aller seul.. Divisant les Grands électeurs de droite.. Avec moins de voix potentielles que la Gauche, la Droite ne risque pas un résultat décevant mais une absence d’élu.

Un jeu ouvert

On le constate à quelques semaines de l’élection des 6 sénateurs, les résultats des élections consulaires n’ont pas encore révélé toutes leurs conséquences. A contre courant d’une France qui se « droitise », les expatriés ont relancé la Gauche en mai 2021. Elle peut espérer 3 voir 4 sénateurs, LREM peut tenter d’obtenir 2 élus, le dernier siège semble être en ballottage entre les différents candidats de droite. Un big bang dans le monde feutré des Français établis hors de France.

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