Le nomadisme numérique en couple : mission possible ?

Le nomadisme numérique en couple : mission possible ?

Et si le nomadisme numérique était plus facile en couple ? Pour Myriam et son mari Thibaut, partis vivre en Afrique du sud il y a quelques mois, la réponse ne semble pas faire de doute.

Tout débute par un tour du monde

Peu de temps avant la crise du Covid-19, Myriam et son mari Thibaut avaient fait le projet de réaliser un tour du monde, accompagnés de leur fils Ruben. « Notre fils était en moyenne section de maternelle, c’était le bon timing pour nous, on était tous les deux en freelance, et pour mon mi-temps salarié, j’avais négocié un congé sans solde. Au départ, on envisageait d’aller vers l’Asie et l’Australie. La crise du Covid est arrivée, et on a décidé de partir quand même ». Face aux nombreuses restrictions sanitaires, ils vont finalement mettre le cap sur Tahiti, « un des seuls pays ouverts à l’époque ». En fonction des frontières ouvertes dans tel ou tel pays, ils vont voyager régulièrement, et notamment en Afrique du sud, où ils séjournent une semaine.

De l'indépendance au nomadisme

En 2021, c’est le retour à Bordeaux, où ils habitaient avant leur départ. Mais très vite, le couple constate que leur expérience de tour du monde leur a donné des « fourmis dans les pattes ». Ils restent tout de même deux ans en France, le temps de mûrir leur projet. Ce dernier va se porter sur l’Afrique du sud, et particulièrement sur la ville du Cap. Parmi les avantages de celle-ci, il y a notamment l’absence de décalage horaire avec la France, qui les aidera à garder leurs clients à distance. Après avoir patienté pendant près d’un an pour obtenir leur visa, ils emménagent en décembre dernier. L’Afrique du sud n’ayant pour le moment pas créé de visa dédié aux nomades numériques, comme l’ont fait de nombreux pays. Aussi, c’est avec le « retired person’s visa », que la petite famille va rejoindre la nation arc-en-ciel. La principale obligation de ce visa ? C’est celle d’attester de revenus suffisants pour pouvoir subvenir à ses besoins. Par contre, ce visa n’autorise pas à travailler dans le pays. 

Une bonne connexion comme outil de travail

Myriam est journaliste et son mari graphiste : des activités qui se prêtent particulièrement au nomadisme numérique. Par ailleurs, leur statut d’emploi indépendant leur laisse une totale liberté d’organisation, explique Myriam : « dans nos métiers, nous sommes assez libres sur les horaires. Nous avons bien sûr des dates de rendu, mais après, nous organisons notre emploi du temps comme on veut, donc c’est idéal. »

Aussi, quand elle évalue rétrospectivement l’évolution de leur manière de travailler, elle se rappelle qu’avant ce tour du monde en guise d’initiation, les habitudes de leur univers professionnel étaient tout autres. Ainsi, son mari ayant tous ses clients à Paris, il devait s’y rendre « une fois par mois pour des réunions ». Avec le « choc culturel » qu’a entraîné la crise du Covid en matière de télétravail, elle se félicite que ce dernier soit davantage rentré dans les mœurs : « les interviews on les fait à distance, en zoom, enfin n’importe où, tant qu’il y a une bonne connexion internet, et pour mon mari, c’est pareil. Quand on faisait le tour du monde, la première chose qu’on demandait en arrivant à l’hôtel, c’était le code Wi-Fi.. »

En conformité avec leur titre de séjour, Myriam et son mari travaillent seulement pour des clients français. Mais aujourd’hui, ils envisagent de demander la résidence dans le pays, pour « à terme, être comme des résidents sud-africains, c’est-à-dire pouvoir travailler et acheter ici ». Néanmoins, son mari a commencé à développer des collaborations locales, grâce à un espace de coworking où il a commencé à se créer un réseau, où il fait travailler des prestataires locaux. 

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Du nomadisme à l'installation ?

Si ce que l’on met derrière l’expression de « nomadisme numérique » a tendance à varier selon les interlocuteurs, nos captoniens d’adoption deviendront peut-être bientôt de véritables expatriés. Mais peut-être que le nomadisme, c’est d’abord une aspiration au voyage, pour laquelle le Cap semble être devenue une nouvelle base de départ : « le visa de retired, il est de 4 ans, donc nous on se voit ici pendant 4 ans et après on a les deux mois d’été où l’école est fermée, où là on repartira un peu en nomadisme. On le fait aussi pendant d’autres vacances, mais en juillet et août, c’est là où on repart un petit peu profiter de ce qu’il y a autour. On imagine partir à L’île Maurice, à la Réunion, à côté il y a le Botswana, la Namibie, voilà, donc en fait explorer les autres territoires autour pendant les quatre ans qu’on a ». Un nomadisme à durée déterminée ? Ou peut-être juste un « virus » du voyage que le couple a depuis longtemps, et qui implique d’emmener son ordinateur avec soi, le couple ne pouvant se permettre d’ « d’être en congé plus de 15 jours d’affilée ». 

Et le couple dans tout ça ?

Et si la vision du nomadisme numérique dépendait aussi des étapes dans lesquelles on se trouve dans sa vie ? Âgé de 30 ans, Antoine BM est un entrepreneur à succès, qui exerce entièrement son activité dans le domaine numérique. Formateur en ligne sur le marketing et le développement personnel, il avait consacré une vidéo à ce sujet, il y a quelques années. S’il se défend de donner des conseils pour les couples, il évoque un éventail de possibilités, quand son partenaire n’est pas lui aussi nomade numérique. Par exemple, en partant en solitaire pour quelques mois pour mieux revenir, ou encore « une option plus radicale » : celle « d’exclure les relations durables ». Et cite Steve Jobs, qui aurait conseillé d’ « écouter son cœur », qui « lui seul sait ce que tu veux vraiment ». Pourquoi pas.

Pour Myriam et Thibaut, les premiers mois de vie au Cap ont été une épreuve pour leur couple. Se retrouvant du jour au lendemain sans relations sociales à leur arrivée, ils se sont un peu retrouvés en « vase clos », estime Myriam. Il y avait aussi bien sûr « la barrière de la langue », pour son mari qui ne parlait pas bien anglais, et s’est retrouvé quelque peu « dépendant ». 

Aujourd’hui, elle considère que leur couple en est ressorti renforcé. À croire qu’à être bousculés par le nomadisme numérique, les liens d’interdépendance d’un couple ressortent parfois renforcés.

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1 Comments

  1. Article interessant mais un point n’est pas évoqué concernant la vie de ces nomades numériques. Comment gèrent-t-ils leur protection sociale ? Que se passe-t-il s’ils sont malades, doivent aller chez le dentiste, font une mauvaise chute ou ont une entorse, doivent changer de lunettes, etc. ? Cela pourrait-il faire l’objet d’un article additionnel ? Merci.

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