Les masques offerts par la France à la Chine en février, ne manquent-ils pas, aujourd'hui, à l'Europe ?

Les masques offerts par la France à la Chine en février, ne manquent-ils pas, aujourd'hui, à l'Europe ?

la France avait décidé, le 2 février, de manifester sa solidarité à l’égard du peuple chinois confronté à l’épidémie de Coronavirus. Un Airbus A 380 a donc transporté des équipements médicaux dédiés à la lutte contre le coronavirus destinés aux personnels soignants mobilisés, qui luttent contre l’épidémie de Covid-19.

Ce fret de solidarité de 17 tonnes comprenait notamment des combinaisons médicales de protection, des masques, des gants et des produits désinfectants. Aussi, il a permis d’acheminer des matériels offerts par la Lettonie et l’Estonie.

Aujourd’hui alors que les pays européens se disputent les productions de gants et de masques, alors que les usines tournent 24/24 7/7 pour justement augmenter la production, partout on constate que la pénurie s’intensifie.

Il n’est pas question de remettre en cause le bien fondé de ce don. En Février, les experts français repris en coeur par les ministres, comme la française Agnès Buzyn (désormais candidate à la mairie de Paris) n’avaient pas anticiper la situation actuelle. En effet, le 24 janvier le gouvernement français estimait le risque à quasi nul.

https://www.youtube.com/watch?v=L8EwjYKyEVs

VIDEO MISE EN LIGNE PAR LE MINISTERE DE LA SANTE LE 24 JANVIER 2020 

 

En effet de nombreux scientifiques comme Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS au sein de l’université Aix-Marseille indiquent que « beaucoup de temps a été perdu ». Dans une tribune largement partagée en ligne, ce scientifique émérite explique comment il a découvert le virus du SRAS entre 2002 et 2003, au moment de l’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère, un coronavirus inconnu jusqu’alors. A de nombreuses reprises il a alerté les autorités contre la non préparation de nos Etats en cas de pandémie. Il a aussi alerté l’Union européenne, pour lui l’échelle de réaction doit être celle du continent, cependant cela n’a pas été prévu par les textes qui régissent l’Union européenne.

« Mais on ne peut réduire la question du COVID-19 à un problème juridique, c’est surtout une question politique »,

L’absence de compétences institutionnelles de l’Union européenne a facilité la propagation du virus

En effet, le problème est que l’Union est largement dépourvue de moyens d’action, la santé n’étant, pour l’essentiel, qu’une « compétence d’appui » des États. En clair, elle ne peut agir que si les capitales le lui demandent, ce qu’ils n’ont pas fait jusque-là, et seulement pour les aider. Même en cas d’épidémie transfrontalière, elle ne peut absolument pas décider seule de mesures de protection : le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) n’a ni les pouvoirs, ni les moyens du CDC américain. C’est ce qui explique que la Commission soit restée aussi discrète depuis le début de la crise.

« Mais on ne peut réduire la question du COVID-19 à un problème juridique, c’est surtout une question politique », grince-t-on dans l’entourage du chef de l’État français auprès! de l’AFP : « personne n’en aurait voulu à Ursula von der Leyen, la présidente de l’exécutif européen, si elle avait proposé il y a une semaine un plan d’action ». L’Union étant aux abonnés absents, les États ont réagi en ordre dispersé pour protéger leurs citoyens. Or le coût de la non-coordination est élevé, puisqu’il pousse les pays à la surenchère. Et « plus ils réagissent dans leur coin, plus la coordination devient difficile », souligne un diplomate européen.

Cette crise a fait prendre conscience aux Vingt-sept que, 70 ans après le début de la construction communautaire, il n’y avait aucune possibilité de pilotage européen et bien sûr aucun stock commun de médicaments ou d’équipements de protection… De même, il a fallu cette crise pour qu’ils se rappellent à quel point ils étaient dépendants des pays tiers. Ainsi, 80% des principes actifs des médicaments vendus en Europe et 40% des médicaments finis proviennent de Chine (pour les deux tiers) et d’Inde (pour un tiers). Ces deux pays produisent même 60% du paracétamol mondial, 90% de la pénicilline, 50% de l’ibuprofène… Et 60% de la production mondiale de vaccins (90% pour le vaccin rougeole) est concentré en Inde. Cette mondialisation de la production s’est même accélérée depuis l’épisode du SRAS en 2003 alors qu’il aurait fallu en tirer les leçons… Le ferons nous cette fois en pariant sur la production européenne, sur l’échelon européen pour assurer une protection adaptée aux défis du XXIème ? 

 

 

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