A Dubaï, l’établissement d’excellence qu’est le Lycée Français International Georges Pompidou (LFIGP) est actuellement en proie aux discordes alors que s’ouvrent les négociations à l’AEFE pour renouveler la convention d’homologation. Le Lycée Français de Dubaï accueille près de 2900 élèves de plus de 50 nationalités, répartis sur 4 sites : Oud Metha, Academic City Elémentaire, Academic City Secondaire et Sharjah.
Un partenariat parents d’élèves / Etat
Le Lycée Français International Georges Pompidou de Dubaï est actuellement régi par un partenariat entre l’Etat via l’AEFE et l’association des parents d’élèves incarnée dans un Conseil de gestion dirigé par Omar Germouni. Tout parent qui inscrit son enfant au LFIGP devient membre de cette association. Ainsi, comme c’est plus souvent le cas qu’on le croit, le terrain est la propriété de ladite association qui l’a mis à disposition de la France au bénéfice de cet établissement.
Depuis plus de trente ans, l’Etat et son opérateur l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) ont ainsi investi plusieurs dizaines de millions d’euros aux côtés des familles pour soutenir les investissements immobiliers et garantir l’excellence pédagogique. Actuellement, l’AEFE continue d’apporter chaque année à l’établissement une aide nette de plus de 3 millions d’euros, soit environ 1300 euros par élève et par an. Comme l’indique le courrier envoyé aux parents d’élèves, le 02 janvier 2023 par la Consule générale de France, Nathalie Kennedy, et Olivier Brochet, le directeur général de l’AEFE, « cette somme correspond à la masse salariale, charges sociales comprises, des personnels titulaires de l’Education nationale mis à disposition par l’Agence, à laquelle sont soustraites la participation de l’établissement à la rémunération des résidents (PRR) et la participation forfaitaire complémentaire (PFC) de 6% sur le chiffre d’affaires acquitté par tous les établissements à gestion directe (EGO) et tous les conventionnés. »
Pour la direction, « ce partenariat réussi fait aujourd’hui la renommée de cet établissement tout en maintenant des tarifs raisonnables à l’échelle de Dubaï« , un avis que ne partagent pas forcément toutes les parties prenantes alors que les négociations pour la nouvelle convention patinent.
Tensions entre parents et le poste diplomatique
La précédente convention avait été signée en 2016 pour une période de 5 ans. Depuis 2021, le LFIGP fonctionne donc sur la base d’un accord caduc. Le retard s’explique déjà par la pandémie mais aussi par les atermoiements des autorités locales sur le statut de l’école. Celui-ci étant désormais fixé, c’est donc dans un cadre apaisé que les négociations auraient dû aboutir fin 2022.
Mais du côté des parents, on s’interroge sur la pertinence de reconduire l’homologation sous sa forme actuelle. Le premier trimestre scolaire de l’année 2022/2023 a, en effet, été marqué par de vives tensions entre l’équipe pédagogique et administrative et les parents d’élèves.
Le coût de la scolarité
Comme partout, c’est le coût de la scolarité, mis en exergue par la pandémie, qui a mis le feu aux poudres. En effet, les parents d’élèves considèrent que les économies réalisées pendant la fermeture forcée de l’établissement n’ont pas été répercutées à leur juste valeur. Une décision qu’a prise le directeur financier nommé par l’AEFE.
Car dans la vaste panoplie de relations possibles entre un établissement homologué et l’AEFE, le niveau d’intégration est modulable. Jusqu’en 2018, le personnel administratif, et donc le directeur financier, était recruté par l’association des parents d’élèves. Mais après de nombreuses péripéties comptables, un avenant a été signé en 2018, à la demande du Conseil de gestion, émanation de l’association, suite aux difficultés rencontrées dans la gestion de l’établissement, confiant à l’AEFE la prérogative de nommer le directeur administratif et financier.
Une mission qui a été conduite avec succès, les derniers chiffres disponibles montrent un redressement de la situation, mais celui-ci n’a pu être fait qu’au prix de sacrifices, comme la non répercussion des économies liées à la fermeture « Covid-19 ». Les parents, après avoir demandé l’expertise professionnelle de l’AEFE, aujourd’hui, veulent s’en séparer au risque de voir une nouvelle situation financière hasardeuse se renouveler.
Laïcité et vie scolaire
L’autre sujet de tensions qui grève les relations entre personnel de l’AEFE et les parents d’élèves est lié à la vision de l’Éducation française. Si jusqu’en 2010, la majorité des jeunes Français inscrits était issue de familles d’expatriés, détachés pour une période dans l’Émirat, aujourd’hui, c’est une nouvelle population originaire de l’hexagone qui s’est installée aux Emirats Arabes Unis et en particulier à Dubaï.
Une position que ne réfute pas totalement l’établissement puisque pour obtenir le droit de maintenir son activité, celui-ci a dû faire des concessions aux autorités locales, comme s’affilier à l’autorité du développement communautaire, un choix là aussi des parents. Cependant, les principes fondamentaux de la République continuent d’être respectés et promus au sein du Lycée Français International Georges Pompidou de Dubaï.
Quelles options ?
A ce jour, la balle est dans le camp du Conseil de gestion issu de l’association. Comme Olivier Brochet l’indique dans le courrier transmis aux parents d’élèves, l’AEFE reste ouverte aux discussions pour faire évoluer la gouvernance de l’établissement.
Cependant, la question du coût de la scolarité étant au coeur de la négociation, le retrait de l’AEFE et donc la fin des subventions françaises, entraîneraient, mécaniquement, une augmentation de celui-ci. Les tensions actuelles sont donc plus des prises de position afin de modifier la gouvernance dans le cadre de la renégociation de la convention, qui doit encadrer l’établissement, pendant les 5 prochaines années, que la démonstration réelle d’une volonté de quitter le statut de Lycée conventionné à l’AEFE.