Plus célèbre philosophe français de son temps qui n’en manqua pas, François-Marie Arouet, dit Voltaire, aura marqué au cours des 8 décennies de son existence son entourage, des rois et empereurs, et depuis lors toute une pensée politique teintée de libéralisme, de lutte contre les injustices et pour la tolérance, et de parts d’ombre aussi.
Né à Paris en 1694 dans une famille de la petite bourgeoisie, Voltaire, futur anticlérical virulent, étudia 7 ans chez les Jésuites et se fit rapidement remarquer pour sa vivacité d’esprit. Il y fréquente les proches du Régent mais des vers satiriques dont il fut prouvé qu’ils étaient de lui lui vaudront, en 1717, un premier séjour de 11 mois à la Bastille, il avait alors 23 ans.
Le voyage en Angleterre, « terre de liberté » (1726 – 1728)
Sorti de la Bastille, il obtint ses premiers succès avec notamment Œdipe qui triomphe au théâtre. Mais de nouveau brièvement embastillé après un conflit avec la puissante famille de Rohan, il partit alors, à 32 ans, vers l’Angleterre dont il parlera toute sa vie la langue et qui en fera un anglophile passionné.
Dans cette contrée qu’il qualifia alors de véritable « terre de liberté », il découvrit émerveillé l’Habeas Corpus, tous les mécanismes qui protégeaient les citoyens contre les excès royaux, mais aussi l’amour proféré à la science, notamment Newton, mais aussi tout simplement la liberté, l’esquisse d’un libéralisme dont il sera l’un des porte-voix.
Autorisé à rentrer en France, il y fit alors fortune en investissant astucieusement dans des opérations d’import-export vers la Méditerranée. Cet homme raffiné aimait les belles choses et le luxe et ne dissocia jamais sa vie d’homme d’affaires et de philosophe.
Une longue période prolifique ponctuée d’exils (1728 -1749)
Voltaire publia alors les lettres philosophiques en 1734, un ouvrage tiré à 20 000 exemplaires, un nombre considérable pour l’époque, qui reprenait les principes de la liberté appris en Angleterre et qui sera alors vu par les autorités françaises comme une attaque en règle.
Alternant séjours parisiens, visites à sa maitresse Emilie du Châtelet et exils tant internes qu’à l’étranger et notamment à Amsterdam, il fut alors un auteur prolifique, publiant entre autres sur Newton, Louis XIV et les mœurs.
L’un de ses ouvrages les plus célèbres aujourd’hui, Zadig, paru en 1747 alors qu’il entretient alors et depuis une décennie une correspondance abondante et enthousiaste avec le roi de Prusse Frédéric II. C’est alors qu’il pris, à nouveau le chemin de l’exil et partit pour Berlin.
La Prusse et les rapports complexes avec Frédéric II (1749 – 1753)
Après l’euphorie des premiers temps, Voltaire, logé à grands frais par le roi et en mesure de s’entretenir avec lui régulièrement, se brouilla rapidement avec le souverain, loin des idéaux de liberté qu’il met pour sa part au-dessus de tout.
Après deux ans et demi à la cour, il fut autorisé à quitter la Prusse mais subit un dernier épisode humiliant quand la police prussienne le força à rendre un recueil de poésie rédigé par le roi.
Direction la Suisse, Genève et son environnement propice aux affaires. A Ferney, devenue depuis Ferney-Voltaire, il y investit massivement, développa les manufactures locales, et vécu dans le grand luxe.
L’hommage à Lisbonne après le séisme
1755 à 1759 furent les années de deux textes majeurs de Voltaire : Candide, petit essai majeur qui aborde de nombreux thèmes polémiques comme l’esclavage, qu’il condamne, les classes sociales, la religion, le tout sous une forme satirique. Autre motif d’écriture, le grand séisme de Lisbonne qui lui voudra un texte reprenant sa tristesse face à ce drame qui fit des dizaines de milliers de morts et détruisit une grande partie du centre de la capitale portugaise.
Voltaire et Catherine
Frédéric II ne fut pas le seul souverain étranger avec qui Voltaire s’entretint durant sa longue vie. Catherine II de Russie, la Grande Catherine, était aussi une admiratrice passionnée du philosophe et échangea épistolairement avec lui de manière régulière.
Catherine commanda une série de peintures représentant Voltaire qui sont encore aujourd’hui au musée de l’Ermitage à St Petersbourg.
Une lumière ombragée
Le portrait de Voltaire n’est cependant pas entièrement immaculé, loin de là. Déiste mais hostile aux religions monothéistes organisées, il était particulièrement hostile au Catholicisme et au Judaïsme. De nombreux pamphlets antisémites sont de Voltaire. Ses rapports avec l’Islam étaient plus ambigus, d’abord clairement hostiles puis plus favorables à une religion qu’il estimait sans clergé.
Si il est difficile de reprendre avec les modèles de notre époque les standards qui pouvaient exister en ce temps, Voltaire fit cependant preuve d’une virulence particulière, également vis-à-vis d’autres catégories de population comme les homosexuels alors que le milieu de son temps était sur ce thème relativement tolérant.
La tolérance il en fut cependant question, et de manière positive, durant ces années à Ferney. Avec son traité de la tolérance rédigé en 1763 en pleine affaire Calas. Dans cette affaire, Voltaire prend fait et cause pour le vieux commerçant protestant Calas, accusé sans preuves d’avoir cherché à empêcher son fils de se convertir au Catholicisme. Calas sera roué de coups et brulé. Sa réhabilitation n’eut lieu qu’en 1765, mais à la grande satisfaction de Voltaire.
Le retour à Paris et l’hommage au Panthéon
Agé et malade, Voltaire revint à Paris en 1778, accueilli triomphalement par la foule et s’installant dans un appartement du quai qui porte aujourd’hui son nom. Il y mourut le 30 mai de cette même année.
Quelques années plus tard, en 1791 et en pleins troubles révolutionnaires, l’Assemblée décida du transfert de son cercueil au Panthéon. Il y demeure toujours, et en est le plus ancien pensionnaire.
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