« Français de l’étranger », « expatriés », « émigrés », « évadés fiscaux », « exilés »… Tant de noms entendus en France pour qualifier ces Français qui ont décidé de s’établir à l’étranger. Dans l’hexagone nous les visualisons d’une certaine manière, pas toujours positive je dois le reconnaitre. N’étant pas la porte-parole de tous les Français (que l’univers m’en préserve), je vais ici partager ma propre vision, ma propre expérience.
Il y a un an, lorsque je suis arrivée dans la rédaction de Lesfrancais.press, je n’avais pas spécialement d’avis sur mes concitoyens installés à l’étranger. Si autour de moi, l’idée qu’ils sont des personnes aisées ayant fui la fiscalité française était répandue, je ne partageais pas spécialement cet avis. Je n’en avais pas. Je n’avais, pour tout dire, jamais vraiment pensé à eux.
Bien sûr, je savais qu’il y avait des Français à l’étranger. Mais que ne fut pas ma surprise de constater que nous en comptons environ 3 millions ! C’est en amont de mon premier entretien d’embauche avec mon futur rédacteur en chef, que je me suis penché sur le sujet. Dans mon esprit, j’établis alors trois catégories différentes. Ceux qui lors d’un voyage sont tombés amoureux du pays et décidèrent de s’y installer. Ceux en constante recherche de nouvelles aventures, cultures et sociétés. Souvent fatigués de la France et de nos travers. Puis ceux qui partent pour un temps déterminé, pour un contrat. Evidemment, c’était un constat facile, voire carrément simpliste. Ce fut ma première erreur.
La deuxième, et je l’appris rapidement à mes dépends, fut de tous leur coller l’étiquette « expatrié ». Mot-valise tant employé en France, par méconnaissance pure et simple de la réalité. Lors de ma première semaine, ce fut un élu parlementaire des Français de l’étranger qui me ramena dans le droit chemin. Je me pris un savon – non-méchamment je vous rassure – lorsque je fis la bévue de l’appeler « élu des expatriés ».
Un apprentissage constant
C’était mon cinquième jour de travail et je compris que j’avais beaucoup à apprendre. C’était un euphémisme. Face à la masse d’informations que j’avais à ingurgiter, j’ai cru que mon cerveau allait exploser. Que le message 404 error allait s’afficher. Nous étions en pleines élections consulaires, et je m’arrachais les cheveux à retenir les onze circonscriptions, les rôles, noms et partis politiques des sénateurs, députés, élus consulaires. Quelles sont leurs fonctions, leur rôle. Pourquoi les élus régionaux sont si méconnus ? Qu’est-ce que l’AFE ? A ne surtout pas confondre avec l’AEFE ! Car oui, dans le même temps, je commençais à m’intéresser et à écrire sur le système éducatif à l’étranger. Vaste thème.
A la vue de mon inclination pour les sujets liés à l’éducation, je devins rapidement en charge de la rubrique. Interviews, reportages, articles, voyage de presse au Maroc, en un an j’ai lu, entendu et appris énormément de choses et je me suis éclatée ! Mais avant d’en arriver là, j’ai bien mis six mois pour comprendre ne serait-ce que la partie visible de l’iceberg. Car plus j’en découvrais sur le monde des Français de l’étranger, plus je comprenais que je n’en ferais jamais le tour ! Le système est complexe, car après tout ce n’est pas parce que nous sommes à l’étranger, que les abysses de l’administration française n’ont pas dépassé les frontières. Il y a donc eu des hauts, des bas, des débats même ! Beaucoup de pourparlers et de grèves. Car oui, le caractère militant des Français s’exporte aussi, il ne reste pas bloqué à la douane.
Un inlassable questionnement
Mais au milieu de toute cette actualité chaude, je me suis quotidiennement posé une question : « pourquoi diable n’en entendons-nous pas parler en France ? » Je veux bien que tout cela se passe loin de nous et qu’on se sente détaché, mais tout de même. Honnêtement, je ne savais même pas qu’il y avait un ministre et des parlementaires pour les Français de l’étranger… Je me suis sentie bien bête. A ce propos, pourquoi ce ministre a plusieurs portefeuilles à la fois ? Les Français de l’étranger, ne méritent-ils pas une personne qui leur consacre entièrement son temps de travail ? Surtout avec tout ce qu’il s’est passé ces deux dernières années ? Bref, des questions lancées à l’univers, qui resteront sûrement en suspens.
Aujourd’hui, mon contrat avec la rédaction prend fin et je tente de tirer le bilan de cette aventure. Un voyage long et riche m’ayant permis d’ouvrir mon esprit, ma façon d’appréhender les Français de manière générale. Si je me lance sur mon impression vis-à-vis de mes concitoyens à l’étranger, mon flot de paroles sera intarissable. Je ne dirai donc qu’une chose : les Français de l’étranger sont et restent des Français, avec leurs qualités et imperfections comme tout un chacun. Cependant, ils ont une façon d’aborder le monde et les questions sociales et environnementales bien différente de la plupart des Français dans l’hexagone. Vivant dans des pays aux cultures et aux politiques dissemblables de la nôtre, ils font parfois face à certains dérèglements depuis déjà des années. Ils peuvent apporter une voix particulièrement intéressante dans le débat public et dans l’évolution de notre pays pour le meilleur. Il serait donc temps de les entendre et surtout de les écouter.
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