Vous êtes nombreux à participer à nos consultations, réaffirmant votre attachement à la France et à son destin. Pourtant la campagne présidentielle a laissé peu de place aux sujets liés aux Français établis hors de France, même si pour la première fois des candidats ou des porte-paroles nationaux ont accepté de participer à nos interviews exclusives. En effet, cette année, les déplacements hors de France ont été, le plus souvent, non programmés voire annulés. La Covid, mais aussi la crise en Ukraine et la déclaration tardive du Président de la République, ont ainsi parasité la campagne.
Et pourtant, si les Français établis hors de France n’étaient que 385 000 en 2002, ils sont passés à 1,268 million en 2017 et sont aujourd’hui, selon les chiffres du 1er janvier dernier, 1,614 million d’expatriés inscrits sur les listes consulaires. Un vote qui peut donc jouer lors d’une élection serrée.
« Dans un second tour, cela peut faire la différence »
Roland Lescure, député LREM de la circonscription d’Amérique du Nord au journal Le Parisien
Rappelez vous en 2017, les expatriés avaient très largement voté pour Emmanuel Macron (40,4 % au premier tour, contre 24,1 % pour l’ensemble des Français), devant François Fillon (26,3 %) et Jean-Luc Mélenchon (15,8 %). Les votes des expatriés avaient ainsi permis à Emmanuel Macron d’être au second tour. Au final, 93 % des expatriés ont choisi le jeune candidat conte 66,10 % pour l’ensemble des Français.
Environnement, protection sociale et éducation
Si 90% des expatriés sont satisfaits de vivre à l’étranger, ils s’intéressent tout de même à l’élection présidentielle de 2022. Selon la troisième édition de l’Observatoire de l’expatriation, publiée mardi 15 février par OpinionWay pour le compte de la Banque Transatlantique et de l’Union des Français de l’étranger, 78% des expatriés sont intéressés par la campagne. Ils sont même 84% à dire qu’ils iront voter. Une part qui grimpe à 88% chez les moins de 35 ans. Des moyennes largement supérieures à la moyenne nationale.
Dans la même étudie, les expatriés se déclarent particulièrement attentifs à trois enjeux : l’environnement (58%), la protection sociale (54%) et l’éducation et la formation (49%).
De manière générale, les Français expatriés aimeraient que leurs préoccupations soient davantage prises en compte par les candidats à la présidentielle. Pour preuve : 86% des sondés ont le sentiment que leur situation n’est pas assez abordée dans les programmes. La protection sociale fait partie des points qui les préoccupent. Ainsi, 52% d’entre eux attendent que les candidats évoquent les droits à la retraite (52%) et la couverture santé (40%). Ils sont aussi très attentifs au fait que le soutien de la France, lors des crises économiques et sanitaires, reste aussi une priorité.
Des propositions peu nombreuses
Ces thèmes ont été retransmis par les équipes dédiées aux Français établis hors de France des partis politiques et on retrouve donc ainsi des propositions adaptées dans certains programmes alors que d’autres font simplement l’impasse.
Emmanuel Macron
Du coté d’Emmanuel Macron, le programme sera connu en début de semaine, nous recevrons Samantha Cazebonne, ancienne députée des Français de la péninsule ibérique et de Monaco, actuelle sénatrice des Français de l’étranger et en charge de la campagne chez les Français établis hors de France. Elle nous promet des projets en adéquation avec les écueils rencontrés au cours des 5 dernières années. Spécialisée dans l’éducation, on s’attend à des mesures fortes. Le programme devrait, aussi, répondre à ceux qui ont été marqués par les motifs impérieux sans oublier les volets fiscaux (après la réforme avortée de 2019/2020) et sociaux.
