La majorité présidentielle échoue à obtenir la présidence de la CFE

La majorité présidentielle échoue à obtenir la présidence de la CFE

La présidence de la Caisse des Français de l’étranger (CFE), l’organisme de Sécurité sociale des Français de l’étranger a été renouvelée ce 11 avril 2022. Pour succéder à Alain-Pierre Mignon (LR), c’est Isabelle Frej qui a été élue. Cette conseillère consulaire du Maroc a bénéficié d’un accord entre les opposants à Emmanuel Macron.

Une alliance PS/ LR

Le Parti Socialiste et Les Républicains se dont donc alliés pour remporter la présidence. Largement battus aux élections consulaires de 2021, ces deux partis ont décidé de faire bloc pour s’opposer au candidat du groupe des Indépendants, progressistes et démocratiques, dirigé par Thierry Masson (élu en Belgique sous l’étiquette LREM) et ont ainsi évincé les ambitions de la majorité présidentielle.

Ancré dans la tradition, le conseil d’administration n’a pas osé sortir du cadre historique qui instaure depuis des décennies la cogestion de l’organisme entre les deux partis. Ainsi le conseil d’administration de la CFE, réuni lundi 11 avril, a voté à 11 voix contre 10 en faveur de l’alliance PS-LR.

C’est donc Isabelle Frej, conseillère des Français de l’étranger à Rabat (Maroc) qui emporte la présidence contre Nadine Fouques-Weiss présentée par LREM. Ce résultat est un camouflet pour le parti présidentiel et le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne. Ce dernier avait tenté en fin de semaine dernière d’attirer des voix de droite (son ancienne famille politique) vers la majorité. C’était sans compter sur le sénateur et patron de la fédération LR des Français de l’étranger Ronan Le Gleut, qui, présent ce 11 avril, a su éloigner ses troupes de la tentation LREM et ce malgré les résultats de Valérie Pécresse lors du premier tour de la présidentielle.

Isabelle Frej

La conseillère consulaire pour Rabat, Isabelle Frej, a été réélue sur une liste socialiste en 2021. Elle occupait, dejà, la fonction d’administratrice au sein du conseil de la CFE sous le mandat d’Alain-Pierre Mignon (LR), elle connait donc bien la maison. Elle est aussi, au civil, responsable du pôle ressources humaines du Lycée Français Descartes de la capitale marocaine.

Isabelle Frej

Membre de l’ADFE (association citoyenne d’expatriés plutôt classée à gauche), elle est impliquée bénévolement dans la vie de ses concitoyens depuis de nombreuses années. Proche des expatriés comme des fonctionnaires détachés grâce à son poste au coeur du Lycée français, elle maîtrise parfaitement les rouages de la machine CFE.

Nous lui avons proposé un podcast pour connaitre ses ambitions pour la sécurité sociale des Français établis hors de France, nous attendons sa réponse. Après un changement de grille de remboursements accompagné d’une refonte du dispositif de cotisations, la Caisse des Français de l’étranger est en pleine mutation, ce qui a désorienté plus d’un de ses affiliés.

Les défis de la CFE pour ces 5 ans

Confrontée à une stagnation voire à une baisse de ses effectifs, la CFE a donc profondément modifié sa grille tarifaire. Animée par la volonté de simplifier et de rendre plus transparents les tarifs, l’ancienne présidence avait fait le pari de déconnecter les revenus des tarifs. Une solution qui a le mérite de rendre plus lisibles ces derniers et de faciliter la collecte des cotisations. Mais elle a eu comme effet de ne plus rendre accessible aux plus faibles revenus la Caisse des Français de l’étranger.

Cette mutation s’est accompagnée d’une modification des modalités de remboursements qui n’a pas plu aux assurés historiques. Problème de couverture des ayant-droits, prise en charge fortement limitée dans les pays où la santé est onéreuse comme aux USA, la CFE est confrontée depuis plusieurs mois à une fronde qu’on retrouve sur les réseaux sociaux.

Le handicap semble aussi avoir été négligé lors de la refonte, même si depuis des ajustements ont été apportés. Mais il n’y a pas que des éléments négatifs. Sous l’égide d’Eric Pavy, le directeur général, la réorganisation en interne a été menée tambour battant, ce qui a eu des effets positifs, comme une meilleure accessibilité des services (qui disposeront désormais de guichets à Paris) et une nette diminution des délais de remboursement qui sont désormais inférieurs à 5 jours ouvrés.

Il reste cependant beaucoup à faire pour retrouver la confiance des Français établis hors de France qui sont aujourd’hui majoritairement assurés auprès d’autres compagnies.

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