Nouvelles générations pour un nouveau monde ?

Nouvelles générations pour un nouveau monde ?

En 1968, les jeunes nées après la Seconde Guerre mondiale, au début du baby-boom, avaient une vingtaine d’années. Ces générations nombreuses succédaient aux classes creuses des années trente et quarante. Après la période de la reconstruction et de la décolonisation, une aspiration à une société plus hédoniste, moins soumise aux diktats de la morale et de l’ordre se faisait jour. 

Cinquante ans plus tard, les enfants du mini baby-boom des années 2000 font également entendre leurs voix. Comme en 1968, le nombre joue en leur faveur. De 1998 à 2014, la natalité a augmenté passant de 750 000 à plus de 800 000 avant de se remettre à décliner. Leur influence semble supérieure à leur poids démographique grâce aux nouveaux outils numériques facilitant la diffusion des informations et des opinions.

Au rythme des crises 

Les repères des enfants de l’an 2000 sont d’une nature tout autre par rapport à ceux des générations précédentes qui restaient marquées par les deux guerres mondiales et la compétition avec l’URSS. Depuis leur naissance, leur vie a été rythmée par les crises, subprimes, dettes souveraines, réchauffement climatique et épidémie mondiale. 

Elle l’a été aussi par le digital, par les réseaux sociaux, les applications, les vidéos ou les fake news. La progression des dépenses de santé, de retraite et de dépendance auxquelles s’ajoutent celles de la lutte contre le réchauffement climatique n’ont pas de précédents en période de paix. 

La baisse du niveau scolaire, problème concernant la France mais également d’autres pays occidentaux, renforce l’idée de générations sacrifiées. A tort ou à raison, les jeunes générations estiment être des victimes de leurs aînés responsables des dettes passées. Elles considèrent qu’elles hériteront d’une planète dévastée et ne bénéficieront pas de retraite. Par ailleurs, la hausse rapide de l’immobilier les pénalise tout particulièrement.

Nouveaux codes culturels

Dans un environnement en mouvement permanent, les nouvelles générations s’inventent de nouveaux codes culturels en opposition avec les précédents. Si à l’image de l’ensemble de la société, la fragmentation est de mise tout comme la volatilité des opinions, le « racialisme » ou le «wokisme » se diffusant de plus en plus au sein des jeunes. 

Par ailleurs, leurs rapports aux études et au travail évoluent avec l’accès en temps réel à l’information, la montée de la précarité, l’arrivée de nouvelles activités et l’interventionnisme social croissant des pouvoirs publics. 

Vingt ans après les 35 heures, l’épidémie de covid-19 a induit une nouvelle rupture avec le chômage partiel de masse, l’affirmation du télétravail et le débat sur le revenu universel pour les jeunes ou celui sur l’attribution d’un capital de départ. 

Dans une société meurtrie par la succession des crises, des arbitrages générationnels seront incontournables dans les prochaines années sur les retraites, la dépendance comme sur l’éducation. Les structures privées et publiques devraient profondément changer compte tenu des changements culturels en cours chez les moins de trente ans. 

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