Le risque de « No deal » demeure très présent selon Jean-Claude Juncker

Le risque d’un Brexit sans accord demeure « tout à fait réel » selon Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission se dit prêt à travailler avec acharnement pour trouver une solution.

Les députés européens ont appuyé une résolution demandant d’accorder une nouvelle extension au Royaume-Uni, après le 31 octobre, afin que Londres dispose de davantage de temps pour accepter les termes de son retrait.

La résolution, qui a été adoptée à une large majorité de 544 voix contre 126, démontre que les eurodéputés sont favorables à une extension, bien que le président du Parlement, David Sassoli, ait déclaré qu’un tel cas de figure n’était envisageable que si le Royaume-Uni organisait une élection ou un référendum.

Cela montre aussi qu’une sortie sans accord relèverait de la seule responsabilité du Royaume-Uni, ce qui peut être interprété comme une réponse aux critiques des politiciens britanniques, qui ont accusé l’UE d’être intransigeante et peu encline au compromis dans le cadre des négociations.

Devant le Parlement européen, Jean-Claude Juncker a souligné que Boris Johnson, le Premier ministre britannique, lui avait dit durant leur déjeuner du 16 septembre que Londres souhaitait toujours un accord de transition, mais qu’elle quitterait le giron européen avec ou sans un tel accord le 31 octobre.

Jean-Claude Juncker a déclaré le 17 septembre à son collège de commissaires que c’est à l’occasion de ce déjeuner que Boris Johnson a pour la première fois « compris l’importance du marché unique».

« Il reste très peu de temps… Le risque d’une sortie sans accord est tout à fait réelle », a souligné Jean-Claude Juncker, ajoutant qu’il croit toujours en la possibilité de l’éviter.

« Notre unité est notre plus grand atout, elle nous permettra de mener à bien les débats de la semaine prochaine et continuera de définir cet hémicycle à l’avenir », a-t-il déclaré aux eurodéputés.

« Je ne suis pas émotionnellement attaché au backstop irlandais », a ajouté le président de la Commision. « J’ai demandé au Premier ministre de proposer des alternatives par écrit », a-t-il dit, décrivant le dispositif comme un « filet de sécurité » pour éviter la division de l’Irlande après le Brexit.

Jean-Claude Juncker a répété ses précédentes déclarations, soulignant que Londres devait présenter des propositions réalistes pour remplacer la solution du filet de sécurité figurant dans l’accord de divorce entre le Royaume-Uni et l’UE. Tant que cela n’a pas lieu, « il n’y aura pas de véritable progrès ».

Faisant écho à ces propos pessimistes, Tytti Tuppurainen, le ministre finlandais des Affaires européennes dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’UE, a déclaré pour sa part qu’un Brexit sans accord constituait « une issue très probable ».

Leurs propos ont été appuyés par ceux de Michel Barnier. Le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit a souligné qu’une sortie sans accord laisserait de nombreuses questions en suspens concernant les droits des citoyens européens, la frontière irlandaise et les obligations britanniques dans le cadre du budget européen à long-terme.

« Nous ne devrions pas perdre de temps à faire semblant de négocier », a-t-il déclaré, expliquant aux eurodéputés que la semaine dernière encore, le gouvernement britannique n’avait fait qu’exprimer ses griefs à l’encontre du backstop irlandais, plutôt que de proposer des alternatives pratiques.

« Nous ne voulons pas revenir à une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, nous voulons protéger la totalité des dispositions de l’accord du Vendredi saint et nous voulons protéger l’intégrité de notre marché unique. »

« Si le Royaume-Uni quitte l’UE sans accord, ces questions ne vont pas disparaître, elles seront toujours là et devront être réglées avant qu’une nouvelle relation avec le Royaume-Uni puisse être établie », a poursuivi Michel Barnier devant les parlementaires européens.

Dans le débat qui a suivi, les eurodéputés semblaient accueillir avec lassitude la perspective d’une sortie britannique sans accord.

En dépit des nombreux sièges vides dans l’hémicycle, les eurodéputés favorables au Brexit étaient venus en force et applaudissaient chaque évocation de la sortie britannique.

Le négociateur du Parlement européen sur le Brexit, Guy Verhofstadt, a déclaré que le backstop ou toute autre forme de « filet de sécurité » serait exigée par les eurodéputés afin d’éviter une résurgence de la violence à la frontière irlandaise.

« Il n’y a pas eu une seule alternative juridiquement réalisable proposée par le gouvernement britannique », a-t-il déclaré aux eurodéputés.

Guy Verhofstadt et d’autres parlementaires européens ont également évoqué les risques concernant le statut légal des citoyens de l’UE après le Brexit, appelant des autorités britanniques à enregistrer automatiquement les citoyens européens. Près de trois millions de citoyens de l’UE sont encore en attente de savoir s’ils obtiendront un statut confirmé au Royaume-Uni.

« Pour l’heure, il n’est pas question du Royaume-Uni qui quitte l’UE, mais des emplois et des entreprises qui quittent le Royaume-Uni, a déclaré Manfred Weber, le chef du PPE en guise de raillerie à l’égard des pro-Brexit.

Les leaders européens se réuniront à nouveau à Bruxelles les 16 et 17 octobre pour le prochain Conseil européen, qui constituera la dernière opportunité pour Londres d’obtenir un accord avant une sortie de l’UE le 31 octobre.

Le Parlement européen doit approuver tout accord sur le Brexit conclu entre l’UE et le Royaume-Uni pour qu’il entre en vigueur.

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