L’avenir passe-t-il par l’investissement public ?

L’avenir passe-t-il par l’investissement public ?

L’idée d’une relance de la dépense publique par l’engagement d’un programme d’investissement public revient régulièrement au cœur du débat. La baisse des taux d’intérêt justifierait une telle opération. Cette dernière ne pourrait se justifier que s’il y avait une panne de la demande et en particulier de l’investissement privé ou si la réalisation d’investissements publics augmentait la croissance potentielle des économies. Les dépenses publiques en faveur des industries du futur, de la transition énergétique, de l’éducation ou de la formation pourraient entrer dans ce champ.

L’engagement d’un programme de dépenses publiques est rendu d’autant plus possible que les taux d’intérêt réels à 10 ans n’ont jamais été aussi bas. Ils sont désormais inférieurs à un point quand ils dépassaient quatre points en 2009. La solvabilité des États est améliorée par la baisse des taux malgré un endettement public plus élevé grâce à la baisse des taux d’intérêt. Depuis une vingtaine d’années, l’investissement public baisse mais de manière faible. Pour la zone euro, il est passé de 3,5 à 2,8% du PIB de 1999 à 2018. Le déficit public de la zone euro est désormais inférieur à 1% du PIB après avoir dépassé 6% entre 2008 et 2010. La dette publique reste en revanche vingt points au-dessus de son niveau d’avant crise (85% du PIB contre 65%) quand dans le même temps, le poids des intérêts liés à la dette publique est passé de 5,5 à 2,5% du PIB de 1999 à 2018.

Le recours à l’emprunt public peut se justifier en cas de défaillance de l’investissement privé et son absence de rentabilité. Il se justifie également en cas de possibilités d’externalités importantes. Au sein de la zone euro, l’investissement privé est plutôt en hausse, aidé en cela par la baisse des taux. Il n’y a donc pas de réel déficit en la matière. Le ratio des profits après taxes et avant intérêts et dividendes par rapport à la valeur du capital qui permet de mesurer la rentabilité de ce dernier, est stable sur longue période. Il est de 5,8% pour l’ensemble de la zone euro. Le choix des investissements publics apparaît justifié dans la mesure où leurs externalités (gains que ces investissements procurent à l’ensemble de l’économie) peuvent être élevées. Il en est ainsi pour ceux concernant l’énergie et notamment la limitation des émissions de CO2 (investissements dans les énergies renouvelables, isolation de l’habitat ancien).

La formation constitue l’autre domaine à fortes externalités. Les mutations liées au digital et aux modes de transports imposent d’importantes reconversions professionnelles. en outre, des efforts doivent être entrepris pour garantir le niveau des élèves compte tenu de l’élévation du niveau moyen des connaissances et des compétences à l’échelle internationale. Selon Eurostat, les emplois industriels au sein de la zone euro ont diminué de 12% depuis 1999 quand ceux des services ont progressé de 22%.

Pour le moment, les réponses des États européens restent assez modestes. Malgré les menaces de récession, d’importants excédents budgétaires (45 milliards d’euros en 2019) et une dette publique ramenée à 60% du PIB, l’Allemagne hésite à s’engager dans un programme de relance. Pour le moment, il n’y a pas, outre-Rhin, de réel consensus sur le sujet. Le budget pour 2020 prévoit déjà une majoration de 1% du PIB des dépenses publiques. La Chancelière Angela Merkel a indiqué qu’il n’y avait pas lieu d’aller au-delà. Aux Pays-Bas, le Gouvernement a prévu d’emprunter 50 milliards d’euros pour réaliser des dépenses d’investissement en infrastructures ou en formation.

La France a du fait de la crise des « gilets jaunes » consacré 17 milliards d’euros à des dépenses de nature sociale. Les contraintes budgétaires ont également conduit les collectivités territoriales – qui assurent l’essentiel de l’investissement public en France – à limiter leurs dépenses d’investissement. L’Italie est aujourd’hui dans l’incapacité financière et politique d’assurer un plan de relance. Au niveau communautaire, l’idée d’Emmanuel Macron d’un budget de la zone euro pourrait voir le jour en 2021 mais son montant sera limité, moins de 20 milliards d’euros sur sept ans.

 

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