Barrière écologique ou taxe carbone aux frontières, la fiscalité écologique est défendue par la plupart des partis français aux élections européennes. Un nouveau protectionnisme vert plus ou moins assumé.
Déjà défendue par Sarkozy puis Hollande, la taxe carbone aux frontières est une idée bien française, qui a fini par convaincre tout le monde.
Outil de lutte contre la pollution et le réchauffement climatique, levier d’exportation des bonnes pratiques environnementale, ou encore protectionnisme, chacun y trouve son compte.
Le président Macron a récemment été le seul chef d’Etat à s’opposer à l’ouverture de négocations commerciales avec les Etats-Unis qui ne veulent pas rester dans l’Accord de Paris, et l’idée de lier environnement et commerce international est désormais acquise en France.
« Face à l’Amérique de Trump et le Brésil de Bolsonaro, nous n’avons pas le choix, il faut imposer des conditions environnementales » assure un candidat LREM.
Le protectionnisme vert à la sauce française a encore du pain sur la planche pour convaincre les partenaires européens. En Allemagne la CDU/CSU ont affiché leur opposition à une taxe carbone nationale, préférant défendre la réforme du marché européen du carbone. La Suède reste aussi viscéralement attachée au libre-échange, et même ses élus Verts refusent d’introduire des contraintes au marché tout puissant.
Le Rassemblement national propose dans son programme de « favoriser le localisme en détaxant les circuits courts et en surtaxant les importations mondialisées anti-écologiques ». Si le mot de taxe carbone européenne n’est pas prononcé, le concept s’en approche.
En rapprochant la protection de l’environnement de celle des frontières, le RN a trouvé un angle d’attaque qui lui permet de verdir son programme européen sans sortir de son discours nationaliste.
Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a lui aussi intégré l’idée d’une taxe carbone aux frontières dans son programme, sous la forme de droits de douane « anti-pollution ». Pour le candidat de Debout la France, l’objectif est de « protéger notre environnement, nos emplois et notre mode de vie des importations déloyales ». Tout à droite de l’échiquier, seul François Asselineau, s’oppose à une taxation européenne, affirmant que la sortie de l’UE doit précéder toute initiative en la matière. Et rappelant que l’unanimité requise au niveau européen bloque les initiatives en la matière, à l’image de la taxe sur les géants du numérique.
Taxe européenne
A l’autre bout de l’échiquier politique, le protectionnisme vert a aussi le vent en poupe. La France Insoumise, voit dans la taxe carbone européenne un outil pour mettre en œuvre un « protectionnisme solidaire », en favorisant « les productions écologiques et de proximité ». Aucune dérogation n’est envisagée par la liste menée par Manon Aubry.
Chez les Verts, la mise en place d’un « protectionnisme vert » devrait reposer sur l’instauration d’ « une taxe socio-environnementale aux frontières, qui permettra de tenir compte du vrai coût des produits ». Les écologistes vont plus loin dans leurs propositions en prévoyant des « sanctions contraignantes » contre ceux qui tenteraient de se soustraire à la transition écologique.
Benoît Hamon et son parti Génération-s prévoient un mécanisme assez proche du reste de la gauche, mais en introduisant une idée de progressivité « indexée sur le niveau de développement de chaque pays et de ses émissions». Enfin, la liste commune Place publique et Parti socialiste estime que cette taxe devrait permettre de « financer les politiques de transition et d’aide au développement ».
Si le concept de protectionnisme vert fait recette auprès de beaucoup de partis, il demeure répulsif pour d’autres, à l’image des Républicains, qui se sont positionnés pendant toute la dernière mandature européenne en faveur de la très libérale politique commerciale européenne, en votant en faveur des accords de libre-échange.
Pour Les Républicains, le soutien à la taxe carbone européenne n’est pas directement associée à l’idée d’un protectionnisme européen ; mais c’est bien la même idée qui se dessine derrière la proposition 31 de la liste emmenée par François Xavier-Bellamy.
Le parti qui affiche environ 15% des intentions de vote dans les derniers sondages propose d’instaurer une «barrière écologique», grâce à la mise en œuvre de droits de douane anti-pollution sur les produits importés de pays qui ne respectent pas nos normes environnementales ou sociales ». Les recettes issues de cette taxe carbone au frontières qui n’en porte par le nom seraient affectée à au budget européen dédié à la recherche et l’innovation.
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