Les élections consulaires auront lieu les 16 et 17 mai prochains. Le vote électronique est à cet égard confirmé. Son usage, qui se fera sous contrôle, sera combiné avec le vote papier. Les 2 millions de Français de l’étranger inscrits sur les listes consulaires pourront ainsi choisir. Une manière, jugée idéale, pour permettre en particulier aux plus âgés qui ne sont pas toujours à l’aise avec les outils informatiques de se déplacer tout en permettant aux autres, à travers quelques clics et alors qu’ils sont parfois très éloignés des bureaux de vote, de faire leur devoir citoyen.
L’Assemblée des Français de l’étranger compte 90 membres. Dans sa composition actuelle, 29 sièges sont revendiqués par l’association Français du monde, écologie et solidarité à gauche, 33 par l’alliance de la droite, du centre et des indépendants, 10 sièges par le groupe « conseillers indépendants et libres », les autres étant non-inscrits.
Une évolution fondamentale du paysage politique
Depuis 2014, le paysage politique français a été transformé. 66% des Français ont voté pour Emmanuel Macron au deuxième tour, 77% chez les Français de l’étranger. 10 députés sur 11 des Français de l’étranger ont été élus sur des listes de la majorité présidentielle, et il ne fait nul doute que cette dernière porte de grands espoirs pour les municipales en mars mais également les consulaires en mai.
Les élus consulaires auront notamment comme fonction d’être grands électeurs pour la moitié des 12 sénateurs des Français de l’étranger durant l’automne prochain. La Haute-Assemblée, dominée par la droite et avec par ailleurs un groupe socialiste important et un groupe présidentiel faible, pourrait, par effet domino, elle aussi évoluer.
Pour autant, les choses sont loin d’être inscrites dans le marbre et le contexte local pèse énormément. Les élections consulaires partielles à Shanghai en 2018 ont montré la victoire d’associations locales, loin des partis traditionnels et de LREM.
L’UFE et l’ADFE, deux associations traditionnelles des Français de l’étranger
Il est souvent rappelé que les élus consulaires sont un peu aux Français de l’étranger ce que sont les élus locaux. Le rapport de proximité est par conséquent essentiel. Si deux associations reconnues d’utilité publique marquent depuis longtemps la vie des Français de l’étranger, l’UFE sur le côté droit et l’ADFE à gauche, la recomposition politique est cependant en route également chez les expatriés.
Shanghai l’a montré : les Français de l’étranger sont moins attachés à l’engagement partisan qu’à l’engagement local. A ce jeu, les associations de proximité, et elles sont nombreuses représentant les Bretons, les Savoyards, les Gascons, les Alsaciens, … peuvent tirer leur épingle du jeu. Certaines de ces associations comptent des centaines de membres, souvent infiniment plus que les antennes locales des partis politiques français. Elles organisent également régulièrement des évenements comme le Beaujolais nouveau et la galette des rois qui mobilisent massivement. En Belgique seule, il existe de très nombreuses associations de Français expatriés comme l’Union des Français de Belgique, l’entraide française, des associations représentant les anciens du lycée français, les fonctionnaires français de la Commission européenne … Au Royaume-Uni plusieurs conseillers consulaires sont déjà à présent élus via des listes associatives, il en est de même en Asie.
Cette situation est liée à un paradoxe: les partis politiques français ne sont pas vraiment connectés au quotidien avec les réalités des Français de l’étranger. Le débat sur la fiscalité des non-résident en est un exemple en ce qui concerne la majorité présidentielle. Pour autant, ce « vivier » de voix les intéresse forcément. Ils cherchent ainsi à mobiliser mais souvent sans vraiment y parvenir. Et les Français de l’étranger peuvent avoir tendance à se tourner vers ceux qu’ils connaissent le mieux: l’association représentant leur région d’origine, celle de leurs hobbies, celle qui regroupe leurs anciens camarades…
L’UFE elle même, l’a annoncé via son président François Barry Delongchaps: » les membres seront libres de s’engager à titre personnel, dans le cadre de leur choix, sans cacher pour autant leur appartenance à l’UFE ». Une double obédience donc, assumée, mais pour autant revendiquée?
Reste à savoir si ce sera le cas lors du scrutin de mai.
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