Dans la Jet-set russe, c’est la panique ! Une pénurie de Ruinart, de Moët et Chandon, ainsi que de Veuve Cliquot, Krug, Mercier, ou encore Dom Perignon est annoncée ! Pour l’heure en tout cas, les livraisons à la Russie des célèbres marques de champagne du groupe français LVMH sont suspendues en réponse à la signature par le président Vladimir Poutine d’une nouvelle loi réservant l’appellation « champagne » aux seuls vins effervescents russes, tandis que le véritable champagne français devrait lui prendre l’appellation… »vin pétillant ».
« Je peux confirmer avoir reçu un courrier de ce type, et c’est justifié ».
Leonid Rafailov, directeur général d’AST, l’un des principaux distributeurs de vins et spiritueux en Russie, à l’AFP
L’AOC Champagne battue en brèche
Les producteurs français, pourtant, ne cessent de batailler sur toute la planète pour faire respecter leurs droits face aux multiples tentatives d’utiliser l’appellation « champagne ». Souvenez-nous du parfum « Champagnes » d’Yves St Laurent qui du abandonner le nom dans les années 90.
Pas plus tard que le 1er juillet dernier, après une bataille juridique qui a duré plusieurs années (et qui est allée jusqu’à la Cour européenne de justice), le tribunal de Munich leur a donné gain de cause en interdisant à la chaîne allemande de supermarchés Aldi de vendre des sorbets au « champagne » qui n’ont pas le goût de la célèbre boisson française. Saisi par des producteurs français, qui estimaient que le terme « champagne » contrevenait à l’appellation d’origine contrôlée, le tribunal a estimé que le sorbet n’avait pas le goût de champagne mais plutôt d’un mélange de poire, « de sucre, d’acide citrique et d’une touche d’alcool », selon le jugement, transmis à l’AFP.
Mais Vladimir Poutine, le président russe a décidé, vendredi, tout de même de signer cette loi. Ainsi il semble vouloir réserver l’appellation « champagne » aux seuls vins pétillants russes. Les champagnes français doivent modifier leur étiquetage aux termes de ce texte et s’identifier comme vins pétillants. « Cette loi est complexe. C’est un sujet très complexe et évolutif. Tous les importateurs sont en train d’analyser cette loi et ses conséquences », dit-on chez Moët Hennessy, leader des exportations de champagne en Russie.
« Шампанское, champanskoïé »
Désormais, c’est donc seulement le champagne produit en Russie qui pourra s’appeler ainsi. Et Oui, ça existe, et c’est même un grand classique des tables du pays. On l’appelle «rossiiskoïé champanskoïé», «champagne russe», ou plus couramment «sovietskoïé champanskoïé», «champagne soviétique», car c’est après la révolution d’Octobre que sa production décolle en Russie. Dès la levée de la prohibition en 1924, les nouveaux maîtres du Kremlin comprennent l’importance symbolique de proposer aux masses laborieuses un champagne, la boisson bourgeoise par excellence, à un prix accessible.
En se basant sur des domaines existants dans les régions viticoles du sud du pays et en leur appliquant des méthodes industrielles développées en quelques années, l’URSS peut, en 1936, ouvrir ses premières usines de «sovietskoïé champanskoïé». Notez que le champagne n’est pas le seul alcool français à se faire ainsi exporter : autour de la chaîne du Caucase, des régions comme le Daghestan ou l’Arménie se lancent par exemple dans la production de «konyak».
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