Thomas Pagotto, professeur de CM1, est parti s’installer au Gabon avec sa famille. Sorti du réseau de l’éducation nationale, il a rejoint le réseau de La Mission Laïque avec sa compagne en septembre dernier.
A la lisière de la forêt tropicale gabonaise s’élève la ville de Moanda. Construite pendant la seconde moitié du XXème siècle après la découverte de son sol riche en minerais, la ville d’environ 70 000 habitants prospère grâce au travail d’extraction. En 1953, la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) s’y implante pour exploiter le gisement de manganèse retenu dans les sous-sols de la région. Au fil des ans, la ville s’est développée autour de la Comilog et une école d’entreprise a vu le jour en 1960. Gérée depuis 2006 par la Mission Laïque Française (MLF), l’école primaire accueille aujourd’hui un peu plus de 650 élèves. C’est au cœur de cet environnement que Thomas Pagotto et sa famille ont déposé leurs valises en septembre dernier.
La MLF instigatrice de projets
Le professeur de CM1 est depuis tout petit attiré par les forêts tropicales et la faune se cachant dans les méandres de cette végétation riche. Lorsqu’il se pare de bottes et d’un chapeau, chaque excursion devient une aventure digne d’Indiana Jones. Au cours des deux dernières années passées en Ardèche, Thomas Pagotto, ne rêvait que d’aventures et de découvertes, et c’est un jour en épluchant le catalogue de la MLF qu’il tombe nez à nez avec cette annonce de poste au Gabon. Au départ l’annonce ne retient pas beaucoup son attention car il part avec des préjugés quant aux écoles d’entreprises. Avec sa compagne Christine, également professeur, et leurs deux adolescents, ils ne souhaitent pas être isolés de la population et enseigner dans des écoles à petits effectifs avec un mélange des niveaux. Mais en approfondissant leurs recherches, ils se rendent compte que l’école comme la ville sont grandes et la vie sociale est riche. Ni une, ni deux, ils postulent tous les deux.
S’inscrire au sein du réseau de la MLF s’est imposé à eux, car en raison de la crise se jouant actuellement dans l’Éducation nationale, de moins en moins de professeurs sont envoyés à l’étranger par l’État. A la rentrée 2021 effectivement, le ministère de l’Éducation nationale a décompté 466 postes vacants pour le premier degré et 238 dans le secondaire. Des chiffres en quasi baisse constante depuis le début du quinquennat du président Emmanuel Macron.
Une communauté au cœur du Gabon
Cependant, Thomas et Christine ont décidé de rejoindre le réseau de la MLF, non pas par volonté de quitter le public pour aller vers le privé, mais par envie de nouvelles expériences. La MLF offrait cette opportunité, contrairement au service public auquel Thomas est très attaché. Le couple et leurs deux adolescents ont déjà eu une expérience d’expatriation. Ils ont vécu effectivement pendant un an dans l’Utah aux États-Unis, grâce au programme Jules Vernes proposé par le service public. A leur retour en France, il y a deux ans, ils ont commencé à ressentir l’envie de voyager pour aller à la découverte d’autre cultures et sociétés. L’école de Comilog est ouverte à tous les enfants des employés de l’entreprise, et non seulement à ceux des cadres, offrant ainsi une réelle mixité sociale dans les classes, chère aux yeux de Thomas.
« Les enfants sont constamment les uns chez les autres car nous vivons dans les mêmes résidences. Cette vie, quasi communautaire entre expatriés et locaux, croisée à mon métier de professeur, nous permet de découvrir constamment de nouvelles réalités sur le pays, ses ethnies, son histoire. C’est incroyable. »
Dès qu’ils le peuvent, Thomas et sa famille s’aventurent dans la jungle luxuriante environnante. Bien que le tourisme soit peu développé en ces temps de pandémie, et les règles sanitaires assez contraignantes, le quatuor parvient tout de même à organiser des excursions et à avoir des activités sportives et culturelles. Dans le désir de fouler au maximum les terres du pays et des états voisins pour déceler ce qu’elles ont à leur offrir, la famille Pagotto a pris la décision de ne pas rentrer en France avant l’été prochain.
Une communication riche sur la plateforme de la MLF
Construite entre la forêt et le site minier, la ville de Moanda peut donner l’impression d’être isolée et inquiéter les nouveaux arrivants. Mais pour Thomas et sa famille, tout droit arrivés de l’Ardèche, il n’y a pas eu de souci car c’est finalement ce qu’ils recherchaient. Aucun d’entre eux ne souhaitait se retrouver au cœur d’une mégalopole, mais plutôt proche de la nature.
Néanmoins, ils sont loin d’être isolés socialement. Grâce à « la très bonne plateforme de formation » de la MLF, très sollicitée pendant les confinements à répétitions, Thomas est en lien constant avec ses collègues français installés aux quatre coins du monde. Chaque semaine, lui sont proposés des sujets de formation qu’il décide de suivre ou non. De plus, en tant que formateur, le professeur participe à des groupes d’échanges et d’analyses qui le nourrissant.
« J’ai finalement presque autant d’échanges avec mes collègues en étant à Moanda qu’en France. »
Depuis plusieurs années, Thomas Pagotto se forme, et forme, au numérique et à la robotique. En partenariat avec la marque de jeu de construction Lego, il participe également à la grande compétition robotique la First Lego League, avec ses élèves. Une occasion de faire prendre conscience à ceux-ci qu’ils peuvent devenir qui ils souhaitent « malgré » leur sexe ou leur classe sociale.
Enseigner, un acte politique
Lorsqu’il arrivera au terme de son contrat à Comilog, Thomas Pagotto pense sûrement rentrer en France. Son souhait est de s’installer proche d’une grande ville pour faciliter l’accès aux universités à ses enfants, et de s’orienter vers un poste de formateur pour les professeurs destinés à aller enseigner dans les zones d‘éducation prioritaires. Le Français a effectivement entamé sa carrière de professeur dans une REP à Nanterre, en banlieue parisienne. Après un début de vie active dans les sciences politiques, il décide d’exercer « le plus beau métier du monde » pour venir en aide aux enfants issus de milieux difficiles, et n’ayant pas une voie toute tracée. C’est dans cette même état d’esprit qu’il est parti enseigner au Gabon : aider le plus les personnes qui en ont le moins. A ses yeux, « enseigner est finalement un acte politique ».
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