Valérie Pécresse
Les Républicains disposent de nombreux élus chez les expatriés et ont une longue histoire avec eux. Logiquement, c’est dans leur programme, qu’on retrouve pour l’instant, le plus de mesures en faveur des Français établis hors de France. Réforme des bourses scolaires, création d’un statut de résidence d’attache (pour un bien détenu en France et qui aurai les même avantages qu’une résidence principale), mise en place d’un fonds pérenne de solidarité, accompagnement au départ comme au retour, le sénateur Ronan Le Gleut a construit pour la candidate un programme complet.
Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon n’aborde l’expatriation quasiment qu’avec le volet fiscal. Le leader de la France insoumise espère toujours mettre en place un impôt universel pour les entreprises et les citoyens français. Concrètement, sous le modèle américain (comme quoi l’inspiration peut venir de partout), Jean-Luc Mélenchon veut pouvoir imposer selon les normes françaises tous les revenus des expatriés où qu’ils aient été générés. Si les USA sont arrivés à imposer cette norme, en dépit des conventions fiscales qui régissent normalement ces situations, il n’est pas évident que la France puisse le faire. Cette mesure s’inscrirait dans une série de dispositions pour lutter contre la fraude fiscale en France.
Autre point du programme qui touche les Français établis hors de France, le renforcement des Alliances françaises et des Instituts français, une bonne nouvelle, alors que le mandat d’Emmanuel Macron aura été marqué par des fermetures en série de ces outils du rayonnement français.
Anne Hidalgo
Chez les socialistes, le programme consacre 1 point aux expatriés, le numéro 68. Anne Hidalgo, bi-nationale espagnole, veut revenir sur les coupes budgétaires qui ont frappé l’administration consulaire. Et ce alors que la directrice de ladite administration, Laurence Haguenauer, lors d’un déjeuner pendant la dernière session de l’Assemblée des Français de l’étranger (du 14 au 17 mars 2022), alertait les élus consulaires sur la mouture 2023 de la Loi de finances que prépare déjà le gouvernement d’Emmanuel Macron.
La candidate socialiste veut aussi revenir sur les barèmes des bourses scolaires et développer les accompagnements au départ comme au retour.
Eric Zemmour
La candidature surprise, qui a bien bouleversé l’échiquier politique français, preuve de sa fragilité actuelle, d’Eric Zemmour, a fait mouche chez de nombreux expatriés. Reconquête, son parti, affirme avoir plus de 7500 militants dont une partie très audible hors d’Europe, avec plus de la moitié des sympathisants mais aussi un succès inattendu au cœur de l’Union européenne avec plus de 1200 inscrits au Bénélux.
Et pourtant, l’expatriation est un peu une « terra incognita » pour les soutiens d’Eric Zemmour. Lors d’une réunion publique à Bruxelles, Nicolas Bay comme Jean-Frédéric Poisson découvraient que les Lycées français étaient payants pour les nationaux. Ils s’en sont bien évidemment offusqués et on promit d’y remédier. Mais connaissent-ils vraiment les coûts et les implications ?
Marine Le Pen
Du côté du Rassemblement national, c’est l’incompréhension ! Alors que le parti de Marine Le Pen n’a jamais vraiment réussi à s’implanter malgré l’élection de 3 conseillers consulaires en mai 2021 (Portugal, Russie, Thaïlande), les responsables des expatriés restent dubitatifs face au succès d’Eric Zemmour.
Pourtant dans son programme, Marine Le Pen promet de renforcer les Lycées Français dans le monde en augmentant leur budget sans pour autant promettre la gratuité aux jeunes expatriés. Elle veut aussi venir au chevet des outils de rayonnement français comme les Alliances et Instituts français. Enfin, elle désire aussi mettre en place une imposition universelle, mais uniquement pour les entreprises.
La partie n’est pas finie
Pendant les 15 jours qui nous séparent du premier tour, nous recevrons les porte-paroles ou les candidats de 3 mouvements, LREM, RN et LFI. L’occasion pour eux de nous, vous, expliquer leurs programmes et leurs ambitions pour la France et ses citoyens du bout du monde.
